Des responsables agricoles et politiques demandent la création d'une gouvernance locale en Ariège. Une proposition qui fait suite à la multiplication des attaques d'ours dans le département pyrénéen : les élus estiment ne pas être entendus par l'Etat sur ce dossier.
Le 27 juillet, 7 élus du département de l'Ariège ont écrit au Président de la République Emmanuel Macron pour lui proposer la création d'une gouvernance locale sur l'ours. Cette proposition fait suite à la multiplication des attaques d'ours sur des troupeaux dans le département : "une situation intenable, minimisée par les services de l'Etat", précise cette lettre.
Parmi les 7 signataires de cette proposition, on compte le président de la chambre d'agriculture, les présidents de communautés de communes du département, le président de la fédération pastorale, ainsi que Christine Téqui, la présidente socialiste du département de l'Ariège. Elle commente cette proposition :
On redonne la main, dans une commission décisionnaire, aux élus du territoire. Des territoires évidemment très touchés par la forte concentration.
Cette gouvernance serait composée d'une commission décisionnelle de 13 membres (représentants de l'Etat, du département et des communcautés de communes) et d'une commission technique, "représentée par toute la profession agricole mais étendue aussi à la profession touristique et des artisans liés à l'activité de loisirs."
"Aujourd'hui on pense que ces 3 économies sont intimement liées et en danger ", souligne Christine Téqui.
Ustou, secteur sous haute tension
La situation est tendue en Ariège, notamment à Ustou, où les attaques d'ours se sont multipliées sur des estives, amenant au déblocage du protocole "ours à problèmes" par la Préfecture de l'Ariège. Les tirs d'effarouchement y sont autorisés depuis début juillet, mais de nouvelles attaques ont incité le maire à prendre un arrêté interdisant la randonnée sur plusieurs zones de la commune. Sur cette commune, un ours avait été découvert abattu par balles en juin dernier. Les estives du secteur sont aujourd'hui sous haute surveillance.
"L'Etat donne des mesurettes"
Alain Servat, le maire d'Ustou, qui est aussi l'un des signataires de par sa fonction de président de la fédération pastorale, espère être entendu et écouté.
"Il y a 20 ans qu'on explique que la cohabitation sera difficile, on le voit aujourd'hui avec l'ampleur que ça prend." Et selon lui, "on ne prend pas les bonnes décisions. L'Etat donne des mesurettes." Pour lui, la gouvernance locale aurait plusieurs avantages.
Cette gouvernance permettrait d'augmenter la réactivité des décisions, qui seraient prises par des gens réellement confrontés au problème. Aujourd'hui ça n'est pas le cas.
Les élus attendent une réponse du président "dans le mois qui vient".
"La situation est extrèmement urgente. Tous les jours qui passent des drames se déroulent sur le terrain avec des éleveurs épuisés" conclut la présidente du département Christine Téqui.