Par la voix de son représentant dans la Vienne, l'État estime que la responsabilité des organisateurs est engagée et signale 17 délits en lien avec la dernière mobilisation contre les méga-bassines. Les associations n'apprécient pas.
Dans son communiqué de presse, le Préfet de la Vienne Jean-Marie Girier développe l'idée que les collectifs de "Bassines non merci" et des "Soulèvements de la Terre" ont été dans "l'incapacité [de] garantir le bon déroulement de leurs rassemblements".
"Menaces et harcèlement"
Jean-Marie Girier, dans son signalement au procureur de la République, raconte un "processus de menaces et de harcèlement à l'encontre de certains exploitants agricoles". Il estime également que "17 délits pourraient être constitués".
Le 19 juillet dernier, les militants anti-bassines rassemblés au sein d'un village de l'eau basé à Melle dans les Deux-Sèvres décident de converger vers la Vienne. Ils ont d'abord pique-niqué au bord d'un ruisseau à Migné-Auxances, avant de tenter de rejoindre une usine de conditionnement de céréales, site agricole classé Seveso.
Le passage de ce cortège a nécessité quelques coupures de circulation au fil de l'après-midi. L'objectif visé par les manifestants n'a néanmoins pu être atteint. Un incendie, conséquence des grenades lacrymogènes lancées par les forces de l'ordre dans le champ récolté, et emprunté par les militants, a obligés ces derniers à rebrousser chemin.
Le Préfet de la Vienne évoque aussi les débordements commis à la Rochelle [NDLR : le lendemain] comme illustrant "la volonté violente de groupes radicaux".
La Préfecture de la Vienne nous a adressé la liste exhaustive des délits visés par ce signalement, y figurent par exemple des menaces, diffamation, injure publique, outrage à personne dépositaire de l'autorité publique, dégradations volontaires commises en réunion et par une personne dissimulant son visage. Mais le service communication s'est refusé à nous décrire les circonstances des faits commis, et notamment les dégradations. Pas plus qu'elle ne nous a précisé le nombre de personnes visées par ce signalement, renvoyant ces détails au procureur de la République.
"Le culot"
L'une des associations incriminées, "Les Soulèvements de la Terre", réagissait le soir même à notre article sur le réseau social X. Dans ce message, elle renvoye les soupçons de dégradation volontaire sur le préfet lui-même, le présentant comme responsable de l'incendie survenu, et l'accuse de partialité sur la question de l'irrigation, avec ce mot de conclusion : "Le culot."
Le préfet qui a mis le feu à des champs lors de la manifestation contre les #mégabassines du 19 juillet, saisit la justice pour cette même manif.
— Les Soulèvements de la terre (@lessoulevements) August 8, 2024
Rappelons aussi que c'est lui qui a torpillé le rapport HMUC, dont les conclusions étaient défavorables aux bassines.
Le culot. https://t.co/qxxjeisX8Q pic.twitter.com/5JJBLC9oB3
Riposte à venir ?
De son côté, l'association "Bassines non merci" dit réfléchir à une plainte contre le ministère de l'Intérieur et le Préfet de la Vienne pour mise en danger de la vie d'autrui. Ses membres s'interrogent eux aussi sur le caractère volontaire des "incendies déclenchés par les forces de l'ordre, le vendredi matin à Melle et l'après-midi à Migné-Auxances"...
Dans nos échanges avec les différents grades en amont de la manifestation, nous les avions alertés sur la situation "hautement inflammable"
Julien Le GuetPorte-parole Bassines non merci
D'après l'association, consigne avait été passée aux militants de proscrire des cortèges tout engin de type artifice.
Le procureur de la République a pris acte du signalement déposé par le Préfet. Il est trop tôt pour dire quelles suites y seront données.