Unique en Europe, fleuron de la recherche météorologique, les laboratoires abritant la veine hydraulique sur le site Météo-France à Toulouse sont menacés de fermeture, restriction budgétaire oblige.
22 mètres de long sur 3 mètres de large, 1,10 mètre de profondeur soit 120 m3 d'eau salée et beaucoup de remous... à première vue, le bassin de ce laboratoire de Météo France pourrait ressembler à un centre de thalassothérapie. Il n'en est rien. Ca s'appelle une veine hydraulique.
Cette sorte de piscine toute en longueur est surmontée d'un pont roulant se déplaçant au millimètre et muni de capteurs ultra-sensibles. La salinité, plus ou moins dosée, restitue les couches atmosphériques. L'eau douce imite l'air chaud, l'air salée restitue l'air froid. Le but de cet veine hydraulique est de recréer la dynamique du vent sur des maquettes prototypes immergées dans ce bassin salé.
Des réalisations scientifiques qui peuvent sauver des vies
Six scientifiques chercheurs y travaillent en permanence, visités de temps à autre par des post-doctorants ou des thésards. Tous sont fiers et très attachés à cet outil qui a permis de mettre en applications des études concrètes : mise en situation de tempêtes à l'aéroport de Roissy, impact des vents sur le viaduc de Millau, cartographie des vents sur le massif des Maures pour la prévention des incendies, vents de travers sur les TGV lancés à pleine vitesse... Sur le terrain, les ingénieurs du génie civil ont pu ainsi affiner et mettre en place des mesures induites par les calculs de la veine hydraulique. Un exemple : la maquette miniature du Viaduc de Millau est immergée puis passée aux lasers afin de mesurer la couche limite atmosphérique.
"L'étude de la mécanique des fluides et des ondes internes ont aussi permis d'étudier l'entretien de la circulation générale océanique, les turbulences en ciel clair redoutées des pilotes, les rotors (tourbillons d’axe horizontal) se formant au pied des montagnes et pouvant être dangereux pour les avions, ou encore les ralentissement ou accélération du vent lors de son passage sur un relief."
Le laboratoire du bâtiment Boussinesq menacé
Lors d'un comité technique d'établissement réunissant organisations syndicales et direction en décembre 2012, il a été question pour la première fois depuis la création de cette veine hydraulique en 1984 de fermer ce laboratoire décrété trop coûteux. Selon les cadres de Météo-France, il faudrait un groupement d'investissement public pour maintenir l'activité et alléger le seul budget supporté par Météo France.
Pour Emmanuel Celhay, représentant de l'intersyndicale et responsable d'un département de ce laboratoire, "un audit d'experts datant de 2010 avait conforté la complémentarité de ce laboratoire avec les nouveaux outils technologiques de simulation récemment mis en place par Météo France". "La DGAC a même salué notre travail sur le programme de l'aéroport de Roissy, nos recherches sont à la pointe". Le chercheur ajoute : "Si la veine est arrêtée, le désarmement des tubulaires et autres câbles aura un impact financier de 10 ans de fonctionnement !".