La commune de Brive-la-Gaillarde, en Corrèze célébrait, ce jeudi 15 août, le 80ᵉ anniversaire de sa libération par la résistance. Première de France libérée par ses propres moyens, des cérémonies ont permis de rendre hommage au dernier survivant de ces combattants résistants, René Dubois. Âgé de 99 ans, il avait participé à la capitulation de la garnison allemande.
À 99 ans, René Dubois est le dernier survivant des combattants résistants qui ont poussé la garnison allemande, installée à Brive-la-Gaillarde, en Corrèze, à une reddition. Ce jeudi 15 août, les cérémonies de commémoration de la cité corrézienne ont rendu un hommage appuyé au centenaire. Une occasion également de revivre, au travers de sa mémoire, cet épisode historique.
France 3 : Comment vous vivez ces commémorations ?
René Dubois : Ça me touche beaucoup, surtout la reconnaissance de la ville de Brive.
Quel était votre rôle ce 15 août 1944 ?
Il y avait quatre bataillons de l'armée secrète, l'as de trèfle, l'as de pique, l'as de carreaux et l'as de cœur, répartis autour de Brive. Nous sommes partis d'Uzerche et nous avons attaqué par la route d'Objat. On devait neutraliser un blockhaus qui était à l’entrée de Brive, près du pont de la Bouvie. C'était dans la nuit du 14 au 15 août. À l'époque, sur la route d'Objat, il n'y avait presque aucune construction.
Qu'ont fait les Allemands ?
Nous ne sommes rentrés dans Brive que le lendemain parce qu’on avait peur d’un retour des Allemands de Limoges qui reviendraient attaquer. Nous sommes donc restés en position le 16 août, à l’entrée de Brive vers le pont de la Bouvie. Mon plus grand regret, c'est de ne pas avoir su me servir d'un canon anti-aérien que nous avions pris aux Allemands. Parce que moi, j'ai vu arriver l’avion qui est venu du sud. Je l’ai vu le Junkers. J’ai vu tomber la bombe. J'ai vu l'avion qui est passé au-dessus de nous, mais je ne savais pas me servir du canon anti-aérien. Autrement j'y aurais fait sa fête.
Vous avez été surpris que les Allemands capitulent ?
On s’en doutait, mais tant que ça n'avait pas été signé, on restait sur nos gardes. Je pense que le fait d’avoir anéanti le blocus là-bas, ça leur a fichu la trouille. Il y avait trois allemands dans le blockhaus. Un copain en rampant a réussi à arriver assez près et à tirer. J’ai récupéré le casque d'un des allemands avec un trou dedans. Deux ont été tués et le troisième a levé les bras.
Vous vous considérez comme un héros ?
Non, on était jeunes, on avait souffert sur l’Occupation. C’était une façon pour nous de nous révolter. C’était tout à fait naturel. Nous sommes partis à sept, et nous avons continué jusqu’au bout, tous les sept. Après, on a intégré la première armée, c’était un combat différent.