Chaque été, des dizaines de chercheurs d'or amateurs viennent en Ariège pour espérer faire une découverte sans précédents. Depuis plusieurs années, la pratique est strictement encadrée par les autorités pour limiter son impact environnemental.
"C'est fatiguant, c'est chiant, on est dans l'eau, on est mouillé, il fait chaud. On passe dans les ronces, on marche dans les cailloux”. À l’entendre, on pourrait croire que la passion de Paul Peyrieller pour l’orpaillage de loisir s’est érodée avec les années. Il n'en est rien.
Depuis 25 ans, cet ancien employé de banque reconverti en développeur informatique sillonne l’Ariège à la poursuite d’un rêve d’enfant : trouver de l’or. Au mois d'août, il y va même trois fois par semaine et y consacre plus d’une après-midi à chaque fois.
Même s’il reconnaît que “les chercheurs d’or passent un peu pour des demeurés. Pour des rêveurs”, Paul Peyrieller ne s’en cache pas : il espère bien, un jour peut-être, faire la découverte de deux grammes d’or à l’heure, “et même plus”.
“On met trois heures à creuser un trou”
Les dispositions naturelles de la région de l’Ariège lui permettent de nourrir cet ambitieux projet. “J’ai trouvé des coins assez riches. Et je pense qu’il y a des coins qui le sont encore plus. Mais là, pour l’instant, je suis dans une activité de prospection”, indique-t-il. Il partage ensuite toutes ses recherches et ses résultats au sein de son association de prospection aurifère du Salat, qui compte une quinzaine de sympathisants.
En prospection, on est dans un saut, il y a du courant, on est en plein milieu de la rivière. Parfois, on met trois heures à creuser un trou
Paul Peyrieller, orpailleur amateur dans l'Ariège
La prospection, elle, se passe essentiellement sous l’eau, là où les réserves ariégeoises d’or ont déjà été identifiées. Équipé d'une combinaison de plongée, Paul Peyrieller passe en revue les fonds d’un cours d’eau qui traverse l’Ariège.
"Il y a des coins au milieu de l’eau qui sont très riches, qui sont exploitables, mais qui sont inaccessibles parce qu’ils sont sous l’eau”, remarque l’orpailleur amateur. “Je profite de la canicule pour y aller parce que l’eau a baissé. Mais ça reste un trésor auquel on ne peut pas accéder”, ajoute-t-il.
Une pratique encadrée par les autorités
50 kilos d’or étaient extraits de l’Ariège par an à une époque, indique Paul Peyrellier, qui évalue à 10 fois plus le total issu de la contrebande. Aujourd'hui, les chiffres sont bien plus modestes. “Pour l’instant il y a une quarantaine d’orpailleurs amateurs qui viennent chaque été chercher de l’or en Ariège. Ils vont sur des plages, ils trouvent des paillettes et ils sont contents”.
Depuis plusieurs années, le nombre de chercheurs d’or en Ariège autorisés à mener des explorations est strictement encadré par les autorités. En 2021, ils ne pouvaient explorer les cours d’eau uniquement du 1er mai au 31 octobre. L’an dernier, 253 demandes individuelles - une cinquante d'entre elles ont été rejetées - ont été faites auprès de la préfecture de l’Ariège. Un chiffre en hausse de 62% par rapport à 2020, indique la préfecture. “En Ariège, l’autorisation est valable pendant quatre mois. En Haute-Garonne, il faut demander au jour le jour et dans un coin précis”, précise Paul Peyrellier.
Les associations de défense de l’environnement en alerte
Si la législation est aussi stricte, c’est parce que l’orpaillage, même de loisir, peut avoir un impact néfaste sur l’environnement. Certaines méthodes d’extraction d’or sont décriées de longue date par les activistes pour le climat. “Il y a une trentaine d’années et jusqu’à trois ou quatre ans, il y avait des orpailleurs qui exploraient avec des dragues suceuses”, raconte Paul Peyrieller. “C'était des petits aspirateurs à gravier, beaucoup plus petits que ce qu’on peut trouver en Amérique du sud. Le dernier à avoir obtenu une autorisation c’était il y a trois ans, je crois. Pour une durée de cinq ans.”
D’après ses informations, l’orpaillage de loisir avec utilisation d’un tel outil a été interdit dans le département sous la pression des associations écologiques.
En plus de son impact sur l’environnement, l'engouement pour la discipline serait sur le déclin, fait remarquer Paul Peyrieller. Selon lui, les néophytes “s’aperçoivent vite que c’est fatiguant. Les gens achètent du matériel d'occasion. Certains se sont rendus compte que ça ne vaut pas le coût". “C’est laborieux”.