Une campagne de financement participatif à hauteur de 25.000€ a été lancée mercredi 17 octobre 2018. L’objectif : racheter le "Magasin général" de Tarnac (Corrèze). L’épicerie-bar rurale est un lieu géré par un collectif, dont certains militants avaient été impliqués dans "l’affaire Tarnac".
L'histoire commence en 2005, lorsqu'une bande d'amis, une dizaine de personnes, achète une ferme à Tarnac. Parmi ce groupe plutôt proche des mouvances anarchistes et anticapitalistes, se trouvent Julien Coupat et Benjamin Rosoux.
En 2007, une partie de ces personnes dont Benjamin Rosoux et quelques autres, reprenait le "Magasin Général" du village.
L’établissement est une sorte d’épicerie-bar située à Tarnac, un village de la Corrèze d’un peu plus de 300 habitants, sur le plateau des Millevaches.
La trentaine de personnes qui gère désormais cet espace a lancé, le 17 octobre 2018, une collecte sur la plateforme de financement participatif Ulule. Le collectif s’est donné 45 jours pour récolter 25.000€.
Deux jours après le lancement de la collecte, le groupe avait récolté près de 2400€.
Cette première levée ne représente qu’une partie du prix total de la propriété, qui s’élève à 135.000€, selon un membre du collectif.
Propriété collective
Plus qu’une épicerie, le magasin fait aussi office de bibliothèque, de bar, de cantine, de salle de jeux pour enfants et de bureaux associatifs. Équipé d'un camion, le Magasin fourni également plusieurs hameaux éloignés.
Depuis une dizaine d’année, les locaux étaient loués à une famille corrézienne. Une Société civile immobilière (SCI) appelé "Le Club communal" a été créée par le collectif du Magasin Général. Ce statut permet à un groupement de personnes de déclarer une propriété collective.
L’histoire du Magasin général est marquée par "l'affaire Tarnac" et la lutte antiterroriste de la fin des années 2000.
Un an après la reprise de l'épicerie-bar, en novembre 2008, dix personnes dont Julien Coupat et Benjamin Rosoux étaient arrêtées pour le sabotage d’une ligne de TGV. Le Magasin Général était alors constamment épié par des caméras des renseignements intérieurs.
Les membres du dit "groupe de Tarnac" avait été mis en examen pour "direction d'une association de malfaiteurs et dégradations en relation avec une entreprise terroriste".
A ce moment-là, la ministre de l’Intérieur Michelle Alliot-Marie les désigne comme un groupuscule de "l’ultra-gauche, mouvance anarcho-autonome".
Largement décriée comme une "instrumentalisation politique" et un "fiasco judiciaire", l'affaire est jugée en avril 2018 et le procès s'est terminé par une relaxe quasi-général pour les militants du groupe de Tarnac.