En immersion avec les spectateurs du Tour de France à Pamiers en Ariège

Sac sur le dos et lunettes de soleil posées sur le nez, une de nos journalistes s'est rendue à Pamiers dans l'Ariège, pour vivre le passage de la Grande Boucle aux côtés des habitants de la commune.

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"Traversée de Pamiers par le centre impossible entre 9h et 20h pour cause de Tour de France", prévient un panneau situé sur l’un des derniers ronds-points avant l’entrée de ville. Il est 10h15 quand je débarque dans cette petite commune de l’Ariège aux 15 000 âmes. La caravane, ses sponsors, ses cadeaux ne sont pas prévus avant une heure mais déjà un minot, maillot blanc à pois rouge casquette bleue vissée sur la tête, et sa grand-mère filent vers le centre.


Avant d’en faire de même, je m’accorde une halte dans la première boulangerie que je croise, une question en tête. « Où seront-ils tous pour suivre le Tour ? » « Vous n’êtes plus très loin, la prochaine à droite puis à gauche et vous y serez. Les plus assidus seront déjà là, j’en suis certaine », me glisse la boulangère dans un grand sourire.

 

"Papi prépare-toi à attraper les cadeaux"


En effet, à quelques encablures sous un soleil de plomb, les premiers arrivants se pressent autour des barrières métalliques installées dans les rues pour guider les cyclistes. D’autres cherchent l’ombre et prennent place le long des trottoirs.
 


Assise sur sa chaise, blaguant avec des inconnus, c’est ici que je rencontre Eliane, 58 ans. La toiletteuse pour chiens, qui habite littéralement à deux pas, suit depuis près de 25 ans le Tour.

On est allé partout. Ma fille adorait ça petite, surtout attraper les porte-clés. Je connaissais déjà Saint-Girons donc j’ai décidé de rester là pour profiter avec mon papa », confie-t-elle.


Eliane s’empresse d’immortaliser le moment avec son père Richard et d'envoyer le cliché à sa fille désormais en Belgique. Richard, dont je terrai l’âge (à trois chiffres) comme demandé, a posé le vélo qu’il utilise encore chaque semaine pour se rendre au marché. Il attend patiemment le début des hostilités.

 


Aux côtés de ces habitués, Esteban du haut de ses 4 ans, va lui vivre son premier Tour de France. « Il le regarde avec papi à la télévision mais c’était tout jusqu’à présent », livre sa grand-mère Marie-Claire sous le regard pétillant du grand-père Jacques. Mais de quoi le gamin a-t-il le plus hâte ? « Des stylos, des bonbons, des vélos aussi. Papi prépare-toi à attraper les cadeaux » lance Esteban avec malice. Avant de se tourner vers sa grand-mère pour la 32eme fois et marteler le classique « quand est-ce-qu’ils arrivent ? ».
 
 

Et il n’est pas le seul à s’impatienter. En face, Carla et Lilou, à peine plus âgées, trouvent elles aussi le temps un peu long. Comme Esteban, elles s’impatientent de pouvoir attraper au vol les précieux goodies lancés par les membres de la Caravane. 
  Le maillot jaune, les véhicules des équipes, les 4L parées de rouge et de blanc de Cochonou, entre autres, se succèdent. Perchés sur des sièges ou debout à l'arrière, de jeunes adultes envoient des petits cadeaux à la foule qui les salue en levant les bras. De tous âges, ils se jettent par terre ou attrapent de volée un précieux souvenir. 

Du saucisson, de l’eau, des stylos, des foulards, des madeleines et des bonbons, la pêche a été bonne pour Carla et Lilou. Elles contemplent leur butin et s'attaquent avec gourmandise aux mets comestibles en attendant les premiers coureurs. Il est 12h15. Alors que les filles se régalent, leur grand père Norbert, téléphone à la main, ne loupe rien du déroulé de l'étape. Et lâche la mauvaise nouvelle. "Le peloton est arrêté à cause de fumigènes". Autour de lui, les réactions ne se font pas attendre. "En Ariège, il faut toujours qu'on se distingue," rouspète une spectatrice soutenue par d'autres. "Une année ils avaient même jeté des clous" poursuit-elle. 
 
Une demi-heure plus tard, une flopée d'hélicoptères survolant la zone annonce l'arrivée prochaine des premiers cyclistes. L'allée s'est bien remplie (droite) depuis le passage de la Caravane un peu plus tôt (gauche).
13h20 est synonyme de libération pour la petite troupe. Des cris rythmés par des applaudissements se font entendre. Puis, ils sont là. Aussi rapide que Flèche, le gamin intrépide des Indestructibles, les quelques coureurs de l'échappée foncent sur le bitume. "Un éclair, les voilà déjà repartis", commente Norbert en illustrant la scène d'un mouvement de bras. Un court moment de bonheur après des heures d'attentes. Mais qu'importe. Tous repartent les poches bourrées de cadeaux et des souvenirs plein la tête.
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