Ancien ministre du Budget, Thomas Cazenave a été auditionné, ce jeudi 7 novembre, devant la commission des Finances du Sénat. L'occasion pour le député girondin de justifier le mauvais état des finances publiques en avançant un mauvais calcul des recettes et des dépenses trop importantes de la part des élus locaux.
L'atmosphère s'alourdit à mesure que les minutes défilent et que les questions ne soient posées. "Comment se fait-il que vos services ont pu sous-estimer les recettes de l'Etat ?", interroge Marc Laménie, sénateur des Ardennes. "Que faisiez-vous, en tant que ministre délégué des Comptes publics, à propos de ces recettes ?", questionne de son côté Vincent Delahaye, sénateur de l'Essonne. "N'y a-t-il pas, chez vous, une volonté de faire porter aux autres votre irresponsabilité ?", demande Thierry Cozic, le sénateur de la Sarthe.
Thomas Cazenave, ancien ministre des Comptes publics, s'est présenté à la commission des finances du Sénat ce jeudi 7 novembre. Le député de la première circonscription de Gironde est entendu, devant des sénateurs de marbre, dans le cadre d'une mission d'information sur la mauvaise gestion des finances publiques. Il est invité à fournir des réponses et justifications, comme cela a été le cas pour l'ancien ministre de l'Economie Bruno Le Maire plus tôt dans la matinée.
Les recettes pointées du doigt
Thomas Cazenave, ne démord pas : "le déficit de la France n'est pas lié à un problème de dépenses publiques de l'État. Les dépenses sont même inférieures à leurs prévisions." Selon le Bordelais, ce qui explique en grande partie le déficit budgétaire de l'Etat n'est autre que les mauvaises prévisions de recettes. Comment, dans un contexte de bonne croissance, les recettes ne sont-elles pas rentrées ?, s'interroge-t-il au micro. Avant de conclure : j'ai quitté Bercy sans répondre à cette question."
Entre les sénateurs et l'ancien ministre des Comptes publics, les échanges dévient rapidement sur le second argument de l'ancien ministre. "L'autre raison qui explique le déficit, avance Thomas Cazenave, est la dépense des collectivités territoriales. Les élus locaux ont pesé sur le déficit public." Une vision qui n'est pas pour plaire aux sénateurs présents. Thierry Cozic, sénateur de la Sarthe, rétorque : "les politiques locaux luttent pour boucler leurs budgets. N'y a-t-il pas, chez vous, une volonté de faire porter aux autres votre irresponsabilité ?"
Les élus locaux vont apprécier vos propos, monsieur. Vous mettez du vinaigre sur la plaie.
Jean-François HussonSénateur de Meurthe-et-Moselle
Aussitôt, l'ancien ministre des Comptes publics défend son propos : "Je le redis, les collectivités ne sont pas responsables du déficit. Ce ne sont pas de mauvaises gestionnaires, mais elles n'ont pas intégré le ralentissement de leurs dépenses. On a quand même le droit de le dire." Puis, il appuie : "quand leurs dépenses sont très dynamiques, cela se traduit en déficit. Alors, c’est normal de leur demander de participer."
Le budget des collectivités menacé
Les élus locaux dénoncent de leur côté, depuis plusieurs semaines, les coupes budgétaires décidées par le gouvernement sur les budgets de leurs collectivités dans le cadre du Projet de loi de finances (PLF). À Bordeaux, des affiches ont été installées sur les grilles de la mairie : "Vous préférez priver tous les élèves de cantine ou supprimer la police municipale ?" Claudine Bichet, adjointe chargée des finances, avance une perte possible de plus de 16 millions d'euros pour la mairie de Pierre Hurmic.
Ces demandes émanant du gouvernement menacent des projets locaux, mais aussi d'ampleur. En 2021, le département des Pyrénées-Atlantiques s'est engagé à fournir 54 millions d'euros à la construction de la LGV reliant Bordeaux à l'Espagne. Un accord de principe aujourd'hui questionné au regard des pertes possibles pour le département, estimées à plus de 68 millions d'euros en 2025. De son côté, la région Nouvelle-Aquitaine est invitée à débourser 126 millions d'euros. Une nouvelle qui a provoqué à Alain Rousset, président de la Région, "une colère liée à l'incompétence des membres de Bercy. Il faudra assumer".