138 € de frais de succession, pour clôturer le livret A de leur enfant. C’est ce qu’ont découvert Élodie et son mari, après le décès de leur fils, Léo. S’ils ont, depuis, obtenu leur remboursement, ils dénoncent aujourd’hui, une pratique “inhumaine”.
En 2021, Léo, un petit garçon de neuf ans, meurt des suites d’un cancer. Un an plus tard, ses parents, qui lui avaient ouvert un livret A, reçoivent le montant du compte. Problème : il manque 138 €.
► Le témoignage d'Elodie, la mère de Léo, choquée des pratiques de son établissement bancaire
"Ce n'est pas une victoire"
Il s’agit d’un prélèvement automatique qui correspond aux frais de succession lors de la clôture d’un défunt. “On m’a répondu que c’était dans la brochure tarifaire. Mais quand vous ouvrez un livret A pour votre enfant, ce n’est pas le paragraphe que vous pensez à lire. Le fait d’inscrire cela dans une brochure tarifaire, suite au décès d’un enfant, est-ce quelque chose qui a lieu d’être ? ” interroge Élodie, la mère de Léo.
Ils tentent alors de récupérer la somme auprès de la banque : sans succès. Les deux parents décident alors de se tourner vers une association, Eva pour la vie, qui accompagne les parents d’enfants victimes de cancer.
Accompagnés, ils réussissent à obtenir un geste commercial de leur banque. “Ils ont procédé à ce remboursement dès que la polémique a éclaté, pas avant”, rappelle Stéphane Vedrenne, l’un des fondateurs de l’association.
Aujourd’hui, malgré le geste commercial de leur banque, pour Élodie et son mari “ce n’est pas une victoire”.
“On pensait mettre un coup de projecteur sur un prélèvement injustifié et que les établissements bancaires feraient une démarche plus générale pour changer le système. Mais aujourd’hui, ça ne reste qu’un geste commercial à titre individuel. Tous les parents vont devoir faire cette démarche. Ce n’est pas ce que l’on voulait”, regrette Élodie.
► Reportage de C. Olivari et L. Bignalet
Enquête nationale
Car la pratique est loin d’être une exception. En France, ces frais sont quasi-automatiquement prélevés par tous les établissements bancaires. Selon les banques, ils peuvent aller de 120 € à plus de 500 €.
"On demande à stopper ces frais bancaires. Ce n’est pas la première fois que les banques font preuve d’inhumanité, comme lorsqu’elles abandonnent des familles confrontées à la maladie d’un enfant, qui ne peuvent plus payer leur crédit”, analyse le fondateur d’“Eva pour la vie”.
Mais pour faire bouger les lignes, l’association ne se contente pas d’interpeller les banques. “On fait aussi appel à l’Etat, car il semble qu’il y ait un vide pour que les banques puissent mettre en place ces pratiques”, ajoute Stéphane Vedrenne.
Ils ont lancé une enquête nationale pour recenser l’ensemble des familles qui auraient vécu le même choc que les parents de Léo.