Témoignage. Né sous X, Sylvain recherche sa mère biologique "j'aimerais savoir à qui je ressemble"

Publié le Mis à jour le Écrit par Maïté Koda

Abandonné par sa mère biologique à la naissance, Sylvain, habitant de Montpon-Ménestérol en Dordogne, s'est lancé dans une longue quête pour établir ses origines. Il a lancé notamment un appel sur les réseaux sociaux.

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Il s'est lancé début avril. Quelques lignes, postées sur la page Wanted Community Bordeaux. "Bonjour. Je te cherche, écrit Sylvain. Toi qui m'as porté sans savoir que j'étais déjà dans ton ventre. (...)
J'ai un nom de naissance Viance, Sylvain, Jacky (la blague ce deuxième prénom). Sache que je ne t'en veux pas. J'ai des parents formidables qui m'ont apporté ce qu'il me fallait pour que j'en vienne à ce moment précis". 

Des milliers de partages sur les réseaux sociaux

Un message qui suscitera des milliers de réactions. "Je n'ai pas compris, j'ai été un peu dépassé. Mon téléphone n’arrêtait pas de vibrer, raconte Sylvain. J'ai aussi posté ce message sur Wanted Paris, et c'était la folie. Le message a été énormément partagé, il a circulé dans tous les départements français, mais aussi au Canada, en Afrique...".
Le jeune homme reçoit énormément de messages bienveillants, des mots de soutien. Mais aussi des témoignages de personnes nées sous X, lui racontant leurs démarches, fructueuses ou non, pour retrouver leurs parents biologiques. En revanche, aucune piste sérieuse pour l'aider à avancer. Mais l'important n'est pas encore là. En révélant son histoire sur les réseaux sociaux, et à certains de ses proches qui ignoraient son vécu, Sylvain a franchi une nouvelle étape. 

Maintenant que j'ai réussi à parler publiquement de ma plus grosse blessure, j'ai l'impression que plus rien ne pourra m'arrêter.

Sylvain Coudière

Source : France 3 Aquitaine

Son histoire, Sylvain l'a découverte par étapes. Le trentenaire est né dans une clinique de Courcouronnes dans l'Essonne, le 4 novembre 1986, avant d'être adopté au cours de sa première année de naissance. Le sujet de l'adoption n'a jamais été caché. "Je me souviens tout petit avoir demandé à mes parents pourquoi j'étais noir et eux, blancs. Ils ont sorti un planisphère et m'ont tout expliqué. Puis je suis reparti jouer", résume-t-il.


Sylvain sait que sa mère biologique est guinéenne, son père antillais, probablement guadeloupéen. Qu'ils avaient tous les deux 19 ans et que la jeune femme n'a pas souhaité garder l'enfant.
Il grandit dans une famille aimante, dans un village de l'Essonne. "Je parlais très peu du sujet. Ça restait délicat, et je ne voulait pas faire de peine, ni inquiéter ma mère. Tout ça était un peu refoulé". Aujourd'hui, ses parents, qui sont informés de ses démarches, le soutiennent. 

Voir le reportage de France 3 Périgord

Déni de grossesse

C'est en 2016 que Sylvain, après six ans passés dans la police nationale, s'installe en Périgord, la mère de sa fille étant originaire de Dordogne. Une naissance qui a réveillé des questionnements. "Elle est métisse, je savais qu'elle allait se poser des questions et avoir besoin de repères. Ça m'a renvoyé à mes propres interrogations".

Il prend alors contact avec le Conseil national d'accès aux origines personnelles (CNAOP). Ce dernier lui délivre les maigres documents en sa possession, sur lesquels ne figurent pas le nom de ses parents biologiques. C'est ainsi, en 2019, qu'il apprend que sa mère biologique, scolarisée dans un lycée technique d'Evry, a découvert qu'elle était enceinte moins de 24 heures avant d'accoucher. 

Jusqu'alors, je savais juste que j'avais été abandonné. Quand j'ai appris qu'il s'agissait d'un déni de grossesse, ça a tout changé. Depuis, je suis plus dans la compassion et moins dans l'incompréhension. Ça m'a apaisé.

Sylvain Coudière

France 3 Aquitaine

Après avoir longuement hésité, Sylvain a aussi demandé un test ADN, dont il attend désormais les résultats. Il espère découvrir d'autres membres de sa famille biologique. "Mes parents biologiques devraient avoir entre 55 et 56 ans aujourd'hui. Ils ont probablement eu d'autres enfants. Et puis j'aimerais savoir à qui je ressemble", sourit le trentenaire à l’impressionnante carrure.

"A chaque anniversaire, elle doit y penser"

Adepte de rugby et de MMA, Sylvain se reconnaît notamment dans le personnage de Randall, héros de la série This is us, lui même adopté. Même lunettes, même quête familiale, et même profil psychologique : "Il est comme moi, il est rigide, ne trahit rien. Et au fond, il bouillonne!". Et comme son alter ego télévisuel, Sylvain ne compte pas baisser les bras et mener sa quête jusqu'au bout. 

Faire ces démarches, ça me permet déjà de me libérer d'un poids. Peu importe la teneur de ce dénouement qu'il soit heureux ou pas, ce que je veux, c'est obtenir des réponses. 

Sylvain Coudière

France 3 Aquitaine

Peu après la naissance, la mère biologique de Sylvain a rempli des demandes pour le récupérer, mais ne s'est jamais rendue aux convocations du tribunal. Autant de raisons qui encouragent le trentenaire dans son cheminement. "Si je peux la retrouver, j'aimerais potentiellement créer un contact.  Aujourd'hui, je me dis qu'à chaque anniversaire, elle doit y penser" imagine Sylvain qui s'est pourtant préparé à toute éventualité. "Si elle refuse de me rencontrer, ce sera son problème à elle. Moi j'aurai été au bout, j'aurai fait ma part".

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