Dans le petit village corrézien de Tarnac, personne n’a oublié le 11 novembre 2008. À l'occasion du procès, retour sur l’affaire dite de Tarnac.
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Le bras de fer judiciaire dure depuis près de dix ans. Dix années durant lesquelles l’affaire dite de Tarnac n’a cessé de défrayer la chronique.
Tout commence à l’automne 2008. Dans la nuit du 7 au 8 novembre,
cinq lignes de TGV sont sabotées dans l’Yonne, dans l’Oise et en Seine-et-Marne :
des fers à béton sont placés sur des caténaires. Conséquences : de nombreuses
perturbations du trafic ferroviaire.
Le 11 novembre,
vingt personnes sont arrêtées à Paris, à Rouen, dans la Meuse et à Tarnac, un petit village de 300 habitants en Corrèze. Quatre jours plus tard,
neuf d’entre elles sont mises en examen pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme » et
Julien Coupat, le leader supposé, pour « direction ou organisation » de ce réseau. Elles auraient été présentes à proximité de lieux de dégradations.
Durant les perquisitions, les policiers ont retrouvé des appels au sabotage et des textes anarchistes. Mais les
preuves sont rares et les avocats de la défense parlent de « scandale d'état ». L’affaire est devenue éminemment politique. Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’intérieur, a largement médiatisé l’arrestation puis la mise en examen des militants qualifiés de « groupuscule d’ultra-gauche, mouvance anarcho-libertaire ».
La nature terroriste des faits a été au coeur de l'actualité. Les services ont surveillé de près le groupe de Tarnac dans les mois qui ont précédé les sabotages. Mais
les preuves manquent pour soutenir l'hypothèse terroriste. Au final, elle sera abandonnée en 2015, contre
l'avis du parquet (
voir frise chornologique ci-dessus).
Le 10 janvier 2017, la Cour de cassation écarte définitivement la qualification terroriste. Au total
huit personnes doivent être jugées : quatre pour association de malfaiteurs et les autres jugés pour des délits comme des faux ou des refus de prélèvements d'ADN à la suite de leurs arrestations.
Certains
points de l'enquête posent question à commencer par la principale pièce à charge contre Julien Coupat :
le PV D104. Il relate la filature de son véhicule, la nuit des sabotages.
De nombreuses incohérences (un pont confondu avec un tunnel, une route qui n'existe pas,
utilisation d'une carte bancaire loin des lieux de sabotage…) rendent l'itinéraire emprunté impossible.
Autre mystère :
le rôle exact de Marc Kennedy, un espion anglais qui a rencontré à plusieurs reprises les membres du groupe de Tarnac. Les juges d'instruction estiment que ses rapports sont
à l'origine de l'ouverture de l'enquête en France.
Enfin, que penser du fameux
témoin 42 ? Il affirmait, en 2008, que Julien Coupat était prêt à tuer, la vie humaine ayant moins d'importance pour lui que le combat politique. Des affirmations qui ont permis le maintien en détention de plusieurs membres du groupe. Interrogé en caméra caché par TF1 en novembre 2009,
il confie avoir signé un document préparé par la police et avoir menti. La justice a fini par écarter son témoignage.
Après dix ans d’anonymat,
Julien Coupat a accordé un long entretien filmé, aux équipes d'
Envoyé spécial, juste avant l'ouverture du procès.
Les
prévenus sont jugés devant la 14e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris depuis le
13 mars 2018. Chose rare,
le tribunal a décidé de se déplacer sur les lieux du sabotage de la voie ferrée le 23 mars dernier. L'affaire de "Tarnac" devrait rapidement connaître rapidement après dix années d'instruction, de pérégrinations policières et de rebondissements judiciaires.