Depuis plusieurs années, l'Éducation nationale souffre d'une crise des vocations. À cela s'ajoute un autre phénomène, celui des départs volontaires d'enseignants. Leur nombre a explosé en quelques années. Pour mieux comprendre ce malaise, nous avons rencontré Lola et Frédéric, deux anciens professeurs en cours de reconversion professionnelle.
En 2009, l’Éducation nationale enregistrait 364 départs volontaires d’enseignants en France. Ce chiffre a explosé pour atteindre 2 836 départs en 2022. C’est cette année-là que Lola Turlan a arrêté l’enseignement. Pour cette poitevine, être prof comme ses parents était une évidence, mais après deux nominations difficiles (remplaçante dans un collège de Châtellerault puis enseignante dans une classe ULIS à Poitiers), sa mission lui paraît de plus en plus compliquée : « J’avais 12 élèves de six à douze ans, en situation de handicap donc, tous avec des besoins éducatifs particuliers et je devais adapter le programme scolaire douze fois. »
C’est également en 2022 que Frédéric Brunet, un habitant de la Vienne, a quitté le professorat après plus de quinze ans passés auprès d’élèves de CM1-CM2. Pour l’un comme pour l’autre, c’est lors de la crise sanitaire que tout a basculé.
Il y a eu un épuisement par rapport au métier et il y eu un déclic par rapport au Covid.
Frédéric BrunetAncien professeur en reconversion professionnelle
C’est cette année-là où pour la première fois, je me suis sentie mal dans mon travail.
Lola TurlanAncienne professeure en reconversion professionnelle
Aller en classe devient alors une souffrance, Lola parle de perte de confiance en soi et de début de burn-out. Frédéric confie s’être senti inutile. Lola démissionne et lui opte pour la rupture conventionnelle.
Aujourd’hui, Lola a repris ses études de biologie et Frédéric s’est lancé dans un BTS maintenance des systèmes. Tous les deux se disent satisfaits de leur parcours. Ils seront diplômés à la rentrée prochaine. Une nouvelle carrière loin des tableaux noirs et, ils l’affirment, sans regret.