La maladie de Lyme est en expansion. Transmise par les tiques, elle peut avoir de graves conséquences sur la santé. Une étude scientifique participative est en cours pour mieux connaître ces animaux vecteurs de la maladie et affiner la prévention.
La maladie de Lyme, ou borréliose de Lyme, est transmise lors d'une piqûre de tique infectée par une bactérie. Elle est la maladie vectorielle la plus répandue dans tout l’hémisphère nord. Si un traitement antibiotique n'est pas pris à temps, elle peut avoir des conséquences sur la santé : manifestations neurologiques ou articulaires, cutanées, cardiaques ou ophtalmologiques. Elle peut laisser des séquelles handicapantes.
Mieux calibrer la prévention
Des chercheurs ont ouvert un programme participatif baptisé "Citique" pour mieux connaître la tique et son comportement. Objectif : s'en protéger plus efficacement. Tous les citoyens peuvent s'associer à cette recherche pour faire avancer plus vite les connaissances scientifiques.
Grâce à un kit composé d'une petite fiole, ils peuvent récupérer la ou les tiques qu'ils trouvent sur leurs vêtements, qui les a piqués ou qui a piqué leur animal. "L'enjeu, c'est de savoir si toutes les tiques piquent, qui elles piquent : est-ce que ce sont les personnes âgées, les personnes plus jeunes ? Est-ce que telle espèce de tiques pique davantage les animaux ou les êtres humains ? Que véhiculent-elles comme agents pathogènes ? Protozoaires, bactéries ou virus ?", explique Jocelyn Bordenave, chargé d’animation nature au sein de l'association ANA, Conservatoire d’espaces naturels d’Ariège.
L'association distribue les kits. Elle collecte ensuite le formulaire et la tique conditionnée dans la fiole. Mais chacun peut expédier le tout dans une enveloppe par la Poste aux chercheurs de l'INRAE de Nancy. Le Parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises a décidé de relayer cette initiative. À l'automne, il va former les élus et les agents de mairie pour sensibiliser la population.
"L'idée, c'est de mailler le territoire du Parc au niveau des gros bourgs, des endroits un peu stratégiques géographiquement pour que la population, les randonneurs, les touristes, les médecins... un peu tout le monde puisse aller se procurer ce fameux kit de prélèvement et que tout le monde puisse participer à cette recherche, explique Isabelle Cambus, chargée de mission santé et environnement au Parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises.
30% des piqûres dans les jardins
"À l'arrivée, on peut espérer mieux calibrer les tests de dépistage de la maladie de Lyme et mieux prendre en charge les malades" ajoute-t-elle. C'est d'autant plus important que les tiques se répandent et la maladie de Lyme avec eux. Son incidence continue d'augmenter à l'échelle mondiale en raison de facteurs démographiques et environnementaux. Le changement climatique contribue aussi à cet état de fait. L'étude des chercheurs de Nancy s'avère donc essentielle pour faire progresser les connaissances.
"Ce projet de recherche participative a justement mis en lumière le fait que 30% des piqûres avaient lieu au jardin, poursuit Isabelle Cambus. C'est important d'en avoir conscience pour toutes les personnes qui ne vont pas nécessairement en montagne ou en randonnée, il faut rester vigilant même dans son jardin et appliquer un minimum de prévention".
[#LeSaviezVous ?]🔍D’avril à octobre, les tiques sont actives dans les milieux naturels, surtout dans les forêts🌳
— Fransylva (@FransylvaFrance) July 21, 2023
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Beaucoup de randonneurs, sensibilisés notamment par des pancartes au départ des balades, ont changé leurs habitudes. C'est le cas des adhérents de l'association des Izards Barguillière.
Départ de rando. Tout le monde est habillé en conséquence. Objectif : se protéger des tiques et de la possibilité de contracter la maladie de Lyme. Jean-Pierre Paou, l'un de ses adhérents, ne part plus en randonnée sans précautions minimum. "Au départ le matin, c'est encore le tee-shirt. On met une chemise dessus qui permet donc de protéger les bras. Le pantalon ajusté qui plus ou moins cache les chaussures. C'est efficace".
C’est d’autant plus important que le contexte est particulièrement favorable aux rencontres avec les tiques cette année. On s’en aperçoit à quelques dizaines de mètres du départ de la randonnée, ce jour-là à Brassac. "On a une particularité cette année, c'est que les fougères ont énormément poussé et quand on passe dessous, bien sûr les tiques aiment bien être dans les fougères, et c'est important de porter une casquette, un chapeau ou un béret pour éviter que les tiques viennent atterrir sur le crâne", conseille Jean-Claude Rivère qui préside l'association des Izards Barguillière
D'autres conseils de prévention sont mentionnés dans le kit de prélèvement des tiques comme d'utiliser si possible un répulsif qu'on pulvérise sur ses vêtements, de changer ses vêtements et de les laver à 60 degrés en fin de randonnée, de s'observer méthodiquement pour repérer d'éventuelles tiques accrochées à la peau sachant que la tique mesure moins d'un millimètre.
Douleurs articulaires et fièvre
Quand on a été piqué, il faut retirer délicatement la tique, si possible avec un tire tique, désinfecter la plaie et surveiller pendant au moins un mois la zone piquée. Si un érythème migrant (une tache rouge évolutive autour de la piqûre) apparaît et/ou des douleurs articulaires, de la fièvre, des maux de tête, une paralysie faciale ou tout autre symptôme inhabituel, il faut consulter son médecin sans attendre. Si un enfant a été piqué, il faut écrire la date et l'endroit de la piqûre sur son carnet de santé.
Dans l’attente de trouver les kits de prélèvement en mairie dans le parc ariégeois, chacun peut se les procurer auprès de l'association ANA ou via le site internet Citique.