Face à l'afflux de miel d'importation dans les rayons des grandes surfaces qui est beaucoup moins cher, la colère des apiculteurs gronde. Les miels étrangers sont privilégiés par la grande distribution. Résultat, le stock de miel produit en Limousin s'accumule. Cette situation inédite est dénoncée par un apiculteur de la région.
Une opération coup de poing contre la grande distribution. La Confédération paysanne avait dans le viseur les produits d’importation des rayons du Carrefour de Boisseuil, le 27 janvier 2024. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, les apiculteurs, en première ligne, dénoncent la provenance de miel venant de Chine ou du Mexique en remplissant des chariots de bocaux de miel.
Guillaume Anténor, apiculteur, membre de la Confédération paysanne et président de l'Association de Développement de l'Apiculture Nouvelle Aquitaine a participé à cette opération. Il exploite 700 ruches. Installé depuis 2016 en Haute-Vienne, il possède des parcelles dans la commune de La-Roche-l'Abeille. Il dénonce le manque de visibilité de la production française et le recours massif à l'importation.
"C'est un miel à bas coût qui coûte à peu près deux euros le coût de production pour un producteur étranger, qu'il soit ukrainien, chinois ou espagnol, alors que nous, nous sommes à des coûts de production à treize euros. Nous ne pouvons pas lutter face à cette concurrence déloyale", regrette le président de l'association.
C'est un miel à bas coût qui coûte à peu près deux euros le coût de production pour un producteur étranger, qu'il soit ukrainien, chinois ou espagnol.
Guillaume Anténorapiculteur, membre de la Confédération paysanne et président de l'Association de Développement de l'Apiculture Nouvelle Aquitaine
Des cumuls de stocks
Dues à ces importations, les récoltes de l'année dernière ne se sont pas vendues. Une miellerie coopérative de Saint-Yrieix-la-Perche, en Haute-Vienne, a par exemple dix-huit tonnes de miel invendues, stockées dans ses fûts. Selon le professionnel, 200 tonnes de miel seraient ainsi stockées faute d’être commercialisées en Limousin. Les méthodes des grossistes en seraient la cause.
"Il y a des conditionneurs qui ont rompu leur contrat avec les apiculteurs. En ce qui nous concerne, le semi-gros, c'est-à-dire qu'on met en pot, nous-mêmes, notre miel, ce sont nos clients qui ont baissé leur commande au fil du temps sur l'année 2023", explique Guillaume Anténor.
Ce contexte est une première pour la filière. "On peut assister à des baisses de vente de 50% dans la grande distribution où certains points de vente de miel bio. C'est dramatique."
L'apiculteur appelle de ses vœux la mise en place de prix plancher et une régulation des importations au profit du miel français.