Un important dispositif de gendarmerie est déployé depuis le début de la semaine en Lot-et-Garonne pour tenter de retrouver la trace d'Inès et Nawal. Les deux fillettes sont portées disparues depuis décembre 2016.
L'enquête sur la disparition de Nawel et Inès va-telle enfin connaître une avancée ? Depuis le 31 janvier, les gendarmes fouillent sans relâche aux alentours de la commune de Barbaste, en Lot-et Garonne. Un important dispositif, composé de membres de la Section de recherche de Bordeaux, des gendarmes du Lot-et-Garonne, d'équipes mobiles et d'une unité de l'armée spécialisée dans le défrichage restera en place jusqu'à vendredi. Des plongeurs sont également présents pour sonder les différents points d'eau des environs.
C'est dans cette zone de forêt, jamais fouillée auparavant et située seulement à quelques kilomètres de Nérac, où habitaient Nawel, Inès et leur maman avant la disparition des fillettes, que se concentrent les recherches. L'objectif : retrouver un indice, ou les corps des deux enfants, que personne n'a revues depuis le mois de décembre 2016.
Leur mère mise en examen
Ces nouvelles recherches interviennent un peu plus de deux mois après la sortie de prison de Naïma B, la mère d'Inès et Nawal. Cette dernière avait été placée en détention provisoire à Gradignan pendant plus de quatre ans, suspectée d'être à l’origine de la disparition de ses deux filles, polyhandicapées, en décembre 2016.
Naïma B, placée sous contrôle judiciaire depuis sa sortie de détention, reste mise en examen pour "homicide volontaire aggravée".
Disparition non élucidée
Inès et Nawal, âgées de 11 et 13 ans au moment de leur disparition, étaient placées dans un institut spécialisé et médicalisé. Rentrées chez leur mère pour les congés de fin d'année, elle ne sont jamais revenues dans leur établissement une fois les vacances terminées. Leur disparition avait été signalée au printemps 2017.
Rapidement suspectée d'avoir causé leur mort, Naïma B, qui élevait seule ses filles, incapables de s'alimenter ou de se déplacer seules, a toujours clamé son innocence. Elle a, dans un premier temps, déclaré aux enquêteurs avoir envoyé ses filles au Maroc, puis prétexté les avoir confiées à un couple rencontré en Espagne, se refusant à se montrer plus précise.
Ni les déplacements des enquêteurs à l'étranger, ni les mises sur écoute ou encore la publication de leurs fiches sur Interpol, n'ont permis aux enquêteurs d'élucider ce mystère. Les corps des enfants n'ont jamais été retrouvés.
Supplément d'instruction
Dans l'espoir de pouvoir amener Naïma B. devant les Assises, la chambre d'instruction de la cour d'appel d'Agen avait demandé un supplément d'instruction. Ces nouvelles investigations en forêt ne sont donc pas une surprise pour Me Lamarque et Grolleau, les avocats de Naïma B.
"Ces recherches démontrent que le dossier de l'instruction est vide, note Me Patrick Lamarque. Elles ne feront qu'étayer la position de la défense. Notre cliente maintient qu'elle n'a pas assassiné ses enfants, rappelle l'avocat, qui estime que la place de sa cliente n'est pas devant une cour d'Assises.
Je suis dubitatif. Je pense qu'après cinq ans, ça va être difficile de trouver des indices. Quant aux corps, selon moi, on n'en trouvera pas.
Me Patrick Lamarqueavocat de Naïma B
Me Sophie Grolleau, quant à elle, qualifie ces fouilles de "non événement".
Ce qui nous bouleverse, ce n'est pas que les recherches aient lieu, heureusement qu'elles ont lieu. C'est qu'il a fallu attendre cinq ans pour qu'elles soient enfin réalisées.
Me Sophie GrolleauFrance 3 Aquitaine
Voir le reportage de France 3 Aquitaine
"Il faut trouver pour savoir ce qui est arrivé"
Mobilisée depuis vingt-cinq ans dans l'affaire de la disparition de Marion Wagon à Agen en novembre 1996, l'association de protection des enfants La Mouette s'est portée partie civile dans le dossier de Nérac. Nommée administrateur des deux enfants, elle espère désormais que les recherches permettront de faire avancer une enquête qui traîne en longueur. "Enfin ! Ca a mis cinq ans mais ça arrive, soupire Annie Gourgue, présidente de l'association.
On a eu peur qu'on ne parle plus du dossier, et on se réjouit, parce que, peut-être qu'on va trouver ce qui est arrivé à ces deux petites filles", poursuit-elle, sans dissimuler son pessimisme.
Ce qui est important c'est qu'on retrouve ces enfants. Même si, à mon avis, elles ne sont plus vivantes.
Annie Gourgue, La Mouette
L'enjeu est désormais ailleurs, estime Annie Gourgue. "Contrairement à l'affaire Marion, il ne faut pas trouver pour protéger. Il faut trouver pour savoir ce qui est arrivé à ces deux petites filles, et leur donner une demeure décente pour l'éternité, si jamais elles sont mortes", conclut-elle.