Nuit des étoiles 2024. Trop de lumière artificielle met en danger l'environnement, un chercheur nous explique les effets néfastes pour des centaines d'espèces vivantes

Si l'on veut observer les étoiles filantes, ces prochains jours pour la Nuit des étoiles 2024, il nous faudra s'éloigner de la pollution lumineuse. Mais quel est l'impact de la lumière sur nos vies, notre environnement et les écosystèmes qui nous entourent ? Samuel Challeat chercheur au CNRS et docteur en géographie, répond à nos interrogations.

Prenez un exemple simple, si vous souhaitez observer les Perséides d'août (étoiles filantes), vous aurez besoin de vous éloigner le plus possible de la pollution lumineuse. Pourtant, la lumière nous entoure, de jour, comme de nuit. Celle qui provient du soleil et inonde notre champ de vision. Celle diffusée par les réverbères, le soir dans les villes. Celle émise par les lampes solaires de nos jardins, de nos pièces de vie, de nos téléphones, de nos écrans d'ordinateurs.

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Si cette lumière nous est utile pour bien de choses, elle nous embarrasse aussi parfois. 

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Samuel Challeat est chercheur au CNRS et docteur en géographie. Il est aussi l'auteur du livre Sauver la nuit, Comment l'obscurité disparaît, ce que sa disparition fait au vivant, et comment la reconquérir.

France 3 Occitanie : Sommes-nous les seuls impactés par la lumière ?

Samuel Challeat : Pour un milieu naturel, toute forme de lumière artificielle, crée une perturbation. Tout d'abord pour l'homme. La pollution lumineuse, c'est la principale alerte lancée par les professionnels de santé, on est sursollicité par de l'éclairage artificiel et c'est problématique.

Du côté de la faune, il y a un impact certain. Même si des espèces sont plus sensibles que d'autres. Par exemple, je pense aux chauves-souris. Elles sont très fortement impactées dans leur comportement par la lumière. Elles vont être obligées de modifier leur comportement de vol, de chasse.

Je pense aussi aux insectes, d'une façon générale. C'est un groupe d'espèces auquel on pense assez peu, mais la lumière artificielle, va créer ce qu'on appelle une vidange du milieu par attraction des insectes qui vont venir tournoyer autour des sources lumineuses. Ils vont ensuite mourir d'épuisement ou en étant surprédatés, surmangés.

France 3 Occitanie : Se retrouver dans l'obscurité, est-ce que ce serait bénéfique ?

Samuel Challeat : Dès qu'on va réduire un petit peu nos usages de lumière artificielle dans les territoires, la faune et la flore vont regagner une part d'obscurité et vont pouvoir exploiter cette obscurité. C'est en ce sens que l'obscurité fait ressource pour le vivant et constitue une véritable ressource pour certaines espèces pour se déplacer, pour certaines espèces pour communiquer.

Les vers luisants communiquent en produisant de la lumière naturelle par bioluminescence. Ils ont donc besoin d'un milieu qui est naturellement obscur pour que cette lumière naturelle soit perceptible par ses congénères, et chasser. Beaucoup d'espèces utilisent le temps nocturne pour chasser. D'un point de vue générique, en général, comme pour nous, humains, les espèces qu'on dit diurnes ont besoin du temps nocturne pour se reposer.

Quand on est dans un milieu dans lequel il n'y a pas de lumière artificielle, on est dans un milieu où la naturalité est très forte. Donc, on va avoir accès à des paysages sonores, qui sont tout autres que ceux qu'on a en ville. On va entendre toutes les espèces animales qui vont chanter au cours de la nuit.

France 3 Occitanie : Que pouvons-nous faire pour limiter notre pollution lumineuse ?

Samuel Challeat : Finalement, c'est dans notre cadre de vie que l'on peut agir. Toutes les personnes qui ont des jardins, qui éclairent ces jardins avec des petites lumières solaires, allumées toute la nuit, ou qui ont leur éclairage de garage mal orienté ou qui oublient d'éteindre le soir quand ils n'utilisent plus leurs jardins, peuvent changer leurs habitudes.

Il y a un deuxième niveau d'action possible pour tous les citoyens, c'est l'interpellation des élus. Cette interpellation, elle peut être directe. Tous nos élus ont des mails sur lesquels on peut les contacter. Mais il y a aussi des associations de protection de l'environnement. Je pense, par exemple, à France Nature Environnement Occitanie qui est très active sur le sujet de la pollution lumineuse ces dernières années. Ensuite, c'est à chaque commune de faire un travail sur son territoire, pour connaître les réels besoins de lumière dans les villes.

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