L'incompréhension domine les pensées de Sandrine Orsaz. Malgré des aveux et un dossier d'instruction complété, elle attend toujours une date de procès pour les meurtriers de Christophe et Célia Orsaz. Cinq ans après les faits, à Mirepoix (Ariège) la tristesse a laissé place à la colère.
"On est en colère contre la Justice, nous sommes ses oubliés." Le constat est sans appel.
Sandrine Orsaz se sent délaissée par l'institution judiciaire qui traîne depuis de longs mois pour donner une date au procès. Sur le banc des accusés : Jean-Paul Vidal, meurtrier de son frère Christophe et sa nièce Célia, et Marie-José Montesinos qui aurait fomenté le guet-apens fatal.
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"Nos avocats relancent chacun leur tour le parquet, mais pas de réponse. On leur fait comprendre qu'il n'y a pas de session disponible" regrette Sandrine Orsaz. Un sentiment d'abandon qui transforme la tristesse en colère.
"De la tristesse je suis passée à la colère, la haine"
Sandrine s'indigne : "Les accusés ont avoué, ils sont déjà en prison ! Pourquoi on attend toujours qu'ils soient jugés ?" Elle compare son vécu avec d'autres affaires judiciaires, très médiatisées. "Quand on regarde l'affaire Daval, les faits se sont déroulés un mois avant l'assassinat de mon frère et de ma nièce, et Jonathan Daval a été jugé en 2020 ! Pourquoi on attend toujours ?"
L'enquête s'est en effet étalée sur plusieurs années. Le 30 novembre 2017, Christophe Orsaz disparaissait en compagnie de sa fille Célia. Leurs corps ne seront retrouvés que sept mois plus tard après les aveux de Jean-Paul Vidal en garde-à-vue. Mais il a fallu "attendre neuf mois de plus pour récupérer les corps et les inhumer, en janvier et mars 2019... Puis encore plusieurs mois jusqu'en mai 2021 pour que la Justice ordonne une reconstitution" s'emporte la sœur de Christophe Orsaz.
Le temps est devenu long, trop long pour Sandrine et ses proches. "Ma mère est en EHPAD, elle a 85 ans" soupire-t-elle. "Combien de temps va-t-elle devoir attendre pour enfin connaître le verdict sur le jugement des meurtriers de son fils et sa petite-fille ?" Cela fait maintenant plus d'un an et demi que les parties civiles n'ont pas de nouvelles de la Justice sur une potentielle date de procès.
Double-peine
Ces lenteurs de la Justice résonnent comme une double-peine pour les proches des victimes. "On essaie de se reconstruire mais la Justice est en train de nous mettre un deuxième coup sur la tête. Là on est complètement dans le flou. Il nous faut une date !"
Rien dans l'immédiat, le procès pourrait se tenir potentiellement fin 2023 devant la Cour d'Assises de l'Ariège, soit plus de six ans après les faits. Sandrine Orsaz est inquiète : "Sans procès, les accusés sont toujours présumés innocents... et si la Justice traîne trop, ils pourraient même sortir de prison en attendant leur jugement !"
Mais elle l'assure, elle continuera "de se battre. S'il le faut j'irai même dormir devant le tribunal de Foix jusqu'à ce que j'obtienne une réponse à mes questions". Sandrine Orsaz envisage même d'écrire une lettre à Éric Dupont-Moretti, l'actuel Garde des Sceaux, pour débloquer cette situation.