Pour le réveillon, vous reprendrez bien des criquets, des grillons et un peu de larves ?

Une entreprise basée à Saint-Orens près de Toulouse commercialise des insectes. C'est très sérieux et semble-t-il, c'est aussi très nutritif. Comptez quand même 200 euros le kilo !

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Pour la nouvelle année, le consommateur écoresponsable peut faire un petit geste pour ses proches en même temps que la planète en leur offrant des chocolats au grillon ou au ver de farine.
Et si les destinataires de cette attention gourmande alliant le fondant du chocolat et le croquant au vague goût de noisette de l'orthoptère ou du coléoptère déshydraté peinent à surmonter leur dégoût, leur bienfaiteur peut en appeler à leur patriotisme économique.
Car le ballotin de douze douceurs est une fabrication made in France de la jeune entreprise Micronutris, producteur d'insectes alimentaires nés et élevés en France, et du maître chocolatier Guy Roux, spécialiste du chocolat sans sucre.


Criquets ou vers de farine ?

Micronutris, installée à Saint-Orens-de-Gameville dans la banlieue toulousaine, a vu le jour il y a un an et demi. La société hébergée dans un hangar nickel propre de zone industrielle dans lequel grouillent et chantent en bacs des centaines de milliers de criquets domestiques et de vers de farine (les larves du ténébrion meunier si commun) est née du constat fait par son gérant, Cédric Auriol.
Déjà entrepreneur dans l'import-export de textiles et d'emballages, il avait besoin d'une nouvelle activité en accord avec ses valeurs. Et l'entomophagie, la consommation d'insectes par l'être humain, est "un marché qui a vocation à exploser". Or, assure-t-il, si deux milliards de personnes mangent couramment des insectes en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud, si l'on peut commander des chenilles sur internet, aucune entreprise en Europe, et peut-être dans le monde, n'en produit de manière industrielle en assurant une qualité sanitaire irréprochable, conforme aux normes occidentales et soumise au contrôle de l'administration comme Micronutris.


Le défi alimentaire

Pourtant, dit Jérémy Defrize, docteur en biologie et responsable de production à Micronutris, le gastronome français et occidental ne va pas échapper à une sérieuse remise en question: "En 2050, nous serons 9 à 10 milliards sur terre ; la demande en protéine animale va doubler ; mais la surface agricole, elle, ne va pas doubler".
Face à un tel défi et parmi d'autres réponses possibles comme la viande de synthèse, l'entomophagie représente "une solution pour que tout le monde mange à sa faim", dit-il.
Ces petites bêtes sont en effet riches en protéines, en vitamines et en minéraux, et pauvres en graisse. A poids égal, les élevages d'insectes relâchent entre 10 et 100 fois moins de gaz à effet de serre que les élevages de viande traditionnelle, dit le scientifique.
Micronutris nourrit ses grillons domestiques et ses vers de farine, ainsi que les grillons des steppes et les criquets pèlerins qu'elle a en test, avec des aliments bio. Elle fabrique la farine dont se délectent les vers et fait pousser le blé qui régale les criquets, avant qu'ils ne finissent ébouillantés. Micronutris compte recycler en compost les déjections de cette fourmillante nurserie.

Deux cents euros le kilo

Micronutris a commencé à vendre ses produits en ligne en décembre ( http://www.micronutris.com/). Le grillon ou le ver revient quand même à environ deux cents euros le kilo parce qu'il faut inventer tous les process, explique le gérant. Avec la montée en régime de l'entreprise ainsi que la prise de conscience de consommateurs qui "s'inquiètent de plus en plus de l'impact environnemental de ce qu'ils mangent", il pense pouvoir commercialiser au prix de la viande classique d'ici à trois ans.
Micronutris devrait s'en tenir à transformer les insectes en matière première, sans se lancer dans les produits préparés. Le ballotin de chocolats vise surtout à faire connaître une marque, comme la barre énergétique qui devrait être sur le marché dans six ou neuf mois. A base de farine d'insecte, elle sera "acceptable" pour le consommateur occidental, qui n'est pas forcément encore prêt à manger des cafards, reconnaît-il.
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