Colère des agriculteurs : "on ira jusqu'au bout pour se faire entendre", menace la Coordination rurale

Les agriculteurs du Lot-et-Garonne et de la Dordogne ont répondu à l'appel de la coordination rurale pour le deuxième sursaut de la colère paysanne, qui avait déjà enflammé la France en début d'année. Après avoir bloqué un rond-point, ils se sont rendus devant la préfecture d'Agen pour manifester. À Périgueux, en Dordogne, des dizaines de tracteurs ont investi le centre-ville, chargés de déchets et de lisier.

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Un peu avant 13h30 ce 19 novembre, la remorque du tracteur bascule et déverse son contenu devant les grilles de la préfecture d'Agen. Des morceaux de bois, du matériel usagé, se retrouvent aux pieds des CRS, ou presque. Autour, les hommes et femmes en jaune sont satisfaits, ils ont atteint le but du jour. Jaune, comme les bonnets revêtus par ces agriculteurs en colère, aux couleurs de la coordination rurale. Avec, au dos de leurs gilets cette phrase : "Foutez-nous la paix ! Laissez nous travailler !" Comme une incantation, un graal difficile à atteindre.

Une heure plus tôt, dans le journal télévisé de France 3 Aquitaine, ICI 12/13, José Pérez, le coprésident de la coordination rurale du Lot-et-Garonne, répondait aux questions. Il semblait pessimiste quant à l'issue de la discussion du jour. "Ça fait 10 mois, on était devant la même préfecture et on n'a rien obtenu !"

Aujourd'hui le monde agricole est en détresse. C'est une catastrophe financière et les agriculteurs sont à bout !

José Pérez

Coprésident de la Coordination Rurale CR47

Situation "catastrophique"

Partout en France, les agriculteurs de tous les départements demandent des comptes à leur préfet. Il en est de même à Agen."On veut que M. le préfet se rapproche de la plus haute autorité, afin de répondre à nos revendications", poursuit José Pérez.  "En début d'année, il y avait encore de l'espoir. Aujourd'hui, c'est de la détresse". Et le représentant précise : "30 % des exploitations, au moins du département, ne pourront pas repartir en début d'année. C'est ca-tas-tro-phique !"

On a de l'eau, d'excellentes terres, un climat favorable... Mais, à cause de toutes ces normes qu'on nous impose, on tue l'agriculture française !

José Pérez

Coprésident de la coordination Rurale 47

Déjà, il y a six jours, le syndicat avait rappelé les revendications, indiquant qu'ils n'attendaient plus rien de la loi d'orientation, une "coquille vide", selon eux, ni de la loi Egalim qui en est à sa quatrième version. Ils demandent désormais "des mesures structurelles qui redonnent du revenu aux agriculteurs selon deux axes : la baisse des charges et la modification des réglementations françaises afin de réduire la concurrence déloyale que subit notre pays face à d'autres pays européens".

José Pérez prévient, "si les discussions n'aboutissent à rien, on a établi des points stratégiques partout en France avec des sites bien précis à bloquer. Pour voir ce que pourrait être un monde sans agriculteurs ! Tout est possible. On ira jusqu'au bout pour se faire entendre".

"La préfecture est barricadée"

En fin de matinée, aux côtés de José Pérez, Karine Duc, coprésidente de la Coordination Rurale 47 indiquait dans une prise de parole que "la préfecture est barricadée", et qu'ils devraient sans doute élaborer "un plan B". 

La façon dont on est recus par la préfecture est insupportable. c'est la seule réponse qu'on a pour l'instant à nos revendications. c'est une provocation !

Karine Duc

CoPrésidente de la Corrdination Rurale 47

Ils souhaitaient, dit-elle, faire des déversements "dans l'apaisement" et surtout "manifester devant la préfecture comme ce qui était prévu". Ils ont pu finalement accéder au centre-ville à la mi-journée.

Blocage d'un rond-point

Plus tôt ce 19 novembre, les agriculteurs avaient commencé le blocage d'un rond-point à bord d'une trentaine de tracteurs. Ils s'étaient installés à la jonction de deux nationales au nord de la ville d'Agen sur la commune de Colayrac-Saint-Cricq. Ils comptaient ensuite manifester devant la préfecture d'Agen.

Devant leurs tracteurs, certains ont inscrit des slogans du type "pas de pays sans paysans" ou encore "laissez-nous travailler !" Sur les réseaux sociaux, la coordination communique également. "Nous préférerions être sur nos fermes, au travail", souligne le syndicat. 

Même grogne en Dordogne

En Dordogne également, la Coordination Rurale de Dordogne présidée par Rémi Dumaure avait appelé à un rassemblement à 10 h au rond-point de la place Yves Guéna à Périgueux, à deux pas de la préfecture.

Les tracteurs, dont certains sont chargés de déchets verts, de lisier, de pneus ou de balles de foin sont rassemblés et font le siège de la préfecture et en attendant les résultats d’une entrevue qui a débuté à 11 h 30, avec les services de Jean-Sébastien Lamontagne, encore préfet du département jusqu’au 22 novembre prochain.

Les manifestants de Périgueux ont été rejoints par les agriculteurs de Bassillac, de Ribérac et du Bergeracois, qui avaient investi le rond-point de Creysse, près de Bergerac depuis 8h ce matin.

N'ayant pas obtenu de réponses satisfaisantes lors de l'entrevue avec les services de l’État, Rémi Dumaure, l’agriculteur qui avait interpellé le président Macron et était devenu une figure emblématique des revendications agricoles de l’hiver dernier, a promis une poursuite des actions. 

La première a été le déversement des contenus des tracteurs sur la voie publique et le mouvement pourrait s'étendre à Périgueux et alentours aujourd'hui, avant d'éventuellement se diriger vers Brive demain. Il était aussi question d'un blocage du fret alimentaire dans les jours à venir.

Réponse motivée (et chiffrée) de la préfecture de Dordogne

Dans un communiqué, la Préfecture de Dordogne dit s'engager à faire remonter les revendications concernant le rejet de l’accord du Mercosur, la future loi d’orientation agricole, les clauses dites « miroir », la limitation des produits phytosanitaires, l'allègement des charges sociales et fiscales et le renforcement de la loi Egalim.

Mais elle rappelle aussi les mesures déjà prises par le Gouvernement, en avançant que 53 millions d'euros d'avances des aides de la PAC 2024 ont été versées à ce jour à plus de 4 000 agriculteurs en Dordogne et qu'elles vont se poursuivre jusqu'au printemps 2025 pour atteindre 97 millions d'euros, comme les années précédentes.

Rappel également des "70 mesures priorisées" à l'hiver 2024 déjà mises en place ou engagées en faveur du monde agricole et accompagnées du "choc fiscal" de 300 millions d'euros prévu dans le projet de loi de finances portant notamment sur la réduction de la taxe sur le gazole non-routier agricole, une exonération renforcée de la Taxe Foncière sur les Propriétés Non-Bâties et autres.  Et de préciser qu'à titre d'exemple, le remboursement partiel des taxes sur le gazole a permis à 2 000 exploitations périgourdines de bénéficier de remboursements et d'avances pour un montant de 4,1 millions d'euros.

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