Soupçonnées d'être des "black blocs", 16 personnes avaient été interpellées près de Bordeaux et mises en examen pour "association de malfaiteurs". Une seule reste incarcérée, 14 ont été placées sous contrôle judiciaire. Leurs avocats parlent d'un emballement médiatique et judiciaire.
"Il y a eu un emballement judiciaire, médiatique et peut-être politique. Un ensemble qui a fait qu'on a donné une importance à ce dossier qui n'en avait pas" estime Maître Nathalie Chaveroux. Opinion partagée par Me Gabriel Lassort. Il est l'avocat de l'une des deux personnes qui étaient encore incarcérées pour laquelle la chambre d'instruction vient d'accepter la remise en liberté.
Le Parquet avait requis le placement en détention provisoire pour 16 personnes. Une seule l'est encore. Il avait fait appel contre la remise en liberté de deux autres. La chambre d'instruction n'y a pas donné suite. Le constat est simple! Ce dossier n'est pas celui qui a été donné à voir dans la presse.
C'était le samedi 7 décembre dernier. Les forces de l'ordre faisaient une descente remarquée dans une maison louée au Bouscat, près de Bordeaux. Des objets pouvant servir à fabriquer des cocktails Molotov, de l'acide, et des bouchons cloutés avaient été notamment découverts. Ces dix hommes et six femmes de 19 à 45 ans, venus à Bordeaux en vue d'une manifestation, contre la précarité avaient été arrêtés.
Le procureur adjoint Jean-Luc Puyo avait alors insisté :
Mais Me Lassort invite à la prudenceCe n'est pas neutre d'utiliser de l'acide dans des cocktails Molotov
Les 16 personnes avaient toutes été mis en examen pour "dégradations commises en réunion" et "association de malfaiteurs en vue de commettre des dégradations et des violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique". Deux d'entre elles avaient été écrouées."Il faut savoir raison garder, regarder le dossier de manière totale. Il y avait de l’acide donc il y avait une volonté de faire mal. C'est ce genre de raccourci qui a créé l'emballement.
Me Lassort estime que le dossier repose sur deux postulats. Les 16 appartenaient à la mouvance Black Blocs. Ils ne pouvaient pas ne pas savoir ce qu’il y avait dans l’appartement. Deux postulats que l'avocat entend bien contester.
"On ne sait pas qui a fait quoi parmi les 16" précise Me Nathalie Chaveroux, persuadée que certains n'étaient venus que pour manifester.
Hier soir, la chambre d'instruction a accédé à la demande de l'une des deux personnes encore écrouées et a décidé sa remise en liberté avec placement sous contrôle judiciaire. D'autre part, le parquet avait fait appel pour deux des personnes déjà remises en liberté précédemment. La chambre d'instruction a confirmé leur maintien en liberté provisoire avec placement sous contrôle judiciaire.