Le foie gras pourrait bien manquer pour ces fêtes de Noël. C’est la mise en garde du Cifog, le syndicat interprofessionnel de la filière. Une réduction de la production liées aux confinements successifs mais aussi, à la hausse des matières premières.
Les fêtes de Noël, c’est d’ordinaire l’une des meilleures périodes de Noël pour les professionnels du canards. Pourtant, cette année, les traditionnels foies gras et autres volailles de Noël risquent d’être rares sur les tables.
► Reportage de P. Niccolaï et P. Tinon
Plus de deux euros d’augmentation par volaille
C’est l’une des raisons avancées par le Cifog dans son communiqué, publié le 5 novembre dernier : la filière subit des surcoûts, notamment des matières premières, depuis près de six mois, qui se répercuteront en partie sur les volailles des fêtes.
“Cette hausse est surtout réelle sur les prix des céréales. Or, l’alimentation concerne près de 60 % des coûts de production. Cela devrait représenter une augmentation d’environ 2,50 € par canards”, explique Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog.
On n’a pas voulu le répercuter sur les clients, donc on va baisser nos revenus paysans. On ne peut pas prendre les clients en otage.
Jean-François Roudier, éleveur de canards.
Une hausse que constate également Jean-François Roudier, éleveur et membre de la confédération paysanne de Dordogne. “J’ai l’avantage d’être autonome en blé. Je n’ai donc subi des hausse que pour le maïs, qui a augmenté de près de 40 € la tonne”, évalue l’éleveur.
Avec 6000 canards, l’agriculteur a dû débourser 4000 € supplémentaires. “On n’a pas voulu le répercuter sur les clients, donc on va baisser nos revenus paysans. On ne peut pas prendre les clients en otage”, illustre Jean-François Roudier.
Les coûts des confinements
Outre les matières premières, les confinements successifs des canards liés aux derniers épisodes d’influenza aviaire ont eu raison de la production.
“En gardant nos animaux à l’abri, on ne peut pas en élever autant. Si en extérieur, on prévoit entre sept et dix animaux du mètre carré, en intérieur, le maximum, c'est cinq”, calcule Marie-Pierre Pé.
► Reportage du 16/11/2021 de François Busson et Romain Hauville
Des cheptels réduits, qui ont du être plusieurs fois renouvelés. Mais là encore, le prix des canetons s’est envolé. Un coût supplémentaire pour les éleveurs qui ont dû également se mettre à niveau en matière de normes sanitaires.
“Avec la grippe aviaire, nous avons moins gavé nos canards et donc, nous aurons moins de foies gras cette année, et cela, évidemment, risque de tendre les prix”, analyse Eric Sourbé, élu en charge de la filière foie gras à la Chambre d’Agriculture de Dordogne.
Un foie gras plus cher ?
Ces hausses de prix devraient en réalité plutôt concerner les produits frais, les volailles en particulier.
“Pour la volaille fraîche, les prix sont fixés selon la loi de l’offre et de la demande. Et au vu de la situation actuelle, on peut en effet s’attendre à une hausse. En revanche, pour les produits transformés, tels que les foies gras, les prix ont déjà été fixés cet été et ne devraient donc pas augmenter dans la même mesure”, détaille Eric Sourbé.
En moyenne, la tranche de foie gras devrait donc augmenter de 50 centimes ce Noël. Une hausse qui ne devrait pas avoir trop d’impact pour la filière, qui se réjouit de passer les fêtes.
Cette année, nous ne sommes pas face à une fermeture des restaurants, qui concernent une grande partie de nos clients.
Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog
Encore un peu de répit pour ces fêtes donc, avant 2022. L’année prochaine, les nouveaux tarifs pourraient bien toucher tous les produits de la filière.