Avant de devenir le meilleur cuisinier du monde, Joël Robuchon était un "drôle" du Poitou. Issu d'une famille modeste de Poitiers, il a failli devenir prêtre. Retour sur les lieux de son enfance.
Un professionnel admiré, un homme ouvert mais discret.C'est l'avis de ceux qui, de près ou de loin, ont croisé la route de Joël Robuchon. Né d'un père maçon et d'une mère au foyer, il avait deux sœurs et un frère.
Sa voie passe par les cuisines
A 12 ans à peine, il rejoint l'école cléricale de Châtillon-sur-Sèvre (commune actuelle de Mauléon, dans les Deux-Sèvres) pour se former à la prêtrise. Là-bas, Joël Robuchon devient un habitué des cuisines, heureux de pouvoir assister les religieuses dans la préparation des repas, et de prolonger ainsi le souvenir des bons moments passés avec sa Maman.Un historien local nous a guidé dans ces lieux et notamment expliqué comment les jeunes élèves empruntaient un souterrain pour apporter les plats jusqu'au réfectoire. Modeste début d'une longue carrière internationale.
Élève de l’école cléricale et de l’institution Saint-Joseph de Chatillon-sur-Sèvres, ajd #Mauléon, le petit Joël #Robuchon passait les plats de la cuisine au réfectoire en passant par un souterrain... Retour sur son enfance au cœur du Poitou ce soir 19h sur @F3PoitouChtes pic.twitter.com/owK95UNtrE
— Antoine Morel (@F3AntoineMorel) August 7, 2018
C'est là qu'il prend vraiment goût pour le travail des aliments, au point de vouloir en faire son métier. Il quitte alors le séminaire et part user ses semelles d'apprenti dans les coulisses d'un restaurant assez réputé, Le Relais de Poitiers, bordant la nationale 10 au Nord de la ville, avant, plus tard, de faire briller la gastronomie française sur toutes les tables du monde.
L'homme était tellement attaché à ses racines poitevines qu'il n'hésitait pas à emmener les investisseurs chinois de son projet d'institut international de Montmorillon jusque sous les fenêtres de sa maison natale, Grand'Rue, à Poitiers. Dans cette rue pentue du centre ville médiéval, il a vécu ses premières années dans un petit appartement, situé au-dessus d'une cordonnerie. Il y gardait aussi, paraît-il, le souvenir ému d'une voisine de son âge, entrevue dans sa chambre, premier émoi amoureux ou curieux au moins.Un reportage entre Mauléon (Deux-Sèvres), Chasseneul-du-Poitou et Poitiers (Vienne) d’A. Morel, L. Baron, MA Cristofari, F. Levasseur et P. Ritaine avec les interviews d’Yves Maudet, historien local à Mauléon.
Le retour au pays
Il comptait s'établir à Saint-Benoît, dans la maison construite par son père dans les années cinquante. Une maison qu'il a toujours voulu racheter et qu'il venait juste de finir de rénover. Touchée par sa disparition, une voisine se souvient de ses yeux brillants à la vue du résultat des travaux et la joie qui était la sienne à l'idée de s'installer dans ces murs-là, où il a vécu une partie de son enfance.
Les rares témoins de cette époque décrivent une famille discrète. Jusqu'au bout, Joël Robuchon aura d'ailleurs été un homme soucieux de protéger son intimité. Tout juste sait-on qu'il est marié et père de deux enfants.
Il laisse un empire évalué à 75 millions d'euros de chiffres d'affaire annuel (2012). D'après Le Figaro, il aurait, ces derniers mois, organisé la cession de son patrimoine à un fonds d'investissement britannique et luxembourgeois.
Toujours dans cet esprit de discrétion, ses funérailles seront strictement privées, leur lieu demeure inconnu. Un hommage public sera organisé dans la Vienne, d'ici quelques jours.
► Notre reportage à suivre dans le journal de 19h de ce mardi 7 août