Du jeudi 27 au samedi 29 juin se déroulera la deuxième Assemblée des Forêts Vivantes, à Royère-de-Vassivière en Creuse. Des rencontres organisées par le Syndicat de la Montagne Limousine qui ont pour objectif d'organiser la "défense des forêts face à leur industrialisation".
La première Assemblée pour des Forêts Vivantes s'était déroulée en 2022 à Nestier, dans les Hautes-Pyrénées, et avait rassemblé une centaine de personnes. Deux ans plus tard, les organisateurs ont choisi le plateau de Millevaches, lieu qui cristallise énormément de tensions autour de la gestion des forêts, pour la deuxième édition.
Soixante-dix associations, collectifs et organisations de la France entière engagés dans la préservation des forêts vont se réunir pendant trois jours à Royère-de-Vassivière dans la Creuse pour échanger sur l'avenir des forêts hexagonales.
Un rassemblement invitant "toutes les personnes de la société civile œuvrant pour des forêts vivantes" selon Thibault Evain, porte-parole du groupe forêt du Syndicat de la Montagne Limousine. Militants, associations, chercheurs, etc. vont participer durant trois jours à des ateliers et des groupes de travail sur des questions liées à la préservation des forêts.
Parmi ces groupes de travail, certains plancheront sur les thèmes "Forêt et production d’énergie, comment résoudre une équation impossible", "S’organiser à l’échelle locale pour lutter contre la destruction des forêts" ou encore "Comment atténuer les changements globaux avec la gestion forestière".
"Forêts vivantes"
Au cœur de ces échanges, il y a la volonté de défendre une "forêt vivante". Mais qu'est-ce que c'est, au juste, une forêt vivante ? "C’est une forêt dans laquelle on retrouve plusieurs essences diversifiées qui vont favoriser la biodiversité, des symbioses entre différentes espèces, une forêt dans laquelle les dynamiques naturelles sont à l’œuvre et favorisées. C'est une forêt fertile, d'une grande vitalité, qui est aussi une forêt productive et résiliente face au changement climatique", explique Thibault Evain, ingénieur de formation et habitant du plateau de Millevaches.
Celle-ci s'oppose aux futaies régulières monospécifiques, c'est-à-dire aux forêts constituées "d'arbres de même essence et du même âge, plantés en rang d’oignon, avec une biodiviersité très pauvre, pas du tout résilientes face aux effets du changement climatique : sécheresse, attaques des "nuisibles" comme les scolytes ou les champignons", poursuit l'organisateur.
Pour l'interdiction des coupes rases
Des forêts majoritairement exploitées par des coupes rases. Un modèle mortifère pour ces défenseurs de l'environnement : "Quand on fait une coupe rase, qui parfois est suvie d’un désouchage, on a une réaction chimique qui se produit qui fait qu’une partie du carbone contenue dans le sol est relâchée dans l’atmosphère. De plus, cela participe à l'érosion des sols qui amène les terrains à être désertifiés.”
Au contraire, les collectifs et associations qui vont se réunir à Royère-de-Vassivière veulent promouvoir une "sylviculture mélangée à couvert continu", où plusieurs essences d'arbres sont plantées et prélevées par éclaircies.
Parmi toutes ces associations et collectifs, il existe donc un consensus pour demander l'interdiction des coupes rases, comme c'est déjà le cas chez nos voisins suisses par exemple. "On est tous d’accord pour dire que les coupes rases dans la forêt amazonienne ça suffit, c’est pareil pour la forêt française. C’est aussi de la déforestation", fait observer Thibault Evain.
Manifestation reportée
Pour conclure cette Assemblée, une manifestation devait se dérouler ce dimanche 30 juin à Guéret pour, entre autres, dénoncer la future implantation de l'usine de production de granulés Biosyl et l'extension de la scierie Farges à Egletons. Des projets qui, selon les organisateurs, démontrent "l'industrialisation croissante" des forêts limousines et qui sont "subventionnés avec de l'argent public". Toutefois, au vu du calendrier électoral, cette manifestation a été reportée au 5 octobre.
Un contexte politique marqué par la poussée de l'extrême-droite qui fait d'ailleurs monter l'inquiétude parmi ces militants : "Les gouvernements successifs ne sont pas à la hauteur, mais c'est encore pire avec l'extrême-droite. C’était le cas avec Bolsonaro au Brésil, ou ici en Slovaquie, où on voit tout de suite qu’il y a une envie de revenir en arrière sur l’environnement. Javier Milei en Argentine a carrément voulu supprimer le ministère de l’Environnement pendant sa campagne", conclut Thibault Evain.