Disparition de Delphine Jubillar : la défense accuse le procureur d'organiser un lynchage médiatique de son mari Cédric

Cédric Jubillar a choisi de faire appel à d'autres avocats en plus de Jean-Baptiste Alary. Deux pénalistes de Toulouse viennent renforcer sa défense, Emmanuelle Franck et Alexandre Martin. Ce dernier accuse le procureur de la République d'organiser un lynchage médiatique de son client.

Six jours après la présentation des charges par le procureur de la République de Toulouse, les avocats de la défense lancent l'offensive. Jusqu'ici représenté par Jean-Baptiste Alary, Cédric Jubillar écroué depuis le 18 juin, a choisi de renforcer sa défense, en faisant appel à deux avocats pénalistes toulousains, Emmanuelle Franck et Alexandre Martin.

Le mari de Delphine Jubillar a été mis en examen pour "homicide volontaire sur conjoint" et placé en détention à la prison de Seysses. Il est soupçonné d'avoir tué son épouse, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Le procureur de la République s'est adressé à la presse en parlant de "configuration d'homicide conjugal".

Les avocats de Cédric Jubillar, eux, estiment que le procureur a outrepassé ses droits. Alexandre Martin se dit "sidéré et choqué" par la conférence de presse donnée par Dominique Alzéari le 18 juin. Et ce, précise-t-il, avant même d'avoir accepté d'être le conseil de Cédric Jubillar.

"De fausses informations"

L'avocat estime que le procureur a violé le secret de l'instruction et présenté Cédric Jubillar comme le coupable de la disparition de son épouse. "Nous voulons que la défense se positionne comme un équilibre dans une justice digne de ce nom, dans une démocratie qui se respecte, argumente Alexandre Martin. Un équilibre et pas un lynchage médiatique, organisé à la base - et je le dis haut et fort -  par le procureur de la République".

"Par son intervention qui est biaisée, emprunte de subjectivité, de réaction, il laisse transparaître ce qu'il pense (...) et diffuse de fausses informations, poursuit le pénaliste. A la sortie, ça donne l'image d'un procureur qui, d'ores et déjà, a scellé le sort de Cédric Jubillar".

"La présomption d'innocence bafouée"

L'avocat estime qu'il n'existe aucun élément qui établisse qu'il y ait eu homicide. "Les premières constatations des gendarmes, c'est de dire qu'il n'y a aucune trace de lutte. Il n'y a pas de trace de sang. Il n'y a pas de trace de fluide corporel. Il n'y a pour l'instant aucun élément pour soutenir cette thèse".

Alexandre Martin se dit ainsi choqué que Dominique Alzeari puisse exprimer ce qu'il pense de l'affaire. "Tout est présenté de manière inobjective. Monsieur Jubillar conteste et il vous dit : monsieur Jubillar ne cesse de mentir. C'est à ce moment-là que monsieur le procureur sort du cadre légal puisqu'il porte une appréciation sur les charges, ce qu'il n'a pas le droit de faire".

Par ailleurs, souligne Emmanuelle Franck, il est totalement sorti de son cadre de compétence en décrivant des aspects de la personnalité de Cédric Jubillar. "Il a égréné des éléments du dossier mais de façon parcellaire, de façon inexacte, parfois énonçant des contrevérités", ajoute-t-elle.

"Il y a un principe d'égalité des armes dans le procès pénal et il a été profondément déséquilibré par l'intervention du procureur de la République de Toulouse. Il a, et je le dis sans aucune difficulté, profondément et de façon scandaleuse, bafoué un grand principe qui est celui de la présomption d'innocence dont il est pourtant le garant principal".

La thèse de l'homicide contestée

Les avocats envisagent très sérieusement, disent-ils, de porter plainte contre Dominique Alzeari auprès du Conseil supérieur de la magistrature. 

Ils contestent par ailleurs formellement le postulat d'homicide sur lequel se fonde la justice. Ils ont fait appel de l'ordonnance de placement en détention provisoire de leur client et s'apprêtent à être convoqués, mardi 29 juin ou le mardi suivant, devant la chambre d'instruction. Des débats contradictoires sur les motivations pour lesquelles Cédric Jubillar a été placé en détention s'y tiendront, à l'issue desquels il pourrait, d'après ses avocats, être libéré.

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