Témoignage. "J'étais arrivée au bout de mon rôle de mère" : le soulagement de la maman de Jeanne, 10 ans, qui bénéficie enfin d'un suivi psychiatrique

Publié le Écrit par Catherine Bouvet

Dans un article précédent Delphine appelait à l'aide pour sa fille. Jeanne, 10 ans, souffrant de troubles de l'attention (TDAH), ne pouvait accéder à aucun accueil psychiatrique avant l'âge de 13 ans, dans les Landes où elle habite. Après avoir alerté les services médicaux puis le grand public, la petite fille a pu trouver un lieu de vie encadré et, par ailleurs, être enfin suivie par des professionnels de ce trouble.

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"Je l'appelle tous les soirs, pour voir comment s'est passée sa journée". Au téléphone, la voix de Delphine est douce et posée. Cette mère de famille avait témoigné en octobre auprès de France 3 Aquitaine.  Elles et sa fille Jeanne (les prénoms ont été modifiés à leur demande) se trouvaient alors dans une situation dure émotionnellement et inextricable administrativement.

À court de solution, épuisée et désemparée face à la souffrance de sa fille de 10 ans, Delphine avait lancé une pétition en ligne, en octobre 2024. Un appel à l'aide pour exiger "des soins pédo-psychiatriques pour les enfants des Landes", alors que la petite Jeanne, diagnostiquée souffrant de TDAH  vivait un épisode de décompensation psychique accompagné de crises d'angoisse et de colères violentes et destructrices. Sans que sa mère, elle-même épuisée et ayant dû être hospitalisée, ne réussisse à lui obtenir une prise en charge psychiatrique.

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Depuis, les choses ont changé. Depuis fin octobre, Jeanne est hospitalisée à la clinique Montpribat, à Montfort-en-Chalosse. "C'est une clinique pédiatrique, donc ce n'est pas une clinique psychiatrique. Mais pour l'instant, c'était tout ce qu'on pouvait nous proposer déjà en termes de répit et de surveillance", explique Delphine

Un appel à l'aide

Au-delà de son cas, Delphine voulait aussi alerter sur le manque de soins psychiatriques et pédiatriques dans les Landes. Aujourd'hui encore, elle reçoit des appels liés à la pétition et elle espère que la situation va évoluer pour les enfants comme sa fille. "Ça aide Jeanne, c'est une chose. Mais si ça peut sauver ne serait-ce qu'un enfant et sa famille sur toute la France. Pour moi, c'est gagné".

Son appel à l'aide avait été relayé dans la presse, et la famille bénéficiait du soutien  du centre hospitalier Layné de Mont-de-Marsan qui avait pu ponctuellement l'hospitaliser. C'est d'ailleurs "grâce au Dr Marque et son équipe", du CH de Mont-de-Marsan, qu'elle a pu trouver cette place à Montfort-en-Chalosse. Un soulagement pour toute la famille. 

Déjà, je souffle. Parce que, c'est horrible à dire, mais ce n'était plus vivable !

Delphine

Maman de Jeanne, 10 ans

Depuis un mois et demi, la famille a pris un rythme différent. "Je retrouve quand même une certaine sérénité. Et les week-ends où elle rentre, en fait, je n'appréhende pas", assure la maman.
"En fait, je me suis enfin sentie entendue". Et surtout, elle souhaite "que ça continue", même si elle sait que rien n'est gagné. "On sait très bien que ça sera long, que ce sera difficile, qu'il y aura des hauts, beaucoup de bas, des bas difficiles."

Je ne suis pas médecin, je ne suis pas psychiatre. Et j'étais arrivée au bout de mon rôle de maman.

Delphine

Mère de Jeanne

L'école, des copines

Ses journées sont désormais rythmées par l'école le matin et l'après-midi, en version allégée au sein même de la clinique. "C'est une heure et demie matin, une heure et demie l'après-midi. Il y a un maître et une maîtresse qui font les cours. Après, les éducateurs leur font faire des activités. Elle voit une psychologue une fois par semaine".

Le reste du temps, Jeanne partage son temps avec les autres enfants, comme sur le principe d'un internat. Eux, ont d'autres problèmes de santé (cancer ou troubles de la nutrition, notamment). "Elle s'est fait quelques copines. Elle partage sa chambre avec elles. Ça se passe plutôt bien", sourit Delphine. "Elle est super contente d'y être. Elle est bien entourée".

Jeanne retourne chez elle en famille un week-end sur deux, pour l'instant. "Et le week-end où elle ne rentre pas, je peux aller la voir en visite le dimanche". Comme dit sa maman, Jeanne "reste aussi une petite fille de 10 ans", qui a besoin d'encouragements. "Ce n'est pas facile. Elle se plie quand même plutôt bien à toutes les contraintes. Donc, je la félicite énormément". 

Une prise en charge médicale

C'est un premier grand pas pour Jeanne. Delphine est surtout heureuse d'avoir enfin obtenu une prise en charge médicale. "On a eu enfin le rendez-vous qu'on attendait à Bordeaux, au Crédah". Le Centre de référence déficits de l’attention et hyperactivité de l'hôpital Charles Perrens à Bordeaux aide les enfants, adolescents et les parents concernés par le TDAH.

Le 5 décembre dernier, Jeanne et sa mère ont pu rencontrer la chef de service "pendant deux heures". Un rendez-vous qui a confirmé le besoin de prise en charge spécialisée recommandée par les soignants de Mont-de-Marsan comme de l'équipe mobile de psychiatrie. Un prochain rendez-vous est déjà prévu mi-janvier.

Déjà, on lui a prescrit un traitement depuis huit semaines, un neuroleptique. . "C'est un régulateur d'humeur. Ça semble bien porter ses fruits sur le plan de gestion des émotions, de la colère, de la frustration", assure Delphine. Maintenant, il va falloir "réguler la partie concentration-attention" avec un autre traitement pour lequel elle serait suivie "en structure". 

"Ce que je demande depuis le départ, c'est qu'il y ait une prise en charge pour éviter une décompensation. Parce que l'adolescence, déjà pour un gamin stable, ça ne se passe jamais sans heurt, c'est une période un peu charnière", avance Delphine qui s'inquiète à l'idée que sa fille aille chercher du réconfort " dans différentes addictions ou conduites à risque". 

"Le combat d'une vie"

Jeanne et sa sœur Salomé terminent l'année mieux qu'elles ne l'avaient commencée. "Les moments où elles sont ensemble, ça se passe beaucoup mieux. Quand je vois que ça commence un petit peu à partir en dispute, je mets le hola direct. Tout le monde arrive à retrouver un petit peu une place", se réjouit leur mère. Et surtout, elles savourent ces moments d'échanges sans tension, "sans vivre tout le temps la boule au ventre en attendant le prochain conflit, la prochaine crise et le prochain pétage de câbles."

Pour autant, Delphine sait que cette forme de trouble peut perdurer chez sa fille.

Je sais très bien que ça sera le combat d'une vie, la sienne et celle de ses proches. Il faut être clair là-dessus.

Delphine

à propos du trouble TDAH dont souffre Jeanne

Mais elle tient à apprécier les progrès et peut, enfin, aborder plus sereinement l'avenir : "avoir un petit peu de répit et d'avoir plus de bons moments que de mauvais, ça change la donne", sourit-elle.

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