Après Findus, la marque, Picard, a annoncé mardi la présence avérée de viande de cheval dans ses lasagnes surgelées, touchée à son tour par un scandale qui fait désormais l'objet d'une enquête préliminaire pour tromperie par le parquet de Paris.
Les analyses demandées par la marque de surgelés sont venues confirmer l'existence d'une fraude d'ampleur passant par le fournisseur français Spanghero et le fabricant Comigel, PME de Metz où la procédure avait été ouverte initialement avant d'être transférée mardi au pôle santé publique du parquet de Paris, compétent pour toutes les affaires concernant l'alimentation humaine.
Des produits vendus en France à base de cheval
Les lasagnes Picard sont les premiers produits vendus en France dans lesquels la présence de cheval est avérée, après les lasagnes Findus distribuées en Angleterre.
Picard, qui avait procédé au retrait préventif de ces produits le 6 février, a aussitôt décidé de suspendre la commercialisation des produits "au boeuf" fabriqués par Comigel (des lasagnes "express" et du chili con carne) et assuré qu'aucun autre de ses produits - qui font figure de haut de gamme dans leur catégorie - n'est concerné.
Elle attend désormais, dit-elle, les conclusions de l'enquête confiée par les pouvoirs publics à la Direction générale de répression des fraudes (DGCCRF), qui devraient être rendues publiques mercredi soir ou jeudi matin.
L'entreprise audoise Spanghero dans la tourmente
Pour le président des industries agroalimentaires (ANIA) Jean-René Buisson, joint mardi soir, ce dernier développement "n'est pas très surprenant" puisque Picard, comme Findus, ont été ravitaillés par le même fabricant, Comigel, lui-même livré par la société Spanghero.
"Spanghero ayant livré Comigel, toutes les entreprises livrées par ce dernier sont susceptibles d'être concernées" par la fraude, a-t-il résumé en rappelant que l'Ania avait demandé à ses adhérents de retirer ces produits de la vente.
Mardi, le groupe de distribution suisse Coop a d'ailleurs annoncé à son tour le retrait des lasagnes fabriquées par Comigel.
"Normalement toutes ces enseignes ont fait pratiquer des analyses qui devraient conduire aux même conclusions", a avancé M. Buisson.
Dans la foulée de Findus, les magasins Auchan, Casino, Carrefour, Système U, Cora et Monoprix avaient retiré des rayons les barquettes de lasagnes, cannellonis ou spaghettis bolognaise, moussaka et hachis parmentier surgelés vendus sous leur marque.
Aucun de ceux contactés mardi par l'AFP ne disposaient encore de résultats d'analyses.
Avant la Suisse, le Royaume-Uni bien sûr et la Suède avaient déjà décidé également de retirer les produits surgelés au boeuf étiquetés Findus.
Comigel, une PME spécialisée dans la fabrication de plats surgelés, estime avoir été "bernée" dans cette affaire: son président Erick Lehagre a bien rappelé qu'il était initialement convaincu d'avoir été livré en viande de boeuf par Spanghero.
Au jeu de la patate chaude, Spanghero SAS, basée à Castelnaudary dans l'Aude, propriété de la coopérative basque Lur Berri, elle-même adossée au géant Unigrains, clame aussi son innocence, la traçabilité de la viande en Europe "n'imposant pas de contrôles ADN".
Or, si Spanghero a reçu des lots en provenance de Roumanie via des intermédiaires spécialisés en viande, l'abattoir roumain qui les a livrés s'est défendu de toute tromperie: "Nous avons vendu du cheval, quelqu'un sur le trajet a changé l'étiquette", a affirmé mardi à l'AFP son directeur, Iulian Cazacut.
Pour Michel-Edouard Leclerc, PDG du groupe du même nom et fin connaisseur des réseaux d'approvisionnement, tout ça relève d'une tromperie", de "pratiques mafieuses" et "de la corruption".
"C'est incroyable que des grands groupes renommés se soient fait refourguer de la camelote" a-t-il dit sur BFM. "Ca donne des arguments à ceux qui disent que nous ferions mieux de faire nos emplettes chez les fournisseurs d'à côté".
Par ailleurs mardi, l'agence de sécurité sanitaire britannique (FSA) a annoncé des perquisitions dans deux usines, en Angleterre et au Pays de Galles, soupçonnées d'avoir fournies de la viande de cheval à des fabricants de hamburgers et de kebabs, et la saisie de nombreux documents administratifs et commerciaux.