Avec les préoccupations écologiques, et le grand retour de la consommation locale, le vin nature a de beaux jours devant lui. Mais pour certains cavistes limousins, la tendance n'est pas encore très suivie par leur clientèle en Limousin. Le point également en Nouvelle-Aquitaine dans cette édition du 18 h 40 consacré à cette tendance.
Synonyme d'un retour aux sources et d'une révolution écologique pour certains, mais avec un manque de goût et de choix pour les autres... Le vin nature est clivant, entre aficionados et admirateurs et/ou producteurs de vin conventionnel.
Qu'est-ce que le vin "nature" ?
Un vin naturel, ou vin nature, est un vin auquel aucun produit chimique de synthèse ou intrant œnologique n'a été ajouté lors de sa vinification, outre, parfois, une faible dose de soufre (jusqu’à 30-40 mg/l de SO2 total). Cependant, cette dénomination n'est pas réglementée, et ne fait donc pas l'objet d'une certification sur un cahier des charges défini.
Si le vin nature est à la mode avec le développement des préoccupations liées à l'environnement, au changement climatique, et au retour de la consommation locale, il existe depuis le début du XXᵉ siècle.
Vin nature, une histoire de famille
Jean Moulène produit 5000 litres de vin dit "naturel" sur ses 2 hectares. Pour lui, ce n'est pas une nouvelle tendance, mais la poursuite d'une tradition familiale, selon les enseignements de ses parents et de ses grands-parents.
Ce producteur nous a accueillis sur ses terres, le sourire aux lèvres, pour nous expliquer sa philosophie et sa façon de travailler sur sa parcelle toute verte.
Il ne compte pas les heures pour sélectionner les tiges et les bourgeons, une activité minutieuse, mais aussi un gros travail d'observation : "c'est le respect du vivant. Que ce soit les plantes, les animaux, les insectes qui sont avec nous. Des fois, on voit des lièvres, des perdreaux, des faisans dans les vignes, c'est valorisant, je trouve"
Le Corrézien est aussi très fier de ses couverts végétaux, semés après les dernières vendanges : "l'avoine et les céréales décompactent le sol avec leurs racines. La féverole, elle, capte l'azote de l'air, pour le restituer aux plans des vignes".
Et pour aider ses vignes à être en bonne santé, le viticulteur coupe des orties : "Le temps couvert et le froid peuvent contrarier la poussée des vignes. L'ortie les aide à passer ces caps des nuits fraîches et des temps pluvieux".
Dans son vin nature, il met environ un gramme et demi de soufre par hectolitre : "Cela reste des vins vivants, ce qui signifie que leur goût change".
Qu'en pensent les cavistes limousins ?
Le vin nature est un vin vivant, raison pour laquelle Guillaume Joubin, gérant du "Comptoir des Vignes" à Limoges, propose seulement quelques bouteilles dans sa sélection : "certains ont de très bons résultats, mais d'autres, qui ne sont pas stables en soufre, ont un goût très prononcé, terreux, parfois même vinaigré". Il en propose quand même à ses clients, bien que la demande soit présente, mais pas en hausse. "Pour moi, peu importe que le vin soit naturel, bio, ou conventionnel : je défends le vigneron, son domaine, et le terroir".
Même son de cloche dans la boutique "Côté Millésimes" à Guéret. Erika Boutinaud, sa propriétaire, préfère vendre "l'histoire" du vigneron : "si un producteur avec lequel je travaille se met au vin nature, je le vendrai évidemment ! Mais ce qui est important pour moi, c'est de travailler avec des viticulteurs soucieux de leur production et de leurs terres".
