Ça ne vous aura pas échappé, pas d’été indien en cette fin septembre et début octobre 2024. Certains se disent que l'hiver commence doucement à s’installer et qu'il est temps de penser chauffage. En Ariège, les commandes et livraisons de bois se succèdent. Reportage.
Dans la cour de la société d'exploitation forestière de Mercus-Garrabet, en Ariège, des tas de morceaux de bois. Des stères de chêne et de hêtre, destinés au chauffage. Et les clients sont déjà là, porte de leur camionnette ouverte, pour faire le plein afin d'affronter l'hiver. "J'habite au hameau de Mouragues, juste à côté de Foix. Je suis venu ici chercher du bois. Je voulais du bois vraiment sec car j'en ai manqué cette année", nous confie Vaughan Bateman tout en chargeant sa cargaison.
"Le hêtre, le chêne, tout le monde en veut"
Aline Moneyn, elle, s'apprête à attaquer sa tournée quotidienne. Chaque jour, de mai à janvier, elle sillonne le département afin de livrer en bois de chauffage une dizaine de foyers. "Là, le froid commence à s'installer tout doucement. En ce moment, on fait entre huit et dix livraisons par jour" dit-elle au volant de son camion. Direction Saint-Jean-de-Verge où Alain Leclerc, un client régulier, a passé commande pour 700 euros de bois.
Ça revient mois cher le bois en complément du chauffage au gaz.
80% des forêts de l'Ariège appartiennent à des propriétaires privés. L’entreprise d'exploitation forestière se fournit en majorité auprès d’eux afin d'assurer les stocks. "Une grosse partie du bois est achetée à l'ONF et sinon, on va en forêt et on achète à des propriétaires privés, essentiellement dans l'Ariège", nous confirme Florence Basaia, responsable commerciale d'Alves Bois. Parfois, la société d'exploitation se rend aussi dans l'Aude ou la Haute-Garonne.
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La demande ? "Nous, ça fait deux, trois ans qu’on a plus de demandes. Après, il faut arriver à trouver du bon bois. Le hêtre, le chêne, ce n’est pas évident à trouver car tout le monde en veut. Des fois, c'est un peu compliqué", reconnaît la responsable commerciale.
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Diversifier la filière de transformation du bois
"Nous, dans nos montagnes, on a encore pas mal de gens qui ont de vieilles maisons avec des inserts cheminée. Ça chauffe très bien. Et le bois, cela revient quand même moins cher par rapport à EDF ou le fuel", estime Florence Basaia qui dit ne pas vraiment craindre la concurrence des pellets de bois. Il y a de la place pour tout le monde sur le marché.
Le bois est la première source d’énergie renouvelable en France. Ce combustible représentait 42% de la production d’énergie verte, loin devant l'hydraulique à 19% en 2020. Et 70% de la production de chaleur renouvelable.
Et en Ariège, l'heure est à la diversification de la filière bois sous l'impulsion de la chambre d’agriculture. "Le bois plaquette pour litière animale, la sortie du bois des forêts avec une remorque forestière et le coupeur fondeur pour une production de bûches de bois de chauffage, énumère Antoine Yunes, conseiller forestier à la chambre d’agriculture de l’Ariège. Le coupeur fendeur produit en moyenne par an entre 2000 et 2500 stères."
Plus de 50% du territoire ariégeois est boisé, ce qui représente environ 250.000 hectares de forêts.