Depuis cinq semaines, un lycéen se mobilise tous les vendredis devant l'Hôtel de ville de Bordeaux contre l'autoroute A69 qui doit relier Toulouse à Castres. Il fait le déplacement depuis le département voisin de Charente-Maritime pour dénoncer les impacts environnementaux du projet.
Sur un rebord de quelques centimètres, il est assis face à l'Hôtel de ville de Bordeaux. Dans ses mains, une pancarte "grève scolaire contre A69". Depuis cinq semaines, Gianni Enselme se mobilise contre le projet d'autoroute entre Toulouse et Castres, contesté notamment par des associations écologistes et des scientifiques.
Engagé depuis deux ans pour l'écologie, notamment à la Ligue de protection des oiseaux (LPO), il dénonce la destruction de la biodiversité. "Ce projet va détruire des arbres de plusieurs centaines d'années, dévaster des écosystèmes parfaitement organisés depuis des milliers d'années", dénonce-t-il.
On va balayer tous les écosystèmes pour une autoroute alors même que les scientifiques du GIEC nous disent qu'il faut aménager nos territoires pour qu'on utilise moins la voiture.
Gianni Enselmeélève de terminale
En plus des aspects environnementaux, le lycéen dénonce "une autoroute qui ne servira même pas à la population locale puisqu'elle sera très chère".
De son côté, le concessionnaire de l'autoroute assure que des mesures environnementales compensatoires seront mises en place. "Cela reviendra à cinq arbres plantés pour un arbre abattu", promet-il.
"Le besoin de se mobiliser"
Gianni a décidé d'agir puisque, selon lui, "attendre est la pire des choses à faire". Il n'a aucune certitude, ne s'attend pas forcément à ce que son action réussisse, mais il évoque "le besoin de se mobiliser".
J'espère que ça va mettre un peu plus de pression sur les décideurs politiques.
Gianni Enselmeélève de terminale
Si dans l'ensemble son établissement reste "bienveillant", l'élève de terminale raconte avoir reçu des menaces d'avertissements ou de conseil de discipline. Mais ce qui le révolte, c'est le sentiment de fatalité renvoyé par son lycée. "Leur argument, c'est 'c'est comme ça, j'y peux rien', mais c'est absurde. C'est sur cet argument que le système arrive encore à tenir, un système aussi injuste, qui convient à pas grand monde finalement."
"Parfois d'autres élèves me rejoignent"
Alors, chaque vendredi, au lieu d'aller au lycée, le jeune homme prend le train depuis la Charente-Maritime, où il réside, jusqu'à Bordeaux. Peu importe la météo - il pleut ce vendredi 17 novembre - il reste devant la mairie et porte son message. Attirant parfois les passants curieux.
Justement, une dame s'approche. Intriguée, surtout, que l'élève de terminale soit si désespérément seul sur le parvis. "Parfois d'autres élèves me rejoignent, on était jusqu'à dix", explique-t-il.
La passante se montre tout même admirative de son action. "Dès que la jeunesse s'exprime, il faut l'entendre. C'est notre futur, c'est la vie, ils ont toujours quelques temps d'avance sur nous." Gianni Enselme décidera aujourd'hui s'il poursuit sa grève.