Ce dimanche 7 mai, Emmanuel Macron a été élu président de la République avec 66% des voix. Tous les yeux se tournent vers l'un de ses soutiens de la première heure, le maire de Pau et président du MoDem François Bayrou. Et sur la stratégie à adopter pour les prochaines législatives.
Le 22 février dernier était un tournant dans la campagne d'Emmanuel Macron. Ce jour-là, François Bayrou renonce à se présenter à l'élection présidentielle, et fait au candidat d'En Marche! une offre d'alliance. Autre date marquante : le meeting de Pau, où les deux hommes sont apparus soudés.
Ce ralliement, c'est un coup de pouce non négligeable dans la campagne d'Emmanuel Macron, lui permettant de glaner nombre de votes centristes. Un geste vu par beaucoup comme un pacte, une allégeance prêtée contre promesse d'un ministère.
Vendredi 5, Emmanuel Macron déclarait d'ailleurs sur France Inter :
François Bayrou occupera un rôle important dans le projet gouvernemental et politique.
L'intéressé s'en est cependant toujours défendu. Mais à l'heure où s'ouvre le "troisième tour" et les élections législatives, qu'en est-il ? Et surtout, quelle sera sa place dans la composition du gouvernement ?
À l'aube de la victoire de son candidat ce lundi matin, le maire de Pau entretenait le flou en déclarant : "Je ferai tout ce que je peux pour aider mon pays à s'en sortir".
François Bayrou à la tête d'un grand ministère de #Macron, voire premier ministre ? "La mairie de Pau", répond-t-il. pic.twitter.com/lU7URWQjd9
— franceinfo (@franceinfo) 8 mai 2017
À noter que si François Bayrou venait à accepter un ministère, il devrait alors renoncer à son mandat de maire de Pau, puisqu'il ne peut pas cumuler ces deux fonctions.
La réforme du travail, le point de friction ?
Tout en conservant le flou sur un possible chemin vers Matignon, le président du MoDem a concédé "une différence" avec Emmanuel Macron sur la méthode à adopter concernant la réforme du travail. François Bayrou prône le "dialogue", alors que le président Macron a promis de réformer par ordonnances dès cet été.
"Je sais depuis longtemps que quand on a des décisions qui sont difficiles à prendre, c'est bien d'avancer, mais c'est bien en même temps de dialoguer, et d'essayer de trouver la meilleure démarche possible", a-t-il déclaré.
Coup d'envoi pour les législatives
En parallèle, si la liste des candidats n'a pas encore été établie, la bataille des legislatives semble cependant clairement engagée. Comme le soulignait Alain Juppé ce dimanche soir, "la question qui se pose maintenant est évidemment de savoir sur quelle majorité parlementaire le nouveau président de la République pourra s'appuyer".
Assumant son rôle aux côtés de Macron, François Bayrou déclare voir dans les 66% recueillis par son candidat uniquement des votes d'adhésion, et non pas de rejet du Front National :
J'étais au Louvre, il y avait des dizaines de milliers de personnes [...] qui montraient à quel point c'était pas par défaut, c'était par adhésion.
Macron élu : "Je ne crois pas à un vote par défaut. J'étais au Louvre, des gens avaient les larmes aux yeux sur l'hymne européen" dit Bayrou pic.twitter.com/RfhX9R4bQQ
— franceinfo (@franceinfo) 8 mai 2017
Selon Marik Fetouh, dont la candidature à la 3e circonscription de Gironde n'a pas encore été entérinée, "il y aura 577 candidats En Marche! et parmi ces candidats, certains seront MoDem, soutenus par En Marche!" Ce serait notamment son cas s'il venait à être candidat.
L'adjoint au maire de Bordeaux semble par ailleurs confiant sur la capacité d'Emmanuel Macron à obtenir une majorité parlementaire :
Les Français vont certainement donner une large majorité au président élu, c'est généralement le cas.
► En Marche ou Modem ? Les candidats aux élections législatives devront-ils faire le choix ? Le réponse de Marik Fetouh :
De son côté, la politologue à Sciences Po Bordeaux Viviane Le Hay souligne une "victoire confortable" d'Emmanuel Macron, "mais le FN arrive à trouver des marges de progression sur tout l'estuaire de la Gironde", notamment sur la 11e circonscription. Laissant la possibilité au Front National de faire de bons scores aux législatives.
Des personnes "de la société civile" ?
Le président Macron l'avait annoncé : des personnes dites "de la société civile" seront investies pour des candidatures aux élections legislatives. Autrement dit, des élus, maires, conseillers départementaux ou régionaux, dont la politique n'est pas le métier premier.
C'est le cas notamment de Geneviève Darrieussecq, maire MoDem de Mont-de-Marsan où Emmanuel Macron a obtenu 72% des voix. Cette proche de François Bayrou pourrait être appelée à candidater pour les législatives. Ce lundi 8 mai, elle expliquait :
"J'en viens, de la société civile. Je suis dans le monde politique depuis 10 ans, mais j'ai eu 25 ans de carrière professionnelle classique. On est tous de la société civile, à un moment ou à un autre. Mais c'est vrai que quelque fois, quand on a vécu, on a les pieds un peu plus sur terre, on a un peu plus de pragmatisme, de bon sens. Et ça manque quelques fois à nos politiques nationales".
► Revoir l'intervention de Geneviève Darrieussecq :