Témoignages. Insécurité dans le quartier de Beaubreuil : la difficile reconstruction d'une vie associative abimée

Publié le Écrit par Noëlle Vaille

En juillet dernier, après la série d'incidents et de dégradations qui ont suivi la mort du jeune Nahel, la Maison des associations de Beaubreuil a fermé ses portes dans nord de Limoges. Les structures qui y étaient installées depuis plusieurs années ont dû quitter la tour emblématique. La plupart ont été relogées, certaines ont quitté le quartier. Nous les avons recontactées.

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Dans le quartier de Beaubreuil, l’allée Fabre d’Eglantine est devenue particulièrement déserte et sinistre. Plus encore, depuis la fermeture de la Maison des associations. Condamné à la destruction dans le cadre de la rénovation urbaine, l’emblématique bâtiment avec son escalier multicolore animait le quartier. Les allées et venues se sont brusquement arrêtées de manière anticipée, début juillet 2023. Après la mort du jeune Nahel, une vague d'incidents violents s'est produite dans différents quartiers de Limoges et la mairie a décidé de fermer le lieu pour des raisons de sécurité.

Conséquences, les quelques associations, qui habitaient encore les lieux, ont dû déménager. 

Avec Limoges Habitat, nous avons relogé toutes les associations qui nous ont fait des demandes, soit dans des locaux seuls, soit dans des locaux mutualisés.

Catherine Mauguien-Sicard

Résidente de Limoges Habitat et maire-adjointe en charge de la rénovation urbaine à Limoges.

Pour l'association "Mes Mains en or", qui avait besoin de vastes locaux, la solution a été trouvée avec le maire du Palais-sur-Vienne où la structure a désormais ses locaux. 

De l’autre côté de l’avenue

Parmi les autres associations de l'ancienne tour, le Réseau d’échanges réciproques de savoirs, après plus de trente ans dans l'allée Fabre d'Eglantine, a dû également déménager. Désormais installé au 44 rue Rhin et Danube, « de l’autre côté de l’avenue de Beaubreuil » précise Chantal Nouhaud Léger, sa présidente, il occupe un « local un peu plus petit, mais très beau ».

Depuis six mois, l’association a pris peu à peu ses marques : « Ça a été un peu difficile en septembre, tous nos adhérents ne sont pas revenus, mais nous avons récupéré de nouveaux arrivants grâce à un partenariat avec le centre social ». Le Réseau, qui a conservé sa salariée, a ainsi pu développer ses ateliers couture et bien-être.

Seul bémol, mais de taille, les inquiétudes par rapport aux finances de l’association. Car ce déménagement a un coût : 

Notre loyer est passé de 180 à 480€. On ne sait pas si on va réussir à payer une telle somme toute l’année.

Chantal Nouhaud Léger

Présidente du Réseau d'Echanges réciproques de savoirs

L’association espère que les adhésions et les subventions lui permettront de rester dans ce nouveau local. 

Beaub’Fm change de quartier

L’association la plus connue d’allée Fabre d’Eglantine, la radio Beaub’FM, a dû, elle aussi, déménager dans l’urgence cet été. « On est parti avec ce qu’on avait sous le bras et on a déménagé au fur et à mesure », explique Sara Péhau, l’administratrice de la radio. Hébergés dans un premier temps par une autre association, les quatre salariés et la quarantaine de bénévoles ont dû quitter le quartier. Ils sont aujourd’hui installés au centre Jean-Moulin, dans des locaux temporaires. Car l’association s’apprête de nouveau à déménager, cette fois-ci définitivement rue Henri-Giffard, en zone nord de Limoges.

« Nous allons nous installer dans les locaux de l’APMAC*, car ils ont acheté un bâtiment suffisamment grand pour nous accueillir », poursuit Sara Péhau.

La difficulté pour la radio reste son émetteur, toujours installé sur la tour de la Maison des associations.

Nous ne pouvons pas l'installer à notre nouvelle adresse. Nous allons voir si on peut le mettre sur un autre immeuble de Beaubreuil.

Sara Péhau, administratrice de la radio Beaub'FM

Le coût de ce déménagement va être d’environ quinze mille euros.

Quant au fait de quitter son quartier éponyme, l’association est fataliste : « Nous n’avions pas le choix. Mais nous allons garder le lien avec les différents acteurs du quartier (centre social, Beaubreuil Vacances Loisirs, collège Firmin Roz…), avec qui nous sommes partenaires depuis des années ».

Les autres associations 

Association historique du quartier, SOS racisme a été créée en 1987 dans le cadre du Développement social des quartiers (DSQ). Comme les autres occupants de la Maison des associations, elle n’a plus accès à ses locaux depuis l’été dernier. 

Nous avons dû mettre l’association en sommeil car nous ne pouvons plus accueillir les personnes physiquement et on ne peut pas tout faire par téléphone.

Michèle Gayot, la trésorière et accompagnatrice sociale à SOS Racisme Limoges

L’association a traité les dossiers en attente, et malgré les nombreuses demandes, n’a pas pu prendre en charge de nouveaux dossiers.

Conséquence de cette fermeture subite, SOS Racisme aussi s’apprête à quitter Beaubreuil. Avec Limoges Habitat, l'association a fini par trouver de nouveaux locaux. Le bail vient d’être signé. Ces nouveaux locaux sont situés au 3 rue Verdi, dans le quartier Bellevue, à proximité du centre hospitalier Esquirol. « Il nous reste l’état des lieux à faire, mais les locaux sont bien et suffisamment grands. Nous recherchons une autre association pour faire une colocation et partager les frais » poursuit Michèle Gayot. Car là aussi, ce changement d’adresse coûte cher. L’association doit désormais débourser près de 300€ par mois, le double de ce qu’elle payait à Beaubreuil.

Pour autant, cette bénévole n’a pas de regret : « C'est dommage pour le quartier. Moi, ça fait vingt ans que j’y vais, mais c’est devenu trop compliqué. L’ambiance s’est dégradée, les jeunes sont violents et imprévisibles. La Maison des associations est sans cesse squattée et dégradée. Donc, honnêtement, je n’ai plus envie d’y aller ».

À lire aussi : Drogues à Limoges : dans les coulisses du trafic

Prévue depuis l’an dernier, la fermeture de la Maison des associations de Beaubreuil entraîne aussi la disparition de certaines associations. C’est le cas de l’Association limousine des chômeurs. La petite structure qui proposait des formules « shampoing-coupe-couleur » à moins de vingt euros a dû mettre la clé sous la porte.

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En avril 2023, la Maison des associations de Beaubreuil était encore occupée par une dizaine d'associations. Suite à l'annonce de sa démolition, les structures s'inquiétaient pour leur avenir. Depuis, toutes ont déménagé dans le quartier ou ailleurs et quelques une ont disparu. ©France 3 Limousin

*APMAC : plateforme professionnelle d’accompagnement technique et de location de matériel pour les spectacles et les projets culturels.

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