Didier Borotra fût maire de Biarritz de 1991 à 2014, et sénateur des Pyrénées-Atlantiques de 1992 à 2011. Personnalités basques et issues de la politique locale rendent hommage à cet amoureux du Pays basque, décédé mercredi 21 août à l'âge de 86 ans.
C'était une personnalité respectée dans le Pays basque, un territoire qu'il a aimé et qu'il a contribué à mettre en valeur. Didier Borotra, ancien maire centriste de Biarritz et sénateur des Pyrénées-Atlantiques, est décédé mercredi 21 août à l'âge de 86 ans. Des personnalités du Pays basque, mais aussi issues de la politique française, rendent hommage à ce "bâtisseur" et grand "passionné".
Cette politique locale, dans laquelle il a fait carrière, il l'intègre en 1971 lorsqu'il devient maire d'Arbonne, une petite commune du Pays basque. Quinze ans plus tard, en 1986, il intègre l'échelon régional en devenant vice-président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques en charge des finances. Plusieurs casquettes qui le conduiront à la mairie de Biarritz en 1991, d'abord comme premier adjoint, puis comme maire. Une aventure qui va durer vingt-trois ans.
Combat politique
En 1991, la guerre est déclarée entre Didier Borotra, alors conseiller municipal à la mairie de Biarritz, et son ennemi politique, Bernard Marie. Maire de Biarritz, et père de la future ministre Michèle Alliot-Marie, Bernard Marie entend raser le grand casino municipal, pourtant emblème de la commune, au profit d'un complexe hôtelier. Dans ce qui deviendra une lutte de plusieurs mois, Didier Borotra réussira à placer le maire en minorité en s'alliant avec les forces municipales de gauche, dont les socialistes et les abertzale (nationalistes de gauche).
Lors des élections municipales de la même année, en 1991, Didier Borotra remplace Bernard Marie à la tête de la mairie. "Je ne crois pas que l’on puisse dire que j’ai été élu seulement contre Bernard Marie, même si à l’évidence, ce vote est un rejet à l’égard de sa personne, de sa méthode de gouvernement et de ses projets, avait-il annoncé le soir de sa victoire. Je crois que c’est aussi l’espoir que nous avons incarné, avec un gouvernement plus ouvert, plus tourné vers les Biarrots et celui d’une redécouverte, d’une vie municipale plus vivante."
Biarritz, cité internationale
Moins d'un an après son élection, en 1992, Didier Borotra est élu sénateur des Pyrénées-Atlantiques, sous la couleur du MoDem. Une consécration pour cet amoureux du Pays basque et de la politique locale, qui devient également président de la communauté d'agglomérations Bayonne-Anglet-Biarritz, à partir de 2001. Toutes ces casquettes politiques lui permettent d'agir pour réaliser son but premier : faire rayonner la ville de Biarritz à l'international.
Sous les quatre mandats successifs de Didier Borotra, la ville de Biarritz troque sa réputation de cité endormie au profit d'une commune nouvelle, ouverte sur le monde. C'est ainsi qu'elle devient le siège de grands rendez-vous politiques et culturels, à l'image du festival de cinéma sud-américain, ou du congrès franco-africain marqué par la présidence et la venue du socialiste François Mitterrand, en 1994.
Clientélisme ?
"Je veux une nouvelle image de la ville, assurait Didier Borotra à la télévision, en 2010. Une nouvelle image, tournée vers l'avenir et l'océan." C'est dans ce cadre que naît la cité de l'océan, vaste lieu d'expériences et d'exploration du monde maritime, construit sous forme de vague, l'emblème de la commune. À cette époque, il avançait déjà : "Il faut développer des activités de recherches et de production en lien avec la mer." Un pari réussi pour la station balnéaire.
En dehors de ces développements et grands projets, la carrière politique de Didier Borotra n'a pas été linéaire. Au contraire, elle a été rythmée par plusieurs affaires, dont celle des "PV" pour laquelle le maire de Biarritz a été accusé de faire du clientélisme. Le 26 janvier 2017, il a été condamné en appel à 30 000 euros d'amende pour avoir annulé quelque 4 000 contraventions de stationnement datées de 2009 à 2013, alors qu'il siégeait encore à la mairie de Biarritz. Un poste qu'il quitte définitivement en 2014.
Il ne sacrifiait rien de ses valeurs, en particulier celles du centrisme.
Michel VeunacAncien maire de Biarritz
"J'ai passé tant d'années à ses côtés, tant d'années à apprendre de lui dans la vie publique, se remémore Michel Veunac, ancien maire de Biarritz, élu après le départ de Didier Borotra. Sa disparition me touche, il a été un grand maire pour Biarritz et ne sacrifiait rien de ses valeurs, comme la justice sociale, la défense de l'Europe et d'une démocratie apaisée et vivante." Aujourd'hui, Michel Veunac salue un homme politique de qualité, qui protégeait son intimité. "C'était dur d'y pénétrer, mais il avait un sens profond de l'amitié et de la fidélité. Il va manquer dans le paysage politique local."
La "passion" d'un maire
Au lendemain de sa disparition, ce jeudi 22 août, les réactions de personnalités locales et politiques fusent sur les réseaux sociaux. Pour beaucoup d'entre elles, à l'image de la députée des Pyrénées-Atlantiques Colette Capdevieille, "Didier Borotra était Biarritz. Il collait à sa ville, raconte-t-elle sur son compte X. Par sa passion, il aura réussi à faire de Biarritz une ville internationale."
Une cité internationale, aussi tournée vers la jeunesse. "Face à une menace de transformation de sa ville en « maison de retraite dorée », raconte Ilhan Alexandre, conseiller régional des jeunes de Nouvelle-Aquitaine, dans un message publié sur X, il avait souhaité que cette dernière ne soit pas abandonnée par la jeunesse." Des années plus tard, il fait le point : "c'est un pari tenu, et haut la main."
Une force de caractère "hors du commun"
Difficile d'agir pour la jeunesse, sans garantir l'accès au sport et à la santé. Guillaume Barucq, conseiller d'opposition à la municipalité de Biarritz, regrette la disparition de ce "maire bâtisseur qui a su moderniser Biarritz tout en préservant son âme". Celui qui est aussi médecin généraliste dans la station balnéaire, salue les bons conseils de Didier Borotra : "il fut un grand soutien au développement du sport et de la santé en bord de mer."
"Je l’ai combattu, soutenu, estimé, apprécié et même parfois détesté, raconte le sénateur des Pyrénées-Atlantiques Max Brisson, qui fût l'adjoint de Didier Borotra durant 14 ans. J’ai toujours ressenti chez Didier une force de caractère hors du commun, une vision rare de l’avenir de Biarritz, une passion pour sa ville et un sens absolu de l’intérêt général", poursuit-il. Avant de conclure : "Biarritz a perdu celui qui fut un de ses grands maires et moi un des marqueurs, un des repères. Et, au-delà des péripéties de la vie politique, un ami."