Toutes les communes de l'agglomération Pays basque ont fermé leurs douches de plage pour répondre aux périodes de sécheresse. Une décision qui ne fait pas l'unanimité chez les usagers : une pétition a été lancée le 28 juillet pour demander leur retour.
Au bord de la Grande plage de Biarritz, dans les Pyrénées-Atlantiques, de petits pédiluves verts sont venus progressivement remplacer les traditionnelles douches de plage, définitivement mises à l'arrêt en 2022. Une volonté de l'agglomération du Pays basque pour répondre aux périodes de sécheresse, de plus en plus intenses et fréquentes dans la région. Si certains usagers comprennent cette décision, d'autres la regrettent : une pétition, estimée aujourd'hui à un millier de signatures, a été lancée pour espérer leur retour définitif.
L'eau n'est pas un monde sans fin!
Thierry PatouilleDirecteur général adjoint eau, littoral et milieux naturels à l’Agglomération Pays basque.
Pour Thierry Patouille, le constat est clair : "le changement climatique va nous amener des périodes de sécheresse de plus en plus fortes et des températures qui vont en augmentant. Alors, des pénuries d'eau sont encore à prévoir", tient à rappeler le directeur général adjoint à l'Agglomération Pays basque.
En 2023, la totalité des villes de l'agglomération a opté pour la suppression des douches de plage, au nom de la sobriété. "On agit pour une prise de conscience générale, avant même la fin du plan national de sobriété énergétique, dont les objectifs sont fixés pour 2050."
Des résultats satisfaisants
Pour l'agglomération, cette décision a déjà porté ses fruits : "en seulement une année, on a économisé plus de 4% d'eau, rapporte Thierry Patouille. Ce qui correspond par exemple à la consommation annuelle de la commune de Saint-Jean-de-Luz ou celle d'Hendaye."
C'est une régression majeure pour la santé publique.
Guillaume BarucqMédecin généraliste et conseiller municipal d’opposition à Biarritz
"Sur des plages très fréquentées, comme celles de Biarritz, des centaines de personnes se baignent au même endroit, rapporte Guillaume Barucq, médecin généraliste établi à Biarritz. "L'absence d'eau claire pour se rincer sur les lieux est un problème majeur parce que les usagers rentrent possiblement chez eux avec des bactéries qui peuvent aboutir à des infections", poursuit celui qui est aussi conseiller municipal d'opposition à la mairie de Biarritz, en prenant pour exemple les infections cutanées et oculaires, ainsi que les otites externes.
Guillaume Barucq ne comprend pas cette décision, justifiée par la sécheresse. "Nous avons atteint ces dernières semaines des records de pluie. Continuer de fermer les douches de plage est hypocrite. Il prévient : on passera par une voie légale si rien ne bouge. Je continuerai le combat jusqu’à ce que ces douches rouvrent."
Les usagers divisés
Chez les touristes et riverains, les avis divergent. Pour Christine, qui vit à Biarritz depuis son enfance, c'est une bonne chose pour l'environnement. "Il y a beaucoup de consommation abusive d'eau. Certaines personnes en profitent même pour se doucher le soir après le restaurant." De son côté, Alexis ne se réjouit pas de cette fermeture, mais s'est adapté à la situation. "Je me servais des douches pour rincer mes planches de surf et mes combinaisons. Maintenant, je suis obligé de le faire dans ma baignoire."
Face à un mécontentement naissant, une pétition a été lancée le dimanche 28 juillet. "J'ai voulu faire entendre ma voix et j'ai finalement été rejoint par des centaines de personnes, se réjouit Cyril Caliot, habitant d'Anglet, à l'origine de la pétition. Comme lui, le millier de signataires appelle à "concilier les impacts environnementaux avec les besoins d'hygiène des usagers".