Autoroute Castres-Toulouse : “Il est trop tôt pour dire quel sera le tarif pratiqué en 2025 pour l'A69” selon le directeur d'Atosca

Prix du projet, avancement des travaux, nombre d'arbres abattus... Le directeur général d'Atosca, concessionnaire de la future A69, Martial Gerlinger, a répondu aux questions de France 3 Occitanie.

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La contestation contre l'autoroute A69 ne faiblit pas mais n'empêche pas le chantier d'avancer.  France 3 Occitanie a rencontré Martial Gerlinger, directeur général d'Atosca, la société en charge de la construction et de la gestion de la future autoroute A69, afin de faire le point sur l'avancement du projet. Les terrassements, les arbres coupés, le prix du péage, d'éventuels autres projets. Tout les questions sont abordées.

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Prix du projet, avancement des travaux, nombre d'arbres abattus...Le directeur général d'Atosca, concessionnaire de la future A69, Martial Gerlinger, a répondu aux questions de France 3 Occitanie. ©David Bobin - FTV

France 3 Occitanie : Où en est-on du chantier de cette autoroute ? 

Martial Gerlinger : Aujourd'hui, le chantier de l'autoroute A69 a considérablement avancé. Nous avons démarré à peu près la moitié des zones de terrassement, la moitié des ouvrages d'art, des ouvrages de franchissement de l'autoroute. Nous sommes très avancés. On a dépensé déjà 40% de notre budget.

France 3 Occitanie : En ce qui concerne les sous-traitants, vous avez l'obligation de faire appel à des sous-traitants locaux. Quelle est leur contribution en termes économiques et d'emploi dans la région du Tarn ? 

Martial Gerlinger : Les sous-traitants locaux représentent environ 25 % de notre budget. Nous avons une quarantaine d’entreprises du Tarn ou d’Occitanie. Nous souhaitons être l’autoroute de ce territoire qui travaille avec et pour travailler avec lui. Beaucoup de petits emplois directs et indirects seront créés au fil du temps grâce à ce chantier. L'insertion, c'est-à-dire l'opportunité d'offrir du travail à des personnes éloignées de l'emploi, est au cœur de notre engagement et de nos pratiques. Environ 10% des heures travaillées sur ce chantier sont attribuées à des personnes éloignées de l’emploi. Ces personnes viendront en insertion sur nos centres de formation directement sur le chantier. Tous types d’emplois sont concernés.  

France 3 Occitanie : Ces emplois sont-ils pérennes ? S'agit-il principalement de contrats à durée indéterminée (CDI) ?  

Martial Gerlinger : En général, les personnes travaillant sur ce chantier viennent par la suite travailler avec nous.  

France 3 Occitanie : Depuis le lancement du projet il y a plus de dix ans, la contestation n'a jamais faibli. Craignez-vous que le chantier de l'autoroute A69 puisse devenir un nouveau Notre-Dame-des-Landes ?  

Martial Gerlinger : Je ne pense pas que cela soit envisageable pour notre site actuel. Le chantier avance à un bon rythme, et il bénéficie d'un fort soutien de la part de la communauté locale. Actuellement, 75 % des habitants du sud du Tarn soutiennent ce projet. Je ne regarde pas les sondages réalisés au niveau de la Haute-Garonne qui ne sont pas pertinents ici. Nous avons toujours une adhésion forte de tous les élus importants du territoire ainsi que du public. Le chantier est très avancé, et il y a une parole publique forte pour dire que le chantier ira à son terme et qu’il n’y aura pas de ZAD tolérée sur le chantier. On est toujours dans l’idée de suivre le planning et de livrer le projet fini en 2025. 

France 3 Occitanie : Quel est le coût du projet jusqu'à présent ?  

Martial Gerlinger : Le coût de l'opération s'élève à environ 450 millions d'euros au total. Aujourd’hui, nous avons déjà dépensé environ 40 % de cette somme. 

France 3 Occitanie : Combien de kilomètres de terrassements ont été réalisés à ce jour ?  

Martial Gerlinger : Je ne peux pas vous donner le nombre de kilomètres exact, mais l'autoroute A69 mesure 53 kilomètres au total, dont 44 kilomètres de nouveaux tronçons. Environ la moitié des terrassements de ces nouveaux tronçons ont déjà débuté. 

France 3 Occitanie : Combien de véhicules prévoyez-vous de voir circuler sur cette autoroute chaque jour ?

Martial Gerlinger : En régime permanent, une fois que le trafic aura atteint son niveau de croisière après quelques années, les estimations tablent sur 10 000 véhicules par jour, dont 9 000 véhicules légers et 800 poids lourds. On est conforme à ce que l'Etat avait déjà estimé au préalable au moment de la déclaration d’utilité publique. Cette autoroute captera de la circulation de la RN126 mais aussi d’autres axes parallèles.  

France 3 Occitanie : Le prix initial de l’autoroute pour un aller-retour était de 17 euros. On sait aujourd’hui que ce ne sera pas le cas. Avez-vous un ordre d’idée du prix que va coûter le péage ? 

Martial Gerlinger : Pour clarifier, je ne confirme pas les 17 euros que vous mentionnez, car ça ne correspond pas au tarif uniquement de l’A69, mais cela inclut également un péage à l’entrée de Toulouse. Si on regarde les tarifs sur l'autoroute A69 proprement dite pour un trajet aller simple il est de 6,77 euros valeur contrat. Ce tarif pourra être adapté en fonction des abonnements et des trajets que vous faites. Si vous prenez l’autoroute tous les jours pour aller travailler, vous êtes plutôt à 4 euros par aller simple pour un véhicule thermique, et à 2,70 euros pour un véhicule électrique. Ces chiffres-là sont les tarifs prévus dans le contrat. Quel sera le tarif exact en 2025 ? Il faut attendre de voir l’évolution des paramètres et des discussions avec l’Etat. Il est trop tôt pour dire quel sera le tarif pratiqué en 2025. 

