Angélique, une quadragénaire en fauteuil roulant, est coincée dans son appartement de Marmande, dans le Lot-et-Garonne, depuis le 17 juin. La raison : l'ascenseur de son immeuble est tombé en panne. Les résidents s'inquiètent et s'entraident pour cette femme depuis déjà plusieurs semaines.
"C'est inhumain." L'émotion submerge Alexandrine (le prénom a été modifié) dès qu'elle raconte l'enfer vécu par sa voisine de palier. Angélique, devenue l'une de ses meilleures amies, n'est pas sortie de son appartement depuis le 17 juin. La résidence dans laquelle vivent les deux femmes, située au 36 rue Pasteur à Marmande, dans le Lot-et-Garonne, fait face à une panne d'ascenseur. Si la vingtaine d'habitants emprunte à regret les escaliers, ce n'est pas possible pour Angélique. La quadragénaire se déplace seulement à l'aide de son fauteuil roulant, depuis qu'elle a été victime d'un AVC il y a cinq ans.
Nous, voisins, sommes complètement désemparés
AlexandrineRésidente de la rue Pasteur à Marmande
Une panne persistante
Depuis quelques années, les habitants du 36 rue Pasteur constatent que leur ascenseur, installé dans la résidence en briques rouges en 1988, s'arrête trop fréquemment. "C'était le cas presque une fois par mois", se souvient Alexandrine. Un rythme qui s'est peu à peu intensifié. Avec un pic durant la semaine du 10 juin, où trois pannes ont été recensées, avant l'arrêt définitif du 17 juin. Si un réparateur s'est déplacé les premiers jours, il a rapidement baissé les bras face à la persistance du problème, au grand dam des riverains.
Si la majeure partie des résidents s'est adaptée, ce n'est pas le cas pour tous. "Angélique ne tient pas debout, rappelle Alexandrine.
Elle ne se déplace qu'en fauteuil roulant. Sans ascenseur, c'est compliqué de descendre les escaliers du premier étage.
AlexandrineRésidente de la rue Pasteur, à Marmande
Au troisième, même combat pour une septuagénaire. "Elle a été récemment opérée du dos et n'est pas vraiment mobile", rapporte l'habitante, qui note aussi la présence de personnes âgées, qui se déplacent en déambulateur où à l'aide d'une canne.
Un élan de solidarité
Pour lui apporter son soutien, Alexandrine rend chaque jour visite à son amie Angélique. "Je veux m'assurer qu'elle aille bien, d'autant que j'ai compris par sa mère que son moral était au plus bas", confie-t-elle, la voix tremblante. Se rendre sur place est, pour elle, un moyen de s'assurer qu'elle ne manque de rien.
"Ce matin encore, je lui déposais ses cigarettes. D'autres jours, c'est du pain ou du jus de fruit." Une fois par semaine, Angélique reçoit aussi la visite de Nelly, une aide-soignante qui l'aide à se doucher et à manger. Mais aussi à lui changer les idées.
Angélique peut aussi compter sur le soutien de sa mère, Nadine, qui essaie de venir autant qu'elle le peut. Pour cette sexagénaire, la situation est insoutenable. Sa fille est enfermée chez elle, sans balcon pour prendre l'air. "Un jour, j'ai essayé de lui faire descendre l'escalier, en la mettant assise sur les marches et en la soutenant", raconte Nadine. Puis les deux femmes ont rebroussé chemin face aux premières douleurs qu'elles ont ressenties dans les bras et dans le bas du dos. Elle assure : "je ne recommencerai plus jamais."
Vers une solution ?
Depuis la panne d'ascenseur, les habitants sont aussi confrontés à un autre problème : les coupures d'électricité. "Les lumières des parties communes, ainsi que les télévisions, ne fonctionnent plus par moments, explique Nadine. C'est compliqué quand la télévision devient le dernier loisir possible pour certaines personnes." Une situation qui a conduit la mère d'Angélique à prendre les devants et à contacter Habitalys. Son espoir : que le bailleur social du Lot-et-Garonne trouve à sa fille un autre logement, "soit provisoire, soit définitif si elle s'y plaît".
Cette demande pourrait ne pas être nécessaire puisque le cabinet Carniel, syndic de gestion de la copropriété, "vient de signer un devis évalué à 2 000 euros pour les travaux de l'ascenseur, explique son gérant Florian Faux, ce lundi 22 juillet. Il assure : il faut maintenant attendre la réponse du fabricant Otis, afin de connaître la date du troisième prestataire qui viendra remettre l'appareil en l'état."
Ce problème de panne d'ascenseur, au 36 rue Pasteur, pourrait bien être définitivement derrière les locataires. En octobre 2023, la copropriété a voté un renouvellement intégral de l'ascenseur, prévu pour septembre et moyennant la somme de 50 000 euros.