En raison de la Covid-19, les cérémonies de commémorations des massacres de Tulle, le 9 juin, et d'Oradour-sur-Glane, le 10 juin, seront forcement restreintes, ce que comprennent mais regrettent rescapés et associations.

Année après année, les commémorations de Tulle et d'Oradour-sur-Glane rappellent de manière douloureuse mais ô combien nécessaire à quelle folie et à quelle barbarie l'homme peut être confronté.

Ces massacres, commis le 9 juin 1944 en Corrèze, et le lendemain 10 juin en Haute-Vienne, étaient l’œuvre, faut-il le rappeler, de troupes de la SS Panzerdivision Das Reich.

Chaque année, les cérémonies drainent de nombreuses personnes : rescapés ou survivants, quasi tous disparus aujourd'hui, leurs descendants, leurs familles, mais aussi des anonymes, habitants des communes ou non, et bien sûr des officiels, parfois en grandes pompes, lors des « anniversaires » (sic) « ronds ». 1944-2020, il ne s'agissait « que » (re-sic) de commémorer soixante-seize ans nous séparant de ces horreurs, et l'on attendait rien « d'exceptionnel » par rapport à la normale, présence marquante ou autre.

Mais en raison de la Covid-19, et des règles de protection sanitaire toujours en vigueur, ces commémorations seront restreintes de manière quasi drastique. En application de l’article 3 du décret n- 2020-663 du 31 mai 2020, interdisant les rassemblements de plus de dix personnes, elles commémorations se feront, de manière officielle, quasiment à huis-clos.

Les commémorations de Tulle le 9 juin 2020

Il n'y aura cette année, exceptionnellement, ni cortège, ni service de bus, ni rassemblement. Les différents sites, dans le respect des règles sanitaires, seront accessibles dans la journée ,à ceux souhaitant s'y rendre et s'y recueillir mais uniquement jusqu’à 16h00. À cette heure, ils seront alors fermés. À noter que la messe à l'église Saint Joseph-de-Souilhac est toutefois maintenue. Il est impératif de respecter un maximum de 10 personnes présentes en même temps sur chaque site et le port du masque est obligatoire.

À partir de 17h débuteront les cérémonies officielles, tout d'abord à la Stèle des Martyrs, rue Louisa Paulin, puis à 17h15 aura lieu une cérémonie à la mémoire des personnels de la Manufacture d’Armes, enfin à 17h30, le traditionnel recueillement au Haut-Lieu de Cueille.

Mais ces cérémonies ne seront uniquement accessibles qu'à de très rares personnes : le préfet de la Corrèze, le maire de Tulle, le président du Conseil Départemental, et des élus type députés ou sénateurs. Comme à son habitude, François Hollande sera présent, son entourage nous l'a confirmé ce vendredi 5 juin.

Il n'y aura pas de représentant des familles, hormis le président du Comité des Martyrs, Michel Drelon, et juste un ou deux des représentants des comités de porte-drapeaux.

C'est évidemment très dur, et nous le regrettons, mais que faire d'autre face aux règles liées à la pandémie ? Je reçois de très nombreux coups de fil, d'enfants de Martyrs, de familles, même de simples gens qui voulaient être là, mais bon... Je rappelle toutefois que jusqu'à 16h00, et après 19h00, les sites seront accessibles. Mais ces commémorations sont toujours nécessaires, d'autant qu'on le voit bien, « la bestiole » rôde encore ! [Michel Drelon, président du Comité des Martyrs de Tulle]

Les commémorations d'Oradour-sur-Glane le 10 juin 2020

Là encore, elles ne prendront pas leur caractère habituel. « Elles seront intimes et restreintes », nous a dit Philippe Lacroix, le maire d'Oradour-sur-Glane. Comme à Tulle, ni cortège ni messe. Comme à Tulle toujours, le site du village martyr sera accessible aux familles et à ceux qui souhaitent s'y rendre, durant la journée. Mais comme à Tulle, les cérémonies officielles ne seront pas accessibles au public.

À Oradour, il y en aura deux :

La première, à 11h30, se déroulera au Tombeau des Martyrs. Seuls le maire, son conseil municipal, les membres du conseil d'administration de l'association des familles des victimes, présidée par Claude Milord, et Robert Hebras y participeront, pour un dépôt de gerbe. Claude Milord nous a confié penser tout de même se rendre ensuite à l'école et à l'église du village martyr, sans doute accompagné du seul Philippe Lacroix.

Puis à 15h30, nouvelle cérémonie, plus officielle, toujours au Tombeau, en présence cette fois du préfet de Haute-Vienne, du maire, du président du Conseil départemental, éventuellement des députés et sénateurs de Haute-Vienne, et toujours avec Robert Hebras.

Je le vis très très mal ! Je sais bien qu'il y a ces règles sanitaires, qu'il faut faire comme les autres, mais enfin.. On est bien dans le métro avec les autres ! C'est vraiment regrettable. D'autant que moi, je ne vais pas en faire beaucoup d'autres, des commémorations.

À la limite, c'est presque le nombre restreint d'officiels qui me chagrine le moins. Tu sais, c'est paradoxal ce que je vais te dire, c'est bien, c'est important quand il y a des gens « haut placés », comme des présidents, qui viennent. Mais dans ces cas-là, ce sont eux qu'on vient voir, ce ne sont pas les victimes que l'on vient honorer. Plus c'est important, moins c'est pour les victimes, alors...

Non, ce qui me peine vraiment, et tu m'entends, ça me désole, c'est qu'il n'y aura pas d'enfant cette année. Et c'est tellement important qu'il y ait des enfants, parce que pour qu'on se souvienne, et que ça n'arrive plus jamais, il faut qu'il y ait des enfants ! [Robert Hebras, survivant du massacre d'Oradour-sur-Glane]

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