France 3 Occitanie : Les voitures électriques sont encore rares et coûteuses, la plupart des usagers continueront donc à payer le tarif “thermique”... 

Martial Gerlinger : Je me place sur la durée de la concession qui est de 55 ans. Il s’agit de favoriser la transition par la conception et l’utilisation de l’autoroute. Il y aura un tarif incitatif pour les véhicules électriques (-20%) ainsi que des bornes de recharge, des aires de covoiturage. C’est une démarche volontaire qui ne se fait pas d’habitude. Nous souhaitons favoriser ce mouvement national pour que d'ici 15-20 ans, les autoroutes soient complètement décarbonées. 

France 3 Occitanie : Si, par malchance, l'autoroute ne connaissait pas le succès escompté en termes de fréquentation, que se passerait-il ? Y aurait-il des indemnités de l'État ou des collectivités ?

Martial Gerlinger : Le principe du contrat de concession est qu’Atosca réalise les travaux et assume le risque trafic. Le risque est porté par Atosca à 100%. 

France 3 Occitanie : Cette autoroute est une voie sans issue, allant d'un point A à un point B, sans relier d'autres zones. Cette autoroute pourrait-elle servir à désenclaver d’autres zones à l’avenir ? Est-ce que vous travaillez dessus ? 

Martial Gerlinger : Il ne m’appartient pas de me prononcer sur des choix politiques qui pourraient être de renforcer la desserte de Mazamet ou de partir vers l’Hérault. L’enjeu de cette autoroute est bien de desservir cette zone Castres-Mazamet qui concentre 140 000 habitants et 50 000 emplois. Il s’agit de réfléchir intelligemment sur la façon dont tout peut fonctionner les uns avec les autres. 

France 3 Occitanie : Concernant l'écologie, il y a eu des controverses sur le nombre d'arbres abattus. Pouvez-vous nous donner une estimation du nombre d'arbres d'alignement qui ont été coupés jusqu'à présent ?  

Martial Gerlinger : En ce qui concerne les arbres, environ 200 à 260 arbres d'alignement ont été abattus jusqu'à présent. Nous prévoyons de planter environ le double de ces arbres, soit près de 400, le long des voies. De plus, nous avons pris des mesures de déboisement équivalentes à environ 10 hectares, que nous commencerons par la plantation de 25 hectares de zones boisées. Cela reviendra à cinq arbres plantés pour un arbre abattu. Au total, nous avons mis en place des mesures compensatoires environnementales couvrant 440 hectares sur l’ensemble du projet. 

Cette autoroute sera aux derniers standards de ce qu’on fait en termes d’insertion environnementale sur les autoroutes. On a tout fait au maximum pour éviter les zones sensibles. On a économisé 80 hectares de terres agricoles et de terres environnementalement sensibles par rapport à ce qui était prévu au moment de la déclaration d’utilité publique en 2018. Sur les zones relictuelles qu’on impacte, on a mis en place des mesures compensatoires, qui sont au maximum de ce qu’on peut faire en termes de compensation.  

France 3 Occitanie : Comment être sûr que ces mesures seront pérennes ? Lorsque l’on plante un arbre, nous ne sommes pas certains qu’il va vivre...  

Martial Gerlinger : Nous restons engagés dans le suivi et la préservation de ces zones. Nous avons une obligation de résultat sur ces mesures compensatoires. Il y a un comité de suivi des mesures compensatoires qui a été mis en place avec les associations de protection de la nature qui sont présentes et qui peuvent donner leur avis sur les plans de gestion, à la fois dans leur définition et dans leur suivi. Si on voyait que des ajustements étaient nécessaires à une bonne fonctionnalité environnementale, on adapterait. Nous avons une obligation sur 55 ans à ce sujet.  

France 3 Occitanie : Concernant les usines d’enrobés, où et comment vont se dérouler la construction et le fonctionnement de ces centrales ?  

Martial Gerlinger : Nous allons construire deux centrales d’enrobés provisoires qui seront mises en place, à Puylaurens, à Villeneuve-lès-Lavaur. Ces centrales sont autorisées par l’autorisation environnementale de 2018, car elles étaient prévues dans le dossier. Elles ont été implantées de la façon la plus éloignée possible des villages. Mais il reste nécessaire de les construire le plus proche de l’autoroute pour que les camions se tiennent en dehors des routes proches des villages. Des réunions publiques sont organisées pour que l’on rencontre les riverains. Il est très important que nous restions en contact avec le territoire. La mise en fonctionnement des centrales est prévue pour fin 2024.

Comme ces centrales sont provisoires, elles seront évacuées des sites à la fin du chantier. À Puylaurens, le territoire sera restitué à l’agriculture.  

France 3 Occitanie : À partir de quand ces mesures seront-elles mises en place ? Respectez-vous le cahier des charges et les délais prévus ?  

Martial Gerlinger : Oui, nous respectons les délais prévus. Nous avons toujours trouvé des moyens de progresser sur le chantier malgré quelques contraintes. Nous restons déterminés à achever le projet en 2025. 

Propos recueillis par David Bobin

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