La préfecture de l’Ariège vient d’autoriser des tirs pour effaroucher des ours sur deux estives dans les Pyrénées. Une mesure demandée par des éleveurs qui ont perdu des brebis.
Selon le bilan 2019 publié par l’office français de la biodiversité (OFB), il y a eu 349 attaques d’ours sur des cheptels domestiques dans les Pyrénées françaises l’année dernière. 287 rien qu’en Ariège. A la demande des éleveurs, la préfecture de ce département vient par arrêté d’autoriser des mesures d’effarouchement renforcé sur deux estives notamment à Ustou. Dans cette commune, des éleveurs ont déjà perdu de nombreuses brebis. Certaines attaquées probablement par un ours, d’autres victimes d’un dérochement.C'est également à Ustou qu'un ours a été découvert mort début juin tué par arme à feu.
Nouvelles mesures d'effarouchement des ours
Les deux groupements pastoraux autorisés à effectuer des effarouchements renforcés sont le Col d'Escots à Ustou et le Trapech sur la commune de Bordes-Uchentein.Les mesures d’effarouchement renforcé peuvent être effectuées par les agents de l’OFB ou par les éleveurs, les bergers ou des lieutenants de louveterie ayant suivi la formation pour l'effarouchement renforcé de l'ours brun selon les termes de l'arrêté préfectoral. Il s’agit de tirs non létaux avec des balles en caoutchouc. Ils sont décidés quand les mesures d’effarouchement simple (moyens sonores et lumineux) n’ont pas été efficaces
"L’an dernier, a précisé la préfète de l’Ariège on a fait plusieurs interventions mais plus tard dans la saison. Là on intervient beaucoup plus tôt et le souhait c’est de faire plusieurs interventions sur plusieurs estives en simultané. Donc être plus efficace."
Selon nos confrères de France Bleu Occitanie un ours a été aperçu et des tirs d'effarouchement ont été effectués dans la nuit de lundi à mardi sur l'estive du Trapech.
Contacté par France 3 Occitanie, le directeur de l’association Pays de l’ours Adet qui milite pour la sauvegarde de l’ours dans les Pyrénées, rappelle que l’effarouchement est inefficace et inutile.
"Partout dans le monde ce qui s’organise avec succès, explique Alain Reynes, c’est la protection des troupeaux. Dans les Pyrénées, précise-t-il c’est encouragé mais malheureusement avec des réticences (…) là où cela s’est mis en place avec un peu d’expérience et de technicité cela fonctionne très bien".
Questionnée par France 3 Occitanie sur le bilan des effarouchements déjà effectués à titre expérimental dans les Pyrénées en 2019, la préfecture de région nous répond : "L'effarouchement est un des outils avec la protection des troupeaux, les systèmes de détection de l'ours, la signalétique ou encore la sécurisation des foyers de prédation qui permettent d'assurer une bonne cohabitation de tous dans le massif. C'est la combinaison de ces outils et surtout l'implication de tous les acteurs qui rendent le dispositif efficace.
En 2019, il y a eu 15 nuits d'intervention dont 5 où l'Office français de la Biodiversité a vu l'ours. La Pastorale Pyrénéenne a pu accompagner ces opérations (aide au regroupement avant effarouchement et surveillance de nuit sur les estives voisines, afin de limiter les risques de report de prédation.)."
L'été s'annonce encore difficile cette année dans les Pyrénées ariégeoises sur la question de l'ours. Les éleveurs lassés des attaques du plantigrade sur leurs troupeaux demandent la fin des réintroductions et le retrait des ours qu'ils appellent les "ours à problèmes" et qui selon eux commetteraient plus de prédations que les autres.
Un rassemblement a été organisé en Ariège pour relayer cette demande.
De leur côté les associations qui militent pour la sauvegarde de l'espèce et notamment l'asssociation Pays de l'ours Adet réclament le remplacement de l'ours tué par un homme en Ariège au début du mois de Juin.