Pourquoi des lacs de montagne verdissent, la présence d'un poisson pourrait être en cause mais pas seulement

Les lacs de montagne sont ils en danger ? L'étang d'Areau en Ariège est devenu vert, les algues ont proliféré. En cause, des poissons en trop grand nombre, le réchauffement climatique ou bien encore la présence de troupeaux.

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À 1 800 mètres d'altitude, l'étang d'Areau, en Ariège, a pris une étrange couleur verte. Comme d'autres lacs pyrénéens à l'eau habituellement cristalline, il est victime d'un dérèglement. Plusieurs pistes sont avancées. Pour certains chercheurs ce pourrait être lié à la présence d'un poisson introduit par les pêcheurs.

En cause le vairon? 

Des poissons ont été introduits par l'être humain il y a plusieurs siècles en montagne, probablement autour du Moyen-Âge. Il s'agissait alors d'offrir une source de protéines pour les bergers,  puis de façon plus massive, pour approvisionner les hôtels et restaurants des villes thermales. "Quand on voit des poissons dans les lacs de montagne, on voit un écosystème qui est perturbé", explique Adeline Loyau, biologiste et ingénieure de recherche à l'Institut national polytechnique (INP) de Toulouse.

Un poisson est en particulier dans le viseur des scientifiques : le vairon, une espèce de moins de dix centimètres qui vit normalement dans les rivières fraîches et qui est utilisé comme appât vivant ou vif par les pêcheurs.

Lorsqu'il parvient à s'échapper de l'hameçon ou qu'il est relâché par les pêcheurs, il s'acclimate bien, dévorant amphibiens et insectes, ainsi que le zooplancton, "des petits crustacés microscopiques dont le rôle est de manger les algues et de maintenir l'eau très claire, très pure", explique Adeline Loyau. Ainsi lorsqu'un lac devient vert, c'est que les algues ont gagné.

Facteurs multiples

La prolifération des algues n'est toutefois pas uniquement due au vairon. Des débats animent les chercheurs pour savoir à quel point son impact est important. Pour Didier Galop, directeur de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS) spécialiste de l'histoire et de la géographie de l'environnement, "il y a un cocktail de facteurs de perturbation" qui peuvent expliquer le verdissement des lacs. La concentration de troupeaux autour de ces points d'eau ou les températures plus élevées avec le réchauffement climatique peuvent aussi affecter les lacs.
Aux yeux du scientifique, également pêcheur, le verdissement est un phénomène qui reste assez marginal et n'est que l'un des nombreux symptômes de la dégradation de la qualité de l'eau des lacs de montagne. "Il y a aussi des lacs qui sont très bleus, mais qui ont zéro biodiversité", souligne-t-il.

En 2018, le parc national des Pyrénées, a procédé à des pêches dans les lacs pour réguler le nombre de poissons. Mais l'institution a remarqué que des poissons avaient été réintroduits de manière "sauvage" par la suite.

La fédération de pêche des Hautes-Pyrénées rappelle d'ailleurs qu'Il "est interdit d'apporter des poissons vivants pour pêcher dans tous les lacs de montagne des Hautes-Pyrénées, ainsi que dans les cours d'eau du Parc National des Pyrénées, les vairons doivent être pêchés sur place".

Le vairon pose problème reconnaît Sébastien Delmas, président d'une association regroupant les fédérations de pêche des Pyrénées, et souhaite "limiter la pêche au vif en montagne". Mais il estime que d'autres poissons, comme les truites, y ont parfaitement leur place. "Les poissons, c'est aussi de la biodiversité: s'ils sont là depuis des siècles c'est qu'ils y sont bien", soutient-il.

Selon lui, il faudrait aussi regarder du côté du tourisme pour comprendre la mauvaise santé des lacs, car la baignade avec de la crème solaire ou des produits antimoustiques ont également un effet sur l'écosystème. "Sur une journée d'été, il peut y avoir trois ou quatre pêcheurs autour d'un lac, mais 300 baigneurs. Et pourtant on accuse toujours les pêcheurs", regrette-t-il.

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