Dans l’est de la Creuse, l’approvisionnement en eau potable est de plus en plus compliqué pour 8000 habitants du bassin de Gouzon. A cause de la sécheresse, des coupures sont à craindre.
Pour les habitants du bassin de Gouzon, dans le nord-est de la Creuse, c’est devenu une habitude : surveiller le débit d’eau au robinet. « Pour l’instant, on a évité les coupures », soupire Vincent Turpinat, maire de Jarnage et président du S.I.A.E.P de Gouzon.
Mais de jour en jour, la situation devient de plus en plus délicate. A cause de la sécheresse, les 5 puits qui alimentent en eau potable les 17 communes de ce syndicat fournissent de moins en moins.
Ces puits ont été forés il y a 30 ou 40 ans. Avec le temps, l’ensablement et la sécheresse, la quantité baisse. Même pendant la nuit, le remplissage des réservoirs n’est plus suffisant ».
Vincent Turpinat, président du S.I.A.E.P de Gouzon
Ajouter à cela, une population qui a augmenté (8000 habitants, mais plutôt 10 000 en période estivale), des usages (piscines, etc.) qui ont changé et les agriculteurs qui se connectent au réseau intercommunal quand leur propre puits sont à sec. Résultat, chaque été, le syndicat manque d’eau.
Le paradoxe
Le paradoxe, c’est que le bassin de Gouzon se situe sur la plus grande nappe phréatique du Limousin : des milliers de m2 d’eau sont stockés sous les pieds des habitants.
Je vous garantis que si on reprenait notre eau comme on s’en servait autrefois, on n’aurait pas de soucis.
Jean-Baptiste Alanore, maire de Bord-Saint-Georges
Sauf qu’aujourd’hui, le syndicat ne peut plus forer de nouveaux puits. Car l’eau de la nappe est impropre à la consommation. «On a de l’arsenic, mais ça se traite assez facilement. Il y a aussi le radon (un gaz) qu’on peut diminuer en aérant l’eau», détaille Vincent Turpinat. Mais le plus gros problème, c’est le radium. « Actuellement, il n’existe pas de traitement agréé pour l’eau potable ».
Résultat, impossible d’exploiter cette richesse naturelle.
Des solutions à court terme
Lorsque le débit du robinet est trop faible, des bouteilles d’eau sont fournies aux usagers. Pour réapprovisionner les réservoirs, les habitants sont invités à limiter leur consommation. En cas extrême, des coupures d’eau potable sont envisagées.
Pour éviter d’en arriver là, le S.I.A.E.P de Gouzon tente de mettre en place des rotations avec des citernes pour aller puiser l’eau sur la commune de Boussac. Encore faut-il trouver les citernes… « Tout le monde veut la même chose au même moment donc on est obligé de solliciter plusieurs entreprises », explique le président.
La solution à long terme
Pour mettre fin définitivement à ce casse-tête estival, le syndicat va débuter un vaste chantier dès la fin de l’année : le raccordement au réseau d’eau de la ville d’Huriel, près de Montluçon, pour aller récupérer l’eau de l’Allier. Un projet qui va nécessiter près de 30 kilomètres de raccordement et environ 13 millions d’euros.
Ça fait 12 ans qu’on travaille sur ce programme et il a fallu passer par de nombreux écueils. Mais ça y est, les autorisations sont faites et les appels d’offres lancés.
Vincent Turpinat, président du S.I.A.E.P
Les travaux devraient durer au moins un an. L’été 2023 risque donc d’être encore compliqué pour les habitants de ce bassin creusois.