Basket. "Laissez-nous le temps" : 2024, année décisive pour le Limoges CSP

Sportivement, le club pointe seulement à la 14ᵉ place du championnat de France après le retrait de deux victoires pour sa mauvaise gestion financière la saison passée. Sur les plans financiers et juridiques, plusieurs observateurs s’inquiètent de la situation, alors que le président Didier Jamot se montre optimiste.

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Comment le Limoges CSP va-t-il finir l’année ? Dans ses vœux, le président Didier Jamot est très serein : "Je me réjouis de l’amélioration nette de nos finances et de l’assainissement de la gestion quotidienne du club. Il nous reste à continuer ce travail et à compter sur nos joueurs et le staff sportif, qui ont réalisé une première partie de saison très prometteuse. L’objectif des playoffs reste à notre portée."

Joueurs pénalisés

Dans les faits, la situation paraît moins rassurante. Côté sportif, le club est 14ᵉ du championnat de France, avec une équipe qui s’est jusqu’ici bien battue sur le terrain et qui a gagné la moitié de ses matchs.

Mais c’est sur "tapis vert" que la situation s’est corsée en 2023. Pour des questions de budget, nous y reviendrons, la Ligue nationale de Basket a retiré trois victoires au CSP, un chiffre réduit à deux victoires en appel par la Fédération. La conséquence sportive reste lourde et les ambitions de l’équipe seront compliquées à tenir. L’impact sur le moral des joueurs est encore difficile à mesurer.

Quelles finances ?

La situation est préoccupante aussi sur le plan financier. Le CSP a connu l’année dernière un déficit estimé à un million d’euros sur un budget de six millions.

Malgré ce coup de tonnerre, l’équipe responsable a été reconduite. L’actionnaire principale, Céline Forte, mise toujours sur son gendre Guillaume Lanave pour occuper le poste de directeur commercial. De nouveaux actionnaires sont arrivés, mais leur profil étonne plusieurs observateurs, comme le site dédié au CSP Beaublanc.com, qui les présente sous un jour "pas aussi reluisant qu'un communiqué officiel du club". On découvre ainsi le jeune créateur d’une école de formation au sport business, qui devait nous parler, et puis finalement non, un homme d’affaires parisien qui ne répond pas à nos sollicitations, et le gérant de plusieurs supermarchés de l’Indre que nous n’avons pas pu joindre, épinglé par le passé pour une affaire de photos de femmes dénudées sur les réseaux sociaux pour vanter la baisse du prix de ses carburants.

Aujourd’hui, les prévisions sont nickel.

Didier Jamot, président du Limoges CSP

France 3 Limousin

Didier Jamot ne connaît pas bien ces actionnaires, et selon lui, c’est Céline Forte qui les a mobilisés : "Ce n’est pas moi qui les ai fait rentrer, je n’ai pas à les juger. Pour l’instant, ce sont des gens qui mettent l’argent qu’il y a à mettre."

Dans un contexte déjà tendu, avec les mêmes personnes aux commandes, les problèmes de gestion apparus la saison dernière vont-ils se reproduire ? En coulisses, certains jugent que les prévisions de recettes pour l’année paraissent déjà très ambitieuses. Didier Jamot, lui, se montre confiant : "Quand on a des contrats signés, il n’y a pas de soucis. Les banques peuvent aider pour passer un moment faible, si moment faible il y a. Aujourd’hui, les prévisions sont nickel. Tout le monde est payé, on a une avance de trésorerie qui est nickel, meilleure que l’année dernière."

Doutes sur la gestion

L’autre inquiétude concerne la situation judiciaire du club. En effet, si le Limoges CSP a été sanctionné par la Ligue, ce n’est pas à cause de son déficit, mais pour l’insincérité de ses comptes. La Ligue dit avoir appliqué l’article 52-2-1-2 de son règlement, sur la "Présentation de comptes ou de documents prévisionnels non-fidèles et sincères". Le Conseil Supérieur de Gestion a constaté "une dégradation significative entre l’estimé des comptes au 30 juin 2023 et les comptes clôturés au 30 juin 2023."

Depuis, le CSP semble rester dans le collimateur de la justice sportive. Une nouvelle sanction pourrait menacer sévèrement le maintien du club dans l’élite du basket français.

Supporters inquiets

Face à ces sujets sensibles, le public de Beaublanc n’est pas serein. Le groupe des Ultra Green a publié en décembre un communiqué qui illustre une préoccupation profonde. La lettre s’adresse directement à Céline Forte : "Sortez de votre silence, levez les doutes (…). Démontrez-nous que nous avons tort de tirer le signal d’alarme et de nous inquiéter de la sorte. Nous attendons des réponses publiques, claires, chiffrées, vérifiées et vérifiables."

Il y a des choses qui vont sortir, mais laissez-nous le temps.

Didier Jamot, président du Limoges CSP

France 3 Limousin

De son côté, Didier Jamot demande du temps pour préparer l’avenir : "Il faut laisser travailler les gens qui sont au club en ce moment. On redonne de la vision, ça ne se fait pas dans un claquement de doigts. Il y a des choses qui vont sortir, mais laissez-nous le temps."

En l’absence de communication officielle de Céline Forte, qui n’a pas répondu à notre sollicitation du jour, la situation semble donc encore floue et les inquiétudes réelles. En cas de condamnation en justice ou en cas de dépôt de bilan, le risque pour l’institution est une rétrogradation sportive comme le CSP l’a connu en 2004. La pente serait alors une nouvelle fois difficile à remonter. À l’époque, c’est Fred Forte qui avait relevé le club, et son nom est encore associé à cette renaissance. Six ans après son décès, sa famille est toujours là, mais on ne connaît pas l’avenir de son héritage. 

 

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