Avec son regard acéré et ses années d'expérience, l'éducateur Simon Thubé sensibilise les curieux aux secrets de la forêt du Bois de la Loge, à Pouillé dans la Vienne. Une visite à la découverte des richesses et des pièges du site.
C'est une encyclopédie vivante sur la nature. Simon Thubé organise des visites guidées gratuites du Bois de la Loge à Pouillé depuis quatre ans. L'automne, c'est l'occasion de faire connaître tous les secrets du lieu aux visiteurs et de partager sa passion.
Plante française, gastronomie japonaise
Pour ce vulgarisateur de la nature, la meilleure façon de sensibiliser les visiteurs à la biodiversité, c'est de passer par l'assiette. "C’est important de connaître son patrimoine pour pouvoir l’apprécier et le protéger. Chez l’humain, ça passe souvent par un petit casse-dalle", sourit l'éducateur, qui propose régulièrement aux curieux qui l'accompagnent de goûter des préparations à base de plantes récoltées dans la nature.
Et la période automnale se prête parfaitement à ces cueillettes en forêt. "L'automne c'est le nouvel an de la biodiversité. On se prépare à un nouveau cycle, on peut faire ses dernières réserves de nourriture, notamment de légumes à racines, comme la bardane. C'est une plante entièrement comestible, avec une racine riche en énergie, qui est aussi cuisinée au Japon sous le nom de Gobo." Un aliment qui doit tout de même être cuit, pour éliminer les bactéries présentes dans les déjections d'animaux qui auraient pu le contaminer.
Risque de brûlure au toucher
Car la nature recèle de nombreux trésors, mais également des pièges, que Simon Thubé a appris à repérer grâce à ses années d'expérience. "L'une des espèces les plus dangereuses, c'est la Berce du Caucase, avertit l'expert. Elle ressemble à une autre plante comestible, mais au toucher elle peut causer des brûlures au troisième degré." L'éducateur rappelle également l'importance d'identifier les champignons, pour éviter les empoisonnements.
A l'inverse, le spécialiste veut redorer le blason de certains végétaux, mal-aimés à tort, comme le lierre. "Il a une réputation de bourreau des arbres, pourtant, c'est une plante qui n'a presque que des avantages. En hiver, quand il grimpe sur un chêne, il peut héberger jusqu'à 2500 espèces, comme des champignons ou des petits oiseaux."
"On va aussi finir par trinquer"
Et le lierre est aussi utile pour les activités humaines. "Sur votre maison, il permet d'améliorer l'isolation du bâtiment. Il peut aussi purifier l'air, puisque ses feuilles sont capables de capturer les particules fines. Avec la pluie, elles vont s'accumuler en bord de feuille puis tomber au sol". Seule précaution, si la plante doit être enlevée, il ne faut pas commencer par la base, mais par le haut. "Sinon, le lierre va se sentir attaqué et il va s'accrocher encore plus fort à son support", précise Simon Thubé.
Pour ce fils d'un éducateur de la nature, la forêt et ses habitants font partie intégrante de l'identité locale. "C'est notre patrimoine, notre histoire, on retrouve certaines plantes et certains animaux sur nos blasons." Un attachement, qui lui fait craindre le réchauffement climatique et ses conséquences. "Les plantes fleurissent trop tôt ou trop tard, elles sont vulnérables en cas de gelée, s'alarme-t-il. Si l'habitat des libellules ou des chauves-souris est perturbé, elles ne pourront plus réguler les moustiques. On va aussi finir par trinquer."