Ours des Pyrénées : l'effarouchement remis en cause devant la justice pour six autres estives de l'Ariège

Le tribunal administratif de Toulouse (Haute-Garonne) examine six recours déposés contre les mesures d’effarouchement des ours autorisées par la préfecture de l'Ariège. Les éleveurs sont découragés face à des décisions qui leur sont défavorables.

Depuis lundi 8 août, le tribunal administratif de Toulouse examine six recours déposés par l’association One Voice contre un arrêté de la préfecture de l’Ariège qui autorise les mesures d’effarouchement contre les ours. Ces recours concernent les estives de Taus-Espugues à Arrien-en-Bethmale, l'Izard à Antras, Arréou à Seix, Sentenac-d'Oust, Ourdouas à Sentein et Coumebière à Aulus-les-Bains.

Concrètement, l’association de défense des animaux veut mettre un terme à une pratique qui provoque d’après elle de la souffrance chez les ours. Les tirs d’effarouchement dirigés vers eux sont notamment dans le viseur des militants. Ces derniers estiment qu’ils nuisent à la survie de cette espèce protégée : en repoussant les ours hors de leur territoire, il devient difficile pour eux de trouver de la nourriture.

Arrêté suspendu à Ustou-col-d'Escots

Jeudi 4 août, l’association a obtenu une première victoire auprès du tribunal administratif de Toulouse. L’arrêté autorisant ces mesures d’effarouchements à Ustou-col-d’Escots a été suspendu par la justice. Le juge a estimé notamment que toutes les mesures de protection des troupeaux ne sont pas mises en œuvre actuellement et devraient l’être avant de passer à l’effarouchement. 

Mais pour les bergers pyrénéens, cette décision est difficile à accepter. "C’est un coup de poignard dans le dos, on ne nous écoute plus", estime Jean-Claude, à la tête d’un troupeau d’une centaine de brebis au sein de cette estive. Depuis la fin juin ses bêtes ont été la cible de cinq attaques imputées à l’ours.

Ce sont les bureaucrates qui prennent les décisions, mais ils ne viennent jamais sur le terrain voir exactement ce qu’il en est. Ils ne voient pas nos problèmes. 

Jean-Claude, éleveur à Ustou-col-d'Escots

Le découragement des éleveurs

Découragé, l’éleveur envisage d’arrêter son exploitation : "J’en ai marre de tout ça. S’il faut faire de la place aux ours, tant pis. On verra après s’ils entretiennent la montagne eux."

Ce constat amer, sa voisine Martine le partage. Les deux exploitants regroupent leurs brebis la nuit pour éviter les attaques. Selon l’éleveuse, même si les mesures d’effarouchement n’étaient pas une solution idéale, elles leur offraient tout de même un peu de répit. "Que faire face à ces grosses bestioles ?, s’interroge-t’elle. On ne peut pas lutter contre ces ours."

 Craintes pour leur sécurité

Les deux bergers affirment que les ours ne craignent plus les humains et s’approchent de plus en plus. Martine redoute qu’ils finissent par s’en prendre à elle ou son époux s’ils ne peuvent pas les éloigner.

Je ne veux pas mettre la vie de mon mari en danger. Que l’ours me mange une brebis, je la lui laisse, mais la vie de mon mari c’est trop. 

Martine, éleveuse à Ustou-col-d'Escots

Si les attaques se poursuivent cet été, Martine et son époux ont décidé de quitter la montagne et d'arrêter leur exploitation.

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