Le nouveau ministre de l'écologie Philippe Martin a rapidement contrecarré les espoirs de gaz de schiste «écologique» de son collègue Arnaud Montebourg. Ce dernier a ouvert une porte en disant qu'il serait peut-être possible d'exploiter le gaz de schiste avec une gestion publique et sans polluer.
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, veut que "l'exploitation des gaz de schiste soit confiée à une compagnie nationale publique et non au privé, si une technique non polluante était mise au point", a-t-il indiqué mardi soir devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale. Les frondes ne se sont pas faites attendre de la part du nouveau ministre de l'Écologie et de l'Énergie Philippe Martin : "La question d'une exploitation "écologique" des gaz de schiste ne se pose pas".
Martin a recadré Arnaud Montebourg :
"Le bilan carbone des forages de gaz de schiste est très négatif, surtout si l'on prend en compte non seulement le CO2 issu du gaz extrait mais aussi de la quantité de méthane qui fuit vers l'atmosphère lors de l'extraction", a-t-il notamment affirmé.
En outre, "ma feuille de route, celle que m'a fixée le président de la République, est de conduire la transition écologique et énergétique afin, notamment, de réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles", a-t-il ajouté.
Vives réactions de part et d'autre du gouvernement
- Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a également réagit en critiquant l'idée avancée par Arnaud Montebourg, soulignant qu'elle divergeait de l'option gouvernementale.
- Le parti d'EELV avec à leur tête Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat, a estimé jeudi que le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, partisan d'une exploitation "écologique" des gaz de schiste, était désormais "nuisible" pour l'écologie et le gouvernement.
- L’ex-ministre de l’Écologie Delphine Batho, au micro de France Inter, a demandé jeudi au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, de lever «l’ambiguïté permanente» sur les gaz de schiste après les déclarations d’Arnaud Montebourg.
Le défi d'Arnaud Montebourg
L'équipe d'Arnaud Montebourg a tenu à préciser que cette hypothèse se faisait bien dans "le cadre fixé par le président de la République qui est de dire qu'il n'y aura pas de fracturation hydraulique", une technique controversée de fissuration des sous-sols qui présente des risques environnementaux.
"Pour capter la rente, et là c'est une position tout à fait personnelle qui n'engage pas le gouvernement, c'est une idée (...), c'est que nous puissions avoir une compagnie publique et nationale exploitant les gaz de schiste, et captant la rente, la partageant avec les territoires, permettant d'affecter les industries au plus près, leur diminuant le prix de l'énergie et assurant le financement de la mutation énergétique du reste du pays, et notamment nous libérant des hydrocarbures", a fait valoir Arnaud Montebourg.
"Je pense que nous aurons une meilleure chance que si nous confions ça à l'industrie pétrolière comme aux États-Unis", a-t-il plaidé. Quant à l'hypothèse de trouver une technique d'exploitation des gaz de schiste respectueuse de l'environnement, "je pense qu'on arrivera avec la technologie dans très peu de temps au gaz de schiste écologique. Où il n'y a pas de pollution", a-t-il dit."J'ai noté que dans tous les scénarios d'alternative au nucléaire, on préconisait l'augmentation de l'usage du gaz (...) Nous avons là peut-être la possibilité de nous sortir de l'impasse dans laquelle se trouve aujourd'hui notre équation énergétique", selon lui."Pourquoi on ne pourrait pas convaincre les écologistes raisonnables ? Ils sont majoritairement raisonnables. Ils sont même tous raisonnables", a-t-il lancé.
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