Foix : un incroyable trafic de civelles vers la Chine passait par l'Ariège, il y en avait pour plus de 200 000 euros

C'est Le Parisien qui révèle cette affaire aujourd'hui. 50 kg de civelles ont été saisis en mars 2019 en Ariège. 3 ressortissants chinois seront jugés ce vendredi 5 février 2021 à Bordeaux. Ce trafic d'une espèce protégée prend de l'ampleur et devient très juteux.

Mars 2019, les douaniers ariégeois effectuent un contrôle de routine à Ax-les-Thermes. A bord d'un véhicule de location immatriculé en Espagne, 3 ressortissants chinois avec 3 000€ d'espèces. A l'arrière, 4 valises avec un étrange contenu : des sachets plastiques contenant 50 kg de civelles, l'alevin qui deviendra plus tard anguille. Un met très prisé en Chine mais aussi en Espagne. Leur prix au kilo peut atteindre les 5 000€, plus cher que la cocaïne. Les protagonistes sont jugés ce vendredi 5 février 2021 à Bordeaux. Civelle et pibale (de son nom occitan pibala) sont des noms régionaux désignant l'alevin de l'anguille.

Les temps changent. Jusque dans les années 70, la civelle était le plat du pauvre. Pas grand monde pour les consommer d'octobre à avril. Parfois, elles étaient données aux animaux. Mais ces dernièrs temps, c'est devenu un met de choix dont raffolent les Espagnols et Japonais. Les Chinois aussi mais, ils les élèvent surtout pour devenir des anguilles de 3-4 kilos.

Pas étonnant donc que le trafic se soit intensifié car, comme le rapporte Le Parisien, cette espèce ne se reproduit pas en captivité. Les larves, pondues dans la mer des Sargasses (Caraïbes) se retrouvent une ou plusieurs années plus tard dans les eaux douces des estuaires, notamment sur la côte Atlantique en France. Ces civelles, autrement appelées "pibales" mesurent alors de 55 à 75 mm et pèsent entre 0,20 et 0,30 g. La pêche est strictement règlementée, réservée aux professionnels du 1e novembre au 31 mars, avec des quotas à ne pas dépasser. 

Ce sont bien ces civelles et non les anguilles que recherchent principalement les trafiquants. Dans les Landes, en 2019, 1 314 kilos de pibales ont ainsi été saisis, contre 613 en 2018. Et si en France, leur prix se négocie entre 300 et 500 €, en Chine, cet or blanc peut valoir 10 fois plus cher. Comme le précise Le Parisien, selon l'organisation WWF, "le commerce illicite d'espèces sauvages (animales et végétales) occupe la quatrième place des trafics transnationaux les plus lucratifs au monde après les stupéfiants, les contrefaçons et le trafic d'humains." 

Un trafic très organisé

Les 3 ressortissants chinois n'avaient pas de permis d'exportation, leurs valises ne contenaient aucun effet personnel, ils ont été déférés par le parquet de Foix (Ariège) et placés en détention provisoire pendant un an, avant d'être mis sous contrôle judiciare en février 2020. La Juridiction Inter-régionale Spécialisée de Bordeaux a mené l'enquête. L'un des 3 hommes interpellés avait été arrêté en janvier 2019 à l'aéroport de Lisbonne, puis un mois plus tard encore, ce qui lui valut un signalement à Europol pour transport d'espèces protégées. 

Un trafic très organisé qui commence par le prélèvement illicite des civelles placées dans des poches plastiques transparentes, placées avec des blocs de glaces ou dans des sacs isothermes puis dans des valises pour le transport en avion. Beaucoup d'alevins d'ailleurs ne survivent pas au transport. Partout dans le monde, des points et des maisons relais sont prévues pour faciliter l'achminement vers l'Asie. 

Les 3 hommes seront jugés aujourd'hui. L'association France nature environnement s'est constituée partie civile pour que cesse ce trafic. Lors d'une précédente affaire, deux trafiquants asiatiques de civelles ont été condamnés en octobre 2019 par le tribunal correctionnel de Bobigny à 10 mois de prison avec sursis et à plus de 7 000 euros d'amendes douanières. Ils transportaient 60 kg de civelles. Les 4 valises étaient passées par Toulouse. 

 

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