Engraisser des plantes au fumier de cheval, une idée vieille comme l'agriculture. Florent Murat perfectionne la méthode en concoctant un engrais tiré de son centre équestre et dont il tire un bénéfice non négligeable.
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. La citation apocryphe du chimiste Lavoisier se rapportait à une histoire de fermentation et en toute logique, en tant que composé chimique complexe, le crottin de cheval ne fait pas exception à la règle.
Florent Murat, lui, a décidé de transmuter le crottin en argent. Dans son centre équestre à Saint-Méard-de-Gurçon en Dordogne, le crottin et la litière des chevaux devient vite un problème très em.. bêtant. Et chez lui, le problème se chiffrait en tonnes chaque année.
Les agriculteurs et les jardiniers affectionnent généralement cette "matière" première car elle est connue pour ses vertus revigorantes sur les végétaux. Mais traditionnellement, les uns comme les autres se contentent de répandre grossièrement les boulettes dans les champs ou au pied des plantes. Au centre équestre de Saint Méard de Gurçon, Florent a perfectionné la méthode.
Et levons nos vers !
Et pour ça, il a levé une armée. Enfin, pas vraiment levé, mais plutôt couché. Des milliers de petits soldats rampant, nus comme des vers. Qu'ils sont par ailleurs. La méthode connue des permaculteurs et agriculteurs bio consiste à transformer les déchets en matière organique à haute valeur nutritionnelle pour les plantes, en les faisant transiter par les tubes digestifs de lombrics. Une sorte de pré-digestion qui rend le compost plus riche de bactéries et matières organiques facilement assimilables par les racines. Une sorte de crottin de ver de crottin de cheval.
"Home" de paille
La première étape, franchie en 2020, a consisté à ensemencer un premier tas de crottin-paille issu des litières avec une dizaine de kilos de vers. Trois espèces de vers sont particulièrement recommandés pour cette utilisation, l'eisenia Andreï ou ver de fumier qui préfère les matières en décomposition, l'eisenia foetida qui affectionne les matières fraîches ou l'eisenia hortensia, l'ami du pêcheur car il est assez gros pour garnir un hameçon. Quoi qu'il en soit, le lombric adéquat trouvera le chemin de lui-même et selon la qualité de la nourriture, les plus à l'aise se développeront le mieux.
Vers en boucle
Le temps et la nature font ensuite leur oeuvre. Comptez une année pour récolter. Aujourd'hui, les prolifiques lombrics se sont multipliés. L'an dernier, Florent a été en mesure de commercialiser aux alentours d'une cinquantaine de tonnes de compost baptisé Talossa. Une terre légère et inodore, préalablement tamisée pour la débarrasser de ses brins de paille et de ses lombrics surnuméraires. Mais pas de leurs œufs. Ce qui donnera naissance à une nouvelle génération de vers de terre bénéfiques, là où le compost atterrira. Florent assure que son lombricompost est aussi efficace que trois fois plus de compost classique.
Une chose est sûre, à 7 euros le sac de 15 kg pour les particuliers ou 300 euros la tonne pour les professionnels, son crottin vaut potentiellement de l'or. Un engrais qui permet de s'engraisser, en quelque sorte.