Après le succès du film "Au nom de la Terre", Edouard Bergeon lance une chaîne de télévision en ligne consacrée au monde agricole. CultivonsNous.tv veut "recoudre le lien entre la terre et les urbains". L'acteur Guillaume Canet parraîne le projet.
Le nouveau projet d'Edouard Bergeon, réalisateur du film "Au nom de la Terre", nommé aux César 2020 dans la catégorie Meilleur premier film, n'est pas un long-métrage, mais une chaîne de télévision en ligne, CultivonsNous.tv, lancée ce mercredi 29 avril.
Cette chaîne, créée en partenariat avec la plateforme numérique Alchimie (qui revendique une centaine de chaînes ditribuées chez les géants Google, Amazon, Apple TV ou encore Bouygues et Orange), se présente comme un "espèce de Netflix", explique Edouard Bergeon, une "chaîne thématique de l’agriculture, du bien manger et de la transition écologique" qui ambitionne de "recoudre le lien entre la terre et les urbains".
J'ai monté un paquet de chaînes dans ma vie, mais celle-là, c'est la plus belle
- Antoine Robin, directeur des chaînes du groupe Alchimie
Avec Guillaume Canet
Le projet du Poitevin s'inscrit dans la lignée de son long-métrage. "Pendant la promotion d'Au nom de la Terre, j'ai fait plus d'une centaine de débats", se souvient Edouard Bergeon. "Dans le public, certains découvraient le métier d'agriculteur et se posaient des questions : comment peut-on mieux manger ?, notamment."Bande Annonce - Au nom de la Terre - Réal. : Edouard BergeonPour répondre à ces interrogations, l'idée d'une chaîne de télévision émerge.Les documentaires racontent toute forme d'agriculture avec une envie d'être plus vertueux
- Edouard Bergeon, réalisateur
"On s'est retrouvés, Edouard, Guillaume Canet et moi, autour d'un verre de vin bio en février", se souvient Antoine Robin, directeur des chaînes d'Alchimie. "On est une bande de potes. Edouard et Guillaume commençaient la promotion de leur film à l'étranger, ils étaient sur leur petit nuage et on se demandait comment ensuite poursuivre l'aventure. Je leur ai dit, et si on créait cette chaîne de télé ? Aujourd'hui, c'est simple à faire, en ligne."
Une pépite
Grand reporter de formation, devenu producteur, directeur d'Havas Productions et, désormais directeur des chaînes d'Alchimie, Antoine Robin sait qu'il tient une pépite."Chez Alchimie, on crée des chaînes thématiques sur abonnement. C'est un secteur un peu abandonné par les médias mainstream (grand public). On s'intéresse à tout ce qui est chaîne de niche, vous savez, tout ce que vous trouvez en fin de rayons chez votre marchand de journaux, les magazines de passions. Notre métier est de constituer des offres éditoriales qui n'existent pas".
Raconter le monde agricole et les enjeux de société liés, le projet prend forme "dans un moment où le confinement a cette vertu qu'on s'est tous remis à cuisiner, à faire nos courses, à s'intéresser aux produits qu'on achète", poursuit Antoine Robin. "Et si on achetait moins et mieux ? Et surtout, et si on connaissait ceux qui nous vendent leurs produits ?", poursuit-il, avant d'ajouter : "Il y aura un avant et un après. Les gens prennent conscience qu'il faut retrouver notre indépendance alimentaire."
Dans ce projet de chaîne en ligne, Alchimie et Edouard Bergeon sont partenaires à 50/50. L'acteur Guillaume Canet apporte son soutien bénévole et parraine le projet. Dès mercredi soir, le comédien présentait la chaîne à ses fans sur sa page Instagram (voir, ci-dessous).
#EdouardBergeon crée https://t.co/hMCCVRIqXO une plateforme de documentaires sur le monde agricole, dans la continuité de son film « Au nom de la Terre » avec @guillaumecanet pic.twitter.com/qBw5Hdn7v5
— Clément Massé (@Clementmasse) April 29, 2020
C'est une espèce de Netflix !
- Edouard Bergeon, réalisateur
200.000 euros d'investissement au minimum
Dans ce partenariat, l'investissement financier est réalisé à 100% par le groupe Alchimie : "200.000 euros au minimum, mais on est déjà au-delà", indique Antoine Robin, sans donner de montant exact. "Edouard n'investit pas d'argent. Son investissement, c'est son travail, son réseau et, à terme, aussi, ses productions."CultivonsNous.tv fonctionne sur la base de l'abonnement (4,99€ par mois), dont 1€ est reversé à des structures associatives. Pour le lancement du projet, l'association Solidarité Paysans, soutenue de longue date par Edouard Bergeon, est celle retenue.
A l'occasion de la soirée de lancement de la chaîne, 500 abonnements ont été enregistrés. "On vise plusieurs milliers d'abonnements", indique Antoine Robin. "Si, dans un an, en avril 2021, on est entre 10.000 et 15.000 abonnés, on sera vraiment contents."
Antoine Robin prend pour exemple le succès d'une autre chaîne de niche lancée sur Alchimie, Guerres et Histoire, une chaîne dédiée à la vie militaire. "Plus de 7.000 abonnés", dit-il, "dont 80% ont moins de 40 ans".
La chaîne propose déjà une série de documentaires sur plusieurs thématiques : "Ceux qui nous nourrissent", "Ma vie de paysan 2.0", "Dans quel monde vit-on ?", "Ce qu'on mange", "Ce qu'on boit", "Pêcheurs du monde". "Les documentaires racontent toute forme d'agriculture avec une envie d'être plus vertueux", précise Edouard Bergeon. Un documentaire fort a déjà retenu notre attention : "La mort est dans le pré" de Eric Guéret, un film grave sur les dangers des pesticides.J'ai monté un paquet de chaînes dans ma vie, mais celle-là, c'est la plus belle.
- Antoine Robin, directeur des chaînes du groupe Alchimie
Mais la plateforme propose aussi une offre plus ludique et reprend l'émission québécoise "Arrive en campagne", à mi-chemin entre le documentaire et la télé-réalité où une famille de citadins vient s'installer à la campagne, dans une ferme où il est question d'apprendre à récolter la production mais aussi à la cuisiner. Des univers que tout oppose se rencontrent.
Être une sorte de porte voix du monde agricole me convient, oui
- Edouard Bergeon, réalisateur
En accès libre
Une partie de la chaîne reste en accès libre, celle consacrée aux chaînes des agriculteurs YouTubeurs."Des agriculteurs se sont mis à faire leurs propres vidéos avec leurs téléphones, il y a quelques années. Ils expliquent leur travail à leurs communautés", explique Edouard Bergeon. "On n'est jamais mieux servi que par soit-même !", s'exclame-t-il en rappelant que "c'est complexe l'agriculture. On ne peut pas se contenter de la vision réductrice que l'on voit encore trop souvent. Les agriculteurs en ont eu assez des journalistes qui ne font pas leur travail..." Edouard Bergeon ajoute: "En ce qui me concerne, je suis à la bonne place. Je suis fils d'agriculteur, j'ai mon diplôme agricole, je suis devenu journaliste, réalisateur et je creuse ce lien."
"Être une sorte de porte voix du monde agricole me convient, oui", conclut-il.