Un policier haut-gradé jugé pour agressions sexuelles dans un cadre privé

Le procès a été dépaysé à La Rochelle car le policier mis en cause exerçait en tant que commissaire à Poitiers. Aujourd'hui, plus de dix ans après les faits présumés, les plaignants ont pu témoigner face à lui pour la première fois. Beaucoup d'émotions mais une épreuve aussi.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

C'est un jour qu'ils attendaient et redoutaient à la fois. Au terme de ce long chemin judiciaire, l'un des quatre plaignants a retiré sa plainte. Il s'est exprimé à la barre tout de même en tant que témoin assisté. Et comme les autres, il raconte l'emprise psychologique, le malaise ressenti à l'époque, et surtout ce besoin profond d'être reconnu comme victime pour avancer. Il sort de l'audience en larmes.

L'agresseur présumé a été leur chef scout, il est devenu commissaire.

Les faits sont répétés, plusieurs fois, il y a le même mode opératoire : d’abord il veut les faire boire, après il faut qu’ils dorment dans le même lit que lui et ensuite vers 5h du matin il va commencer à les caresser. C’est une agression !

Me Benoît Chabert, avocat des parties civiles

Un non-lieu en 2019

Les premiers faits remontent à août 2009. Lors de soirées alors qu’il était chef scout, cet ancien haut-gradé aurait eu des gestes à caractère sexuel envers des adolescents après leur avoir servi de grandes quantités d’alcool.

Trois autres plaintes sont déposées en 2012 par des amis de la première victime, pour des faits similaires qui se seraient déroulés en région parisienne et en Crète entre 2006 et 2008.

Après une enquête et un premier procès, le juge d’instruction de la Rochelle déclare un non-lieu en 2019, n’ayant pas suffisamment d’éléments matériels et intentionnels pour caractériser les faits.

Les victimes décident alors de faire appel de cette décision, un supplément d'information est ordonné. L'affaire est renvoyée en correctionnelle. Sa révélation dans la presse provoque la mise à l'écart du policier de son poste. Il conteste les faits.

A une question sur l'état d'esprit de son client, son avocat Maître Lionel Béthune de Moro répond : "C’est une épreuve partagée avec les parties civiles. Je ne doute pas qu’il s’agisse également pour les parties civiles, qui portent ces allégations et ces dénonciations, d’une épreuve. En tout cas, elles l’ont manifesté lors des précédentes audiences devant la chambre d’instruction."

Mon client est bien évidemment éminemment concentré, éminemment combatif. Il sera éminemment soulagé à l’issue de la décision qu’il espère positive.

Me Lionel Béthune de Moro, avocat de la défense

Parole contre parole

Abus d’influence ? Véracité des faits et des témoignages... Chaque partie doit convaincre les juges de ce procès, parole contre parole. L'audience s'est déroulée dans une ambiance calme. Maître Benoît Chabert, l'avocat des parties civiles, s'est tout de même étonné de l'attitude du parquet qu'il estime trop penchée en faveur de la défense.

"Peut-être parce que les victimes sont des hommes ? [...] Peut-être parce que le mis en cause a des fonctions dans la police assez importantes ? [...] Et comme par hasard, l’accusation [...] va poser des questions qui sont parfois limites vexantes « Mais pour quelle raison vous avez accepté de dormir dans le même lit ?» Comme si on faisait le procès de la victime !"

J’ai un peu le sentiment dans ce dossier, avec effroi, que le parquet est en train de reprocher aux victimes d’avoir cherché ce qui s’est passé, j’espère que le tribunal aura une position différente.

Me Benoît Chabert, avocat des parties civiles

L'audience, débutée à 13h30, s'est achevée à 23h30. Le policier encourt jusqu'à sept ans de prison.

D'après l'avocat de la défense, Me Lionel Béthune de Moro, les réquisitoires allaient au bénéfice du doute, notamment à cause du caractère "par surprise" des agressions.

"Nous sommes satisfaits de cet épilogue d'une affaire qui dure depuis plus de 16 ans [...] Cette position du parquet de la Rochelle est donc conforme à celle du procureur ainsi que celle du parquet de Poitiers", a déclaré l'avocat.

Il a également annoncé qu'il s'attend donc à une relaxe. Dans le cas contraire, le mis en cause formera appel.

De leurs côtés, si une relaxe est prononcée, les parties civiles peuvent faire appel. Mais sans un appel du parquet, aucun nouveau procès pénal ne sera possible. Ne restera alors qu'une procédure civile pour réclamer des indemnités financières.

La décision a été mise en délibéré au 24 février prochain.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information