Presque à sec depuis le mois d'août 2022, le lac de Montbel, en Ariège, traverse une crise historique. L'absence de pluie en plein hiver est de plus en plus inquiétante car la sécheresse et ses conséquences pourraient s'installer dans la durée.
Cet été déjà, le lac de Montbel (Ariège) atteignait un niveau historiquement bas, et l’arrivée de la saison hivernale n’a pas réglé le problème, malgré un remplissage du lac début décembre comme le montre la vidéo ci-dessous :
"Je viens ici depuis dix ans, je n’avais jamais vu le lac à ce niveau", remarque Jean-Marie, pêcheur chevronné et habitué des lieux, depuis sa barque, bien solitaire au milieu de l’étendue d’eau réduite en ce lundi du 26 décembre 2022.
Au-delà de la désertification du paysage, l'absence d'eau risque aussi de poser un problème environnemental. "Les poissons se concentrent là où il y a le plus de profondeur et sont constamment pris et repris par les pêcheurs et les comorans. Et si le niveau ne remonte pas, les poissons ne pourront pas se reproduire correctement", analyse le pêcheur.
Depuis août dernier, le paysage de ce lac artificiel est totalement transformé. Passé d’un remplissage d’environ 60 millions de mètres cubes, le lac est aujourd’hui réduit à 11 millions de mètres cubes et les rives sont complètement asséchées. Une situation qui s’inscrit dans la durée : l’asséchement du lac avait commencé en août dernier, mettant un coup d’arrêt à la saison touristique avec presque un mois d’avance.
Une situation qui dure
Une baisse impressionnante par sa rapidité, due à l’utilisation du lac pour l’irrigation agricole et le soutien d’étiage à trois cours d’eau, l’Hers, l’Ariège et surtout la Garonne, dont le niveau avait considérablement chuté cet été. En pratique, sur la capacité totale du lac, 23 mètres cubes sont dédiés à l’irrigation et 13 mètres cubes à l’alimentation des cours d’eau.
"La situation est préoccupante puisqu’il n’y a pas de pluie prévue prochainement et les réserves de neige sont en train de fondre", souligne Pierre Terpant, maire de Montbel. Mais pour lui, l’inquiétude doit rester mesurée. "On a déjà vu des années où le lac était à 60 ou 70% de sa capacité de remplissage. Dans ces situations, la quantité d’eau relâchée est contrôlée par la Préfecture", ajoute-t-il.
Le véritable problème n’est donc pas l’impressionnant paysage désertique mais plutôt l’absence de visibilité sur la météo des prochaines semaines. "Par temps très pluvieux, le lac peut se remplir d’un million de mètres cubes par jour", précise Pierre Terpant. Si toutefois la pluie s’invite d’ici la fin de l’hiver ou au printemps.
Difficile, donc, d’imaginer à quoi ressemblera la saison estivale pour les saisonniers. "La fréquentation touristique pourrait être touchée", avoue Pierre Terpant, en gardant toutefois espoir que la nature règle le problème avant l’arrivée des beaux jours et l’aboutissement du projet de sécurisation du barrage de Montbel, qui permettrait de réalimenter le lac en cas de baisse importante et dont l’étude est toujours en cours.