Lancé quelques jours avant le premier tour, l’appel à "battre l’extrême-droite pour que perdurent les libertés et les dignités fondamentales en Limousin et en Nouvelle-Aquitaine" recueille plus de 140 signatures de professionnels issus du secteur de la culture.
Le texte est bref. Sébastien Mahieuxe, Alexis Mazade, responsables de la Ferme de Villefavard, et Thomas Desmaison, directeur du théâtre du Cloître à Bellac, sont à l’origine de cet appel. Les deux structures sont implantées dans des zones très rurales. "On en a assez que le secteur culturel ne décide pas de dire haut et fort que non, ce n’est pas acceptable", explique Thomas Desmaison.
Face à ce qu'ils qualifient d'atonie locale, ces acteurs incontournables de la vie culturelle limousine se sont lancés, dans le sillage de l’appel lancé au niveau national par les organisations syndicales : "Nous, professionnels du secteur culturel en Limousin, appelons à une large mobilisation pour battre l’extrême droite le 7 juillet prochain. Face au danger que représente l’extrême droite pour le vivre-ensemble, pour le respect des droits à la libre expression de tous et toutes et la cohésion de nos territoires, nous mesurons pleinement notre responsabilité dans ce moment déterminant de l’histoire de France."
Depuis le premier juillet, plus de 140 professionnels issus de Creuse, Corrèze et Haute-Vienne, ont ajouté leur signatures parmi lesquelles des membres du Festival Labyrinthe de la Voix, de l'association Graines de Rue, du Théâtre de l’Union - CDN du Limousin, du Centre Régional des Musiques Traditionnelles en Limousin, du Sirque de Nexon, Peuple et Culture Corrèze ou encore du Théâtre Jean Lurçat - scène nationale d'Aubusson.
Inquiétude autour de l'avenir de la culture
Les initiateurs de l’appel décrivent un secteur culturel tétanisé face à la banalisation des idées du Rassemblement national. La Ferme de Villefavard, qui a pour devise "ruralité, culture et imaginaire", est labellisée "Centre culturel de rencontre". Véritable fabrique à spectacles, elle reçoit des artistes en résidence, notamment des musiciens classiques. Son Festival du Haut-Limousin, qui débute le 11 juillet, est une institution. Mais l’édifice apparaît soudain fragile, selon les signataires. "L’État est notre premier financeur. Si l’État décide de se désengager du financement public d’un lieu comme celui-ci, c’est plusieurs emplois qui seront directement en jeu, et c’est la pérennisation même du projet culturel que nous portons autour de la ruralité et des imaginaires qui pourrait être remis en cause", résume Alexis Mazade.
La prise de parole, le 13 juin, de Pauline Garraud (RN) dans l’hémicycle du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a été vécue par les acteurs du secteur culturel comme l’avant-goût de ce que produirait une victoire du parti lepéniste au second tour des législatives. Ce jour-là, l'élue régionale précise que son parti préfère s'abstenir à propos d'une subvention allouée à la scène de musique actuelle de Tulle, Les Lendemains Qui Chantent, pour l’organisation de son évènement baptisé "Trouble Night". Elle émet ainsi de nombreuses réserves et critiques sur ce rendez-vous (la séance concernant ce point à suivre à partir de 8h04'16).
La scène culturelle, sur son site, présente un rendez-vous "où les propos homophobes, lesbophobes, transphobes, grossophobes, xénophobes, et toutes les formes d’oppression sont strictement bannies". "Cette intervention de la conseillère RN est emblématique des craintes que nous avons de ne plus pouvoir travailler librement pour proposer une offre culturelle ouverte à tous et toutes quel que soit son genre, son origine, sa race, sa classe sociale", avance Alexis Mazade, responsable de l’action culturelle de la Ferme de Villefavard.
Le directeur du Théâtre du Cloître, Thomas Desmaison, rappelle que le Limousin a été une terre de résistance. Ce dernier est à l'origine de plusieurs alertes, sur les dangers qui guetteraient le monde du spectacle, notamment sur l'antenne de France 3 Limousin en 2023. Quelques signaux récents ne sont pas de nature à le rassurer. "Nous avons été victimes de dégradations de certaines de nos communications en espace public, parce qu’on voit monter une tendance réactionnaire forte. Mais qui n’est pas majoritaire", estime toutefois ce professionnel de la culture.
De son côté, le Rassemblement national assure qu'il n'y aura pas d'atteinte à la liberté de création, mais, selon Albin Freychet, Albin Freychet, candidat RN de la 3ᵉ circonscription de Haute-Vienne, "ce que nous nous refusons par contre, c'est la gabegie wokiste de la culture. Par exemple, au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, régulièrement, nous ne votons pas certaines subventions parce qu'elles viennent subventionner des spectacles qui peuvent être vulgaires, voire racistes, voire même violentes, qui font parfois la promotion de la drogue, c'est ce genre de choses-là que nous refusons."
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Pour assister au débat de l'entre-deux-tours entre ce candidat et les deux autres candidats de cette circonscription, la députée sortante, Manon Meunier, Nouveau Front populaire-LFI, Gilles Toulza, LR, rendez-vous sur notre plateforme France.tv.