Hydrocarbures, dauphins retrouvés morts, huîtres contaminées… A l'image des côtes françaises, le littoral atlantique est menacé chaque jour par la pollution et, selon France Nature Environnement, par le manque d'ambition du gouvernement.
Et si vous écriviez aux préfets et aux élus pour leur dire à quel point vous êtes précoccupés par la dégradation des milieux marins? C'est l'idée de la fédération France Nature Environnement, qui vient de lancer une campagne, #DéfendsTaMer pour inciter les citoyens à prendre à partie les pouvoirs publics et à réclamer des objectifs exigeants sur la protection des mers et océans.
La France prépare actuellement quatre documents stratégiques de façade, rappelle la FNE. Des textes décisifs, qui pourront être présentés en justice par des citoyens ou des associations qui souhaitent contester un projet qu'ils estiment néfastes pour l'environnement. C'est donc, le moment pour les citoyens, de faire connaître aux élus les revendications et objectifs qu'ils souhaitent voir inscrits dans ces textes.
Quelles sont les priorités en Nouvelle-Aquitaine ? Avec l'actualité récente, l'opinion a été alertée de l'arrivée possible de galettes d'hydrocarbures, issues du fuel du Grande America. Le porte-conteneur italien a sombré au large de la Rochelle le 12 mars.
Mais le danger n'est pas cantonné aux boulettes sur les plages du littoral. L'océanographe et ancien chercheur au CNRS et au CNEXO (Centre national pour l'exploitation des océans) Jean-Marie Froidefond, rappelle que le navire a sombré par 4 600 mètres de fond avec des conteneurs de produits toxiques.
Ces conteneurs auront forcément des fuites.
"Ces conteneurs auront forcément des fuites un jour. Or, à l'endroit où le bateau a sombré, le courant de fond remonte le long de la falaise pour atteindre le plateau continental. Ces upwellings, des remontées d'eau froide vers la surface, sont très riches en nutriments, prévient-il. Ce sont également des zones où il y a beaucoup de pêche..."
A ces inquiétudes sur l'intoxication de la faune marine, s'ajoute l'incertitude sur la dilution des hydrocarbures dans l'eau.
"Ce n'est pas un problème franco-français, mais européen, déplore Jean-Marie Froidefond. On laisse partir des bateaux qui ne sont pas en bon état, sans vérifier si les conteneurs sont bien arrimés. Il n'y a pas de contrôle à la sortie des ports."
Une législation pas assez ambitieuse
Que ce soit sur les sacs plastiques retrouvés sur les plages après chaque tempête, la présence de pesticides dans les mers, "80% de la pollution marine vient de la terre", l'échouage de dauphins, ou l'absence de station de nettoyage de coques de bateaux sur le port d'Arcachon, l'habitant de Gujan-Mestras, engagé au sein de la Sepanso, met en cause l'absence, ou le manque d'ambition de la législation. "On paie des dizaines d'années de retard, on n'a pas agi assez rapidement", accuse-t-il.
Les intérêts économiques passent toujours avant le reste. On cède face à des pressions, sans tenir compte des intérêts écologiques.
Solidarité amont-aval
Jean-Marie Froidefond appelle de ses vœux une plus grande coopération dans l'ensemble de la région, notamment sur la question de la gestion de l'eau. Il cite la retenue d'eau de Caussade, voulue, et réalisée illégalement par des agriculteurs du Lot-et-Garonne."L'eau douce qu'ils veulent retenir, est soustraite à tous ceux qui se trouvent en aval. Cette retenue va pénaliser l'aquaculture, c'est l'exemple même d'une mauvaise gestion de l'eau. Il faut une véritable solidarité amont-aval !"
"Rien n'est jamais assuré"
Seule source d'optimisme reconnue dans ce sombre tableau, les récentes mobilisations des jeunes pour le climat. "C'est une bouffée d'oxygène. La société civile peut faire avancer les choses par son action, se réjouit-il, avant de lancer un avertissement. Il faut rester vigilant, on peut toujours avoir un retour en arrière. Dans ce domaine, rien n'est jamais assuré